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Le Havre: des perquisitions en cours à la mairie dans le cadre d'une enquête visant notamment Edouard Philippe

Les perquisitions ont débuté ce mercredi 3 avril à la mairie du Havre et au siège de la Communauté urbaine Le Havre Seine Métropole. Elles font suite à l'ouverture d'une enquête par le Parquet national financier.

La mairie du Havre et le siège de la Communauté urbaine Le Havre Seine Métropole ont été perquisitionnés ce mercredi 3 avril, a appris BFMTV de source judiciaire, confirmant une information du Monde.

"Évidemment, moi-même, les élus et l'ensemble des service administratifs de la ville et de la communauté urbaine sommes à la disposition des magistrats et nous avons répondu et nous allons répondre à toutes les questions posées pour démontrer, en toute bonne foi, que nous avons respecté les règles", a indiqué Édouard Philippe ce mercredi en début d'après-midi au micro de BFM Normandie.

Ces perquisitions interviennent dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte en décembre dernier par le parquet national financier (PNF) des chefs de "prise illégale d’intérêts, détournement de fonds publics, favoritisme et harcèlement moral".

Une plainte déposée en septembre

Cette enquête avait été déclenchée après une plainte déposée en septembre par l’ancienne directrice générale adjointe de la communauté urbaine Le Havre Seine Métropole pour une affaire qui remonte à 2020. Cette plainte vise notamment Edouard Philippe mais aussi son adjointe chargée de l’innovation et du numérique et conseillère communautaire de la métropole, Stéphanie de Bazelaire, mais aussi la directrice générale des services, Claire-Sophie Tasias.

C'est la police judiciaire de Rouen qui est chargée des investigations en cosaisine avec l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (Oclciff).

En juillet 2020, Édouard Philippe, président de la communauté urbaine, avait signé avec Stéphanie de Bazelaire, alors présidente bénévole de l'association LH French Tech, une convention d'objectifs pluriannuelle pour l'exploitation et l'animation de la Cité numérique du Havre.

Des juristes avaient alerté sur un conflit d'intérêts

Des juristes de la communauté urbaine avaient émis des recommandations et alerté sur la situation de conflit d'intérêts dans laquelle se trouvait Stéphanie de Bazelaire.

LH French Tech, créée en juillet 2020, avait été désignée pour cette mission après un appel à manifestation d'intérêt lancé par la communauté urbaine en mars 2020 et dans le cadre d'un service d'intérêt économique général (SIEG).

L'association, seule candidate, devait toucher de la communauté urbaine 2,154 millions d'euros de compensation de service public pour mener à bien les projets, rappelait alors Le Monde à cette époque.

"On peut s'interroger sur le choix d'un tel montage juridique quand le président de la communauté urbaine est lui-même conseiller d'Etat rompu aux marchés publics", avait réagi Me Christelle Mazza, avocate de l'ancienne directrice générale adjointe de la communauté urbaine Le Havre Seine Métropole.

Sa cliente avait -toujours dans l'exercice de ses fonctions- signalé dans une note envoyée à Edouard Philippe en 2022 le cumul des fonctions de l'adjointe au numérique et la situation budgétaire de l'association en question. Elle avait également mis en évidence "les sérieux risques juridiques" que cette dernière soit placée en liquidation judiciaire, tant pour la communauté que pour l'association.

Après cette note, la plaignante avait dit avoir subi "des pressions, humiliations et pratiques vexatoires" de sa hiérarchie à la suite de ses révélations.

Elle a depuis retrouvé un poste dans l'administration centrale et avait déposé en mars 2023 un dossier auprès de la Défenseure des droits pour obtenir le statut de lanceuse d'alerte, avait précisé son avocat.

Vincent Vantighem avec Martin Regley