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Climat

Climat: le réchauffement s'accélère, le Giec décrète l'"alerte rouge" pour l'humanité

Dans un rapport, les experts climat de l'ONU ont listé les conséquences dramatiques su réchauffement climatique sur la planète et appelé les gouvernements à agir vite.

L'avertissement est terrifiant et sans précédent. Dans un rapport présenté ce jour, à moins de trois mois de la conférence climat COP26 à Glasgow, les experts climat de l'ONU (Giec) soulignent que les humains sont "indiscutablement" responsables des dérèglements climatiques et n'ont d'autres choix que de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre, s'ils veulent en limiter les dégâts.

Ce premier rapport d'évaluation depuis sept ans, adopté vendredi par 195 pays, passe en revue cinq scénarios d'émissions de gaz à effet de serre, du plus optimiste à l'hypothèse du pire.

Le document constitue un "avertissement sévère" sur l'impact de l'activité humaine sur la planète, a estimé le gouvernement britannique, exprimant l'espoir qu'il encourage à l'action avant la COP26 prévue en novembre au Royaume-Uni. Pour le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, ce dernier "sonne le glas" des énergies fossiles.

+2°C d'ici la fin du siècle?

Comme premier élément alarmant, le Giec assure que le réchauffement de la planète devrait atteindre +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle autour de 2030, dix ans plus tôt que les dernières estimations datant d'il y a trois ans.

Et la hausse des températures se poursuivrait ensuite pour dépasser ce seuil, une des limites-clés fixée par l'Accord de Paris, d'ici 2050, même si le monde parvenait à réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre, ajoute le rapport du Giec publié lundi.

En réalité, si ces émissions ne sont pas drastiquement réduites, les +2°C seront largement dépassés au cours du siècle. Ce qui signerait l'échec de cet accord et de son objectif de limiter le réchauffement "bien en-deçà" de +2°C, si possible +1,5°C.

Augmentation des catastrophes naturelles

De plus, la planète va subir une augmentation "sans précédent" des événements météo extrêmes comme les canicules ou les pluies diluviennes, même si le monde parvient à limiter le réchauffement à +1,5°C, ont prévenu les experts.

Ces événements seront sans précédent pour l'humanité en terme d'"ampleur, de "fréquence", du moment de l'année où ils frappent ou de la zone géographique touchée, précisent les scientifiques dans un résumé technique, mettant aussi en garde contre des phénomènes extrêmes groupés: canicule plus sécheresse, pluie plus inondation, pouvant provoquer des "impacts importants et sans précédent".

"Si vous pensez que ça, c'est grave, rappelez-vous que ce que nous voyons aujourd'hui n'est que la première salve", commente Kristina Dahl, de l'organisation Union for Concerned Scientists. Encore plus cet été, avec les images de flammes ravageant l'Ouest américain, la Grèce ou la Turquie, des flots submergeant des régions d'Allemagne ou de Chine, ou un thermomètre qui frôle les 50°C au Canada.

Conséquences irréversibles

Certaines conséquences du réchauffement de la planète, notamment la fonte des glaces et la hausse du niveau de la mer, sont désormais "irréversibles pour des siècles ou des millénaires", apprend-on encore dans le rapport du Giec.

Quel que soit le rythme des futures émissions de gaz à effet de serre, le niveau des océans va continuer à augmenter pendant "des siècles, voire des millénaires", notamment sous l'impulsion de la fonte des calottes glaciaires. Ainsi, les auteurs estiment que le niveau de la mer pourrait gagner jusqu'à 1 mètre d'ici 2100.

Pour la première fois, le Giec souligne également "ne pas pouvoir exclure" la survenue des "points de bascule", comme la fonte de la calotte glaciaire de l'Antarctique ou la mort des forêts, qui entraîneraient le système climatique vers un changement dramatique et irrémédiable.

Le CO2 plus absorbé par la nature

La capacité des forêts, des sols et des océans à absorber le CO2 émis par les hommes risque de s'affaiblir avec la poursuite des émissions, menaçant les efforts pour limiter le réchauffement de la planète à des niveaux acceptables, ont mis en garde lundi les experts climat de l'ONU.

Sur les six dernières décennies, ces puits de carbone ont réussi à retirer de l'atmosphère 56% du CO2 émis par les activités humaines, limitant le réchauffement. Mais ils risquent de devenir "moins efficaces" à l'avenir, selon le rapport choc du Giec.

"Il n'y a pas le temps d'attendre et pas de place pour les excuses", a insisté Antonio Guterres, réclamant que la COP soit un "succès", après cette "alerte rouge pour l'humanité" lancée par le Giec.

Au milieu de ses sombres projections, le Giec apporte malgré tout un espoir auquel se raccrocher.

Dans le meilleur scénario, la température pourrait revenir sous le seuil de +1,5°C d'ici la fin du siècle, en coupant drastiquement les émissions et en aborbant plus de CO2 qu'on en émet. Mais les techniques permettant de récupérer le CO2 dans l'atmosphère à large échelle sont toujours à l'état de recherche, note le Giec.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier avec AFP Journaliste BFMTV