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"Un grand choc": le rabbin de Rouen réagit après l'incendie de la synagogue

Interrogé par BFMTV, Chmouel Lubecki, rabbin de Rouen, a évoqué un "moment pénible" après l'incendie criminel dans la synagogue. Laura Kalfon, avocate de la synagogue, a quant à elle salué une communauté "courageuse".

"Une grande tristesse". Quelques heures après l'incendie criminel de la synagogue de Rouen ce vendredi 17 mai, lors duquel un homme a été tué par les forces de l'ordre, le rabbin de la commune, Chmouel Lubecki, est revenu sur les faits au micro de BFMTV. Depuis l'édifice religieux, abîmé par les flammes, le rabbin s'est dit "sous le choc".

"On nous a parlé d'une tentative, mais quand on est rentré à l'intérieur on a vu que l'incendie avait pris. C'est une grande tristesse, un moment pénible", a-t-il regretté sur BFMTV.

"Toute la communauté est sur ses gardes"

Interrogé sur les dégâts, Chmouel Lubecki a expliqué avoir "réussi à sauver tous les rouleaux de la Torah". "Je me suis précipité vers eux pour les mettre à l'abri, car ils sont sacrés, plus sentimentalement que financièrement", précise-t-il. Selon lui, l'assaillant, a "essayé de les viser puisque toutes les armoires autour ont été brûlées".

En France, depuis le 7 octobre et l'attaque terroriste du Hamas en Israël, les actes antisémites ont bondi de 1.000% selon le Conseil représentatif des institutions juives en France (Crif). Questionné sur la peur qui traverse la communauté rouennaise, le rabbin répond.

"Toute la communauté juive est sur ses gardes, depuis le 7 octobre et bien avant, on est sur nos gardes. Il faut être vigilant. On est jamais préparé, mais on imagine toutes sortes de scénario, dont celui-là auquel on a déjà pensé", regrette-t-il. Avant d'ajouter: "la théorie c'est une chose, mais quand ça arrive c'est très dur."

Selon Laura Kalfon, avocate de la synagogue, "plusieurs plaintes ont déjà été déposées" par le passé en raison "d'actes antisémites subis au quotidien par des membres de la communauté juive".

L'avocate a salué une communauté "déterminée", "courageuse" et qui "a la tête haute".

Aucune personne blessée

Le suspect a tenté d'incendier la synagogue aux alentours de 6 heures du matin. Prévenus par des témoins, la police s'est rendue sur place. Lorsque l'homme a été repéré, il a foncé sur les forces de l'ordre avec un couteau. Ces derniers l'ont neutralisé. Au moment de son passage à l'acte, personne n'était présent dans la synagogue.

"Ma fille devait quitter la maison ce matin dans les environs de 6 heures, mais par miracle, elle ne s'est pas réveillée", avoue le rabbin, qui vit à proximité du lieu de culte.

C'est son épouse qui a constaté que la fumée émanait des lieux. "Ma femme était réveillée, elle a entendu les coups de feu et elle a vu la fumée. Sur le balcon on a vu que la fumée venait de la synagogue. Elle était choquée", précise Chmouel Lubecki.

Le Shabbat célébré dans l'édifice

Selon le rabbin, la synagogue est protégée par les forces de l'ordre, notamment les soirs du vendredi et matinée du samedi, le Shabbat pour les personnes de confessions juives.

"La police nous prend les horaires du Shabbat pour escorter les personnes qui viennent prier. On a une sécurité grâce à Dieu on est très reconnaissant", félicite Chmouel Lubecki.

Le rabbin a décidé de célébrer Shabbat à la synagogue. "Le message qui est important et que la communauté doit entendre: on ne doit pas baisser les bras, on est France, on doit pouvoir pratiquer notre judaïsme en toute liberté, ce ne sont pas des antisémites qui vont nous anéantir", a martelé le rabbin.

Un rassemblement républicain

En réaction à cet acte, le maire de Rouen (PS), Nicolas Mayer-Rossignol, a tenu un "rassemblement républicain" sur la place de la mairie à 18 heures ce vendredi soir. Une initiative saluée par le rabbin.

"C'est important car ce n'est pas que la communauté qui est touchée, mais l'ensemble de la France", a-t-il évoqué.

"Hier c'était une église, demain ça peut être une mosquée. Il faut que la France comprenne qu'elle doit être solidaire et soutenir la communauté juive dans ce moment difficile", a conclu Chmouel Lubecki.

Martin Regley Journaliste