BFMTV
Climat

+3,2°C en 2100? Pour éviter ça, les experts du climat alertent: "C'est maintenant ou jamais"

Un ocotillo, surnommé "cactus grimpant", en fleurs à côté d'un ocotillo mort dans le parc d'État du désert d'Anza-Borrego, une réserve naturelle située en Californie. Une plante du désert pourtant menacée par le changement climatique (photo d'illustration)

Un ocotillo, surnommé "cactus grimpant", en fleurs à côté d'un ocotillo mort dans le parc d'État du désert d'Anza-Borrego, une réserve naturelle située en Californie. Une plante du désert pourtant menacée par le changement climatique (photo d'illustration) - Mario Tama/Getty Images North America

Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) publie ce lundi le troisième et dernier volet de son rapport. Pour limiter le réchauffement à 1,5°C d'ici la fin du siècle, il faudrait réduire de près de moitié nos émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030.

"Les cinq prochaines années sont critiques." Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) alerte ce lundi, à l'occasion de la publication du troisième volet de son nouveau rapport d'évaluation - le précédent datait de 2013/2014 - consacré aux solutions pour atténuer le changement climatique. Le fruit de quatre années de travail et de l'évaluation de 18.000 études, réunissant 278 auteurs de 65 pays.

Si le Giec formule des recommandations pour limiter le réchauffement climatique, il se montre cependant alarmiste.

"C'est maintenant ou jamais si nous voulons limiter le réchauffement climatique à 1,5°C", met en garde Jim Skea, coprésident du groupe de travail 3 du Giec, en charge de ce troisième volet. "Sans réductions d'émissions immédiates et profondes dans tous les secteurs, ce sera impossible."

Selon les experts, pour que la température mondiale se stabilise, les émissions de dioxyde de carbone doivent atteindre le zéro net - ce qui signifie aucune nouvelle émission de CO2 à moins qu'elle ne soit absorbée.

Des réductions "immédiates et profondes" nécessaires

Pour limiter le réchauffement à 1,5°C - l'un des objectifs de l'accord de Paris adopté en 2015 - les émissions de gaz à effet de serre (GES) doivent plafonner d'ici trois ans, puis être divisées presque par deux (-43%) à l'horizon 2030, avant d'atteindre le zéro net au début des années 2050. Dans un scénario de limitation du réchauffement à 2°C, il s'agirait de réduire de 20% les émissions mondiales d'ici 2030 pour une neutralité carbone vers 2070.

"Sans immédiates et profondes réductions des émissions dans tous les secteurs, limiter le réchauffement climatique en dessous de 1,5°C est hors d'atteinte", met en garde le Giec.

Les experts évoquent même un réchauffement climatique médian de 3,2°C d'ici 2100 "sans un renforcement des politiques au-delà de celles déjà mises en œuvre". "Le monde n'est pas sur la bonne trajectoire pour éviter les effets les plus graves du changement climatique", regrette Céline Guivarch, directrice de recherche au Cired, le Centre international de recherche sur l'environnement et le développement, interrogée lors d'un point presse organisé par la Fondation européenne pour le climat.

Événements météo extrêmes et hausse des océans

Dans le premier volet de ce rapport, publié en août 2021 et qui portait sur les éléments scientifiques du changement climatique, le Giec décrétait "l'alerte rouge" pour l'humanité. Ses conclusions étaient particulièrement alarmantes: les experts affirmaient ainsi que le réchauffement de la planète devrait atteindre +1,5°C - par rapport à l'ère pré-industrielle - autour de 2030, soit dix ans plus tôt prévu. Ils annoncaient également une augmentation "sans précédent" des événements météo extrêmes.

Les experts du climat assuraient aussi que la hausse des températures devrait se poursuivre pour dépasser le seuil de 1,5°C d'ici 2050 même si le monde réduisait drastiquement ses émissions de GES. Les experts pointaient également des impacts "irréversibles" du réchauffement climatique, comme la hausse du niveau des océans.

Dans le deuxième volet, publié fin février et consacré à l'adaptation et la vulnérabilité, les experts du Giec listaient les impacts potentiels et catastrophiques du réchauffement. Ils évoquaient ainsi une extinction possible de 3 à 14% des espèces terrestres, alertaient sur la situation "très vulnérable" de la moitié de l'humanité et pointaient une "augmentation sensible" des morts prématurées.

Les experts évoquaient même "un point de bascule" avec la fonte des calottes glaciaires du Groenland et de l'ouest de l'Antarctique, contenant suffisamment d'eau pour faire monter les océans de 13 mètres.

https://twitter.com/chussonnois Céline Hussonnois-Alaya Journaliste BFMTV