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"Des spatules aux fesses": des élèves d'une école hôtelière parisienne dénoncent des faits de harcèlement

De nombreux élèves rapportent des faits de harcèlement moral, physique et sexuel pendant des années. La direction du groupe assure aujourd'hui avoir pris des mesures contre les professeurs accusés.

À l'heure où de nombreuses manifestations ont lieu pour protester contre la réforme des retraites, les étudiants de l'école hôtelière parisienne Vatel sont en grève pour une autre raison. Ils dénoncent des faits de harcèlement moral, physique et sexuel commis par plusieurs professeurs au sein de l'établissement.

Des faits qui ne seraient pas nouveau et dureraient depuis plusieurs années. Ce sont les élèves de 3e année qui ont décidé de prendre la parole, voyant la fin de leur cursus arriver.

"Le nombre de personnes, et notamment des filles, qu'on a récupérées en pleurs parce qu'elles n'en pouvaient plus", racontent deux étudiants rencontrés par BFM Paris-Île-de-France. "Le nombre d'amis qui ont arrêté de venir, parce qu'ils venaient pour la cuisine, et ils n'ont pas eu ce qu'ils voulaient."

"On nous criait dessus tous les jours"

Les élèves rapportent des faits commis principalement lors de cours pratiques de cuisine et de pâtisserie au sein de l'école hôtelière située dans le 17e arrondissement.

"Concrètement, ça va être des spatules aux fesses, des propos inconvenants concernant ce qu'on a fait le week-end même avec notre petite amie, d'un point de vue sexuel", racontent deux étudiants.

"On nous criait dessus tous les jours, on me disait 'Tu n'es qu'une merde'", rapporte une étudiante à l'AFP. "Le matin je pleurais, j'en vomissais le soir tellement j'étais angoissée". Une autre élève raconte que l'un des chefs enseignants lui avait un jour posé "sa casserole brûlante sur la main" et se dit "loin d'être la seule à avoir été ainsi brûlée".

Les élèves masculins rapportent avoir reçu des ustensiles qui leur ont été jeté dessus, et faire l'objet de remarques homophobes. Les filles ont également fait l'objet de remarques déplacées et dénoncent des attouchements, avec parfois la menace de répercussions sur leurs notes si elles prenaient la parole pour dénoncer ces actes.

"Des mesures" contre les professeurs

Aujourd'hui en grève, les étudiants demandent "de la considération" de la part de la direction du groupe Vatel, avec qui ils disent n'avoir jamais échangé sur le sujet. Les professeurs concernés seraient toujours en activité, même si la direction du groupe assure avoir pris des "mesures" à l'encontre des enseignants incriminés.

Selon une enquête du site d'investigation Mediacités, dès 2020, 141 étudiants ont signé une tribune adressée au fondateur de Vatel, Alain Sebban, faisant état de "dysfonctionnements (...) parmi lesquels le "mépris" et le "manque de respect du personnel encadrant", rapporte l'AFP.

Transmise au directeur général de l'école parisienne, son fils Dov Sebban, cette lettre est restée sans réponse. Au début de la grève des étudiants fin mars dernier, Dov Sebban a affirmé dans un courrier adressé aux élèves avoir pour la première fois, en mai 2022, été "alerté par des étudiants accusant deux enseignants de propos et gestes dégradants".

La direction du groupe dénonce également des "faits inacceptables" et annonce ouvrir une cellule psychologique à la rentrée scolaire de septembre 2023.

William Helle avec Laurène Rocheteau et AFP