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Ouragan Ian: un phénomène de ce type pourrait-il frapper la France?

Vue depuis l'espace de l'ouragan Ian en Floride, le 28 septembre 2022.

Vue depuis l'espace de l'ouragan Ian en Floride, le 28 septembre 2022. - NASA Earth Observatory - AFP

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Les ouragans ont besoin d'eau chaude pour se renforcer. Jusqu'à présent, l'Europe a été relativement épargnée grâce à la fraicheur de l'océan Atlantique.

Le changement climatique est là. Chaque jour, aux quatre coins du globe, des phénomènes météorologiques de plus en plus violents sont observés. Le dernier en date: l'ouragan Ian en Floride, dont les vents moyens ont soufflé à près de 250km/h et qui a entraîné des pluies torrentielles. Il serait, selon le gouverneur de Floride, "l'un des cinq ouragans les plus puissants à avoir frappé la Floride".

En effet, les phénomènes météorologiques extrêmes tendent à s'intensifier. Les rapports du GIEC le disent depuis presque 10 ans: les cyclones tropicaux de catégorie 4 ou 5 se multiplient en raison du réchauffement de la planète. Une menace préoccupante... mais qui épargne jusqu'à présent l'Europe.  

Toutefois, certains éléments indiquent que le changement climatique affecte la trajectoire de ces ouragans, notamment dans l’ouest du Pacifique Nord. Les scientifiques ont observé une migration des ouragans vers le nord au cours des 30 dernières années. Alors, faut-il craindre la menace d'un ouragan dans nos latitudes avec le réchauffement climatique?

La formation d'un ouragan

Un ouragan ne se forme pas sur terre mais dans l'océan Atlantique Nord et l'océan Pacifique Nord-Est. À noter qu'un cyclone et un typhon représentent exactement le même phénomène, la seule différence est la localisation: on l'appelle "typhon" s'il se situe dans l’océan Pacifique Nord-Ouest et "cyclone " s'il se développe dans l'océan Pacifique Sud et l'océan Indien. 

Pour qu'un phénomène soit qualifié de cyclonique, il doit remplir certaines conditions: la force de ses vents moyens doit être de 119km/h minimum en moyenne sur une minute. À partir de cette vitesse, l'ouragan est classé en catégorie 1 sur l'échelle de Saffir-Simpson. Cette échelle allant de 1 à 5 permet de classer les cyclones tropicaux par rapport à leur intensité, un cyclone de catégorie 5 ayant des vents soufflant à plus de 251 km/h. 

Plusieurs ingrédients doivent être réunis pour permettre à un cyclone de se former.

Dans un premier temps, il faut un amas nuageux créé par une forte humidité et une atmosphère instable. Or un "ouragan/cyclone/typhon est constitué de milliers de cumulonimbus collés les uns aux autres" explique Marion Pirat, prévisionniste à Météo-France. 

La principale condition reste toutefois l'eau chaude:  la température de l'eau de surface de l'océan doit être d'au moins 26°C sur une profondeur d'au moins cinquante mètres. "Cette eau chaude est le carburant, l'élément nécessaire pour maintenir ou développer une zone perturbée", explique Marion Pirat. 

Ensuite, les vents aux alentours doivent être relativement homogènes et réguliers de la surface jusqu'à la troposphère. Sans ça, le système aura tendance à se désorganiser et ne pourra pas être maintenu en vie. La force de Coriolis, engendrée par la rotation de la Terre, doit être aussi suffisamment importante. Comme celle-ci est nulle à l'équateur, un cyclone ne se forme donc jamais dans les régions équatoriales. Ainsi, si toutes ces conditions ne sont pas réunies, il sera impossible à un ouragan de se former. 

Des résidus de cyclone jusqu'en Europe

Il est déjà arrivé par le passé qu'un ouragan se développe et que ses restes arrivent en Europe de l'Ouest.  L'ouragan Ophélia, en 2017 par exemple, s'était formé au large des Açores et avait atteint les côtes irlandaises. Les vents associés avaient soufflés jusqu'à 190km/h en Irlande. En 2018, l'ouragan Leslie, avait atteint les côtes portugaises, apportant des rafales de vent à plus de 170 km/h.

Ce mois-ci, l'ouragan Danielle a lui aussi eu une influence sur notre météo. Née au milieu de l'Atlantique, Danielle s'était affaiblie en se rapprochant de l'Europe, devenant une simple dépression. En s'approchant de notre pays, elle avait fait remonter l'air chaud en provenance d'Afrique jusqu'à la France, faisant grimper les températures.

Des conséquences certes moins "graves" que pour les restes de l'ouragan Ophélia ou Leslie, mais ce qui rendit Danielle remarquable fut son lieu de formation très au nord. Il ne s’agit pas d’une zone "classique" de formation des systèmes cyclonique de l'Atlantique Nord. Moins de 2% des phénomènes météo de ce type y naissent, selon les chiffres du National Hurricane Center (NHC).

Ainsi, même s'ils ont tendance à migrer vers les pôles, ils restent peu nombreux à prendre forme à ces latitudes. Partant de ce constat, la France devrait rester (pour le moment) à l'abri de ces phénomènes tropicaux dévastateurs, ceci en raison notamment du manque d'eau chaude pouvant les alimenter. Reste à savoir si l'océan Atlantique sera assez chaud un jour.

Par Virgilia Hess