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Métropole de Rouen: plus de la moitié des habitants se disent mal informés sur les risques industriels

L'usine Lubrizol, à Rouen, le 18 septembre 2020.

L'usine Lubrizol, à Rouen, le 18 septembre 2020. - Lou BENOIST © 2019 AFP

La Métropole de Rouen a mené en 2022 une étude pour connaître le ressenti des habitants concernant les risques industriels, nombreux sur le territoire normand. Une majorité des sondés ont mis en avant le manque d'information concernant les consignes à suivre en cas d'accident industriel.

Les Normands sont-ils bien informés sur les risques industriels? En 2020, la région comptait 58 sites Seveso classés à haut risque, et Rouen est une zone qui comporte plusieurs de ces sites. La Métropole, touchée il y a trois ans par l'incendie de Lubrizol, a mené une étude pour savoir si les habitants se sentaient suffisamment informés sur les risques potentiels liés à ces sites industriels.

Pour une majorité d'entre eux, la réponse est non, a indiqué la Métropole lundi, dans un communiqué rapportant les résultats de cette étude de perception des risques.

57% ne connaissent pas les consignes à suivre

Une majorité des habitants sondés estiment ne pas être suffisamment informés sur les risques industriels majeurs. Parmi les sondés, 57% ont admis ne pas connaître les consignes à suivre en cas d'accident industriel, comme lors du gigantesque incendie de l'usine Lubrizol.

Au-delà du manque d'information déploré par les habitants, ces derniers émettent également une certaine méfiance concernant les informations transmises sur les risques et accidents industriels.

"La suspicion prédomine sur les informations communiquées suite à un incident ou un accident, avec l’entretien de la croyance populaire d’une institution qui dissimulerait la vérité", explique la Métropole.

Ainsi, les habitants sondés lors de cette étude demandent une meilleure communication sur les consignes à suivre en cas d'accident industriel, accompagnée d'exercices pratiques pour les mettre en oeuvre.

Ils demandent également une meilleure transparence concernant les résultats d'études sur les impacts sanitaires et environnementaux de ces sites industriels. Une grande majorité des sondés (84%) se disent même favorables à l'envoi de message d'alerte sur téléphone portable en cas d'accident industriel.

Un dispositif qui existe désormais depuis le mois de juin, au cours duquel le système FR-Alert a été testé dans plusieurs régions.

Des nuisances au quotidien

Si plus de la moitié des habitants se disent mal informés sur les risques industriels, l'étude note tout de même que les inquiétudes liées à ces risques sont moins importantes dans des secteurs séparés des grands sites en question par la Seine.

"L’analyse géographique des réponses confirme l’existence de l’effet 'barrière' de la Seine: la perception des risques est plus faible en rive droite qu’en rive gauche, pour une même distance par rapport aux sites industriels."

En-dehors des informations sur les consignes en cas d'accident industriel, l'étude fait surtout remonter les nuisances subies au quotidien par les habitants à proximité de ces sites. Beaucoup s'agacent de nuisances sonores, de fumées et d'odeurs désagréables liées à l'activité industrielle.

Au-delà du ressenti des habitants, l'étude menée entre les mois d'avril et octobre 2022 a également pour but d'aboutir à la création d'une instance de dialogue avec les riverains. Un "groupe de préfiguration" doit voir le jour en 2023, avec des réunions publiques prévues à Duclair, Grand-Quevilly, Bois-Guillaume et Elbeuf.

La Métropole ouvrira sur son site des inscriptions dès le mois de décembre pour participer à ce groupe de travail.

Comment a été menée cette étude?

L'étude a été menée par la Métropole de Rouen, en partenariat avec l'Institut pour une Culture de Sécurité industrielle, l'Université de Rouen Normandie, ainsi que le sociologue Pierre Lenel.

Elle s'est divisée en deux phases, s'étalant d'avril à octobre 2022. Lors de la première phase, 90 entretiens ont été menés avec des habitants de la métropole, des élus, des associations et industriels.

Un questionnaire en ligne a ensuite été diffusé, et a recueilli 440 réponses. Des constats et conclusions ont été tirés de ces deux phases pour identifier le ressenti des habitants face aux risques industriels.

Laurène Rocheteau