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Orages mortels en Corse: Météo-France invoque une situation "extrême" et "difficilement prévisible"

Une femme en train de couper un arbre déraciné par les orages en Corse ce jeudi.

Une femme en train de couper un arbre déraciné par les orages en Corse ce jeudi. - PASCAL POCHARD-CASABIANCA

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Météo-France s'est expliqué sur l'alerte orages qu'elle a sous-estimé en Corse, alors que le phénomène météorologique a fait plusieurs morts et de nombreux blessés ce jeudi.

Après les violents orages qui ont fait plusieurs morts en Corse, Météo-France s'est défendu jeudi de ne pas avoir activé en avance la vigilance orange, concédant avoir été "surpris" par une situation "exceptionnelle", "difficilement prévisible" par ses modèles numériques.

Des rafales à plus de 150 km/h ont surpris la Corse au petit matin, et cinq personnes sont mortes sur l'île, dont deux tués par des chutes d'arbres sur leurs bungalows.

"On a été un peu surpris par les valeurs des rafales"

Dans son bulletin de 6 heures jeudi, l'île était encore en vigilance jaune ("soyez attentif"), Météo-France annonçant "de puissants orages (...) en mer à proximité de la Corse, avec de fortes rafales de vent", qui pourront "très temporairement affecter les côtes ouest et nord".

Ce n'est qu'à 08h35, en observant le décalage de l'orage dans les terres et l'intensité "extrême" des rafales, que les deux départements ont basculé en vigilance orange, signifiant: soyez vigilant.

"On a été un peu surpris par les valeurs des rafales, valeurs tout à fait exceptionnelle qui n'avaient jamais été observées auparavant", avec plus de 200km/h de vent par endroit, a reconnu Christophe Morel, responsable de la permanence prévision, lors d'un point presse.

Certaines simulations produites par "AROME", le modèle maison de Météo-France qui tourne sur un supercalculateur à Toulouse, "laissait suggérer un orage proche de celui qui a été observé", tandis que d'autres simulations "qui paraissaient plus vraisemblables le situaient plus en mer", a expliqué le prévisionniste François Gourand.

"Nous devons entendre les critiques"

"Des systèmes orageux multicellulaires se produisent quand une certaine mayonnaise prend: arriver à prévoir la combinaison de ces éléments, c'est très compliqué", a détaillé François Gourand.

"Des modèles très sophistiqués comme AROME arrivent à les prévoir de mieux en mieux, mais pas toujours", a-t-il ajouté, affirmant que les météorologues sont "très souvent dans ces situations où les modèles ne permettent pas de trancher".

S'il fallait alerter dès qu'un scénario extrême apparaît dans la prévision numérique, "on ferait bien trop de vigilance et le système deviendrait inutile", a déclaré Christophe Morel. "Il y a un équilibre à trouver, alerter suffisamment et ne pas suralerter", a-t-il souligné, estimant que "là, nous n'avions pas assez d'éléments" en avance.

"Nous devons entendre les critiques", a admis Philippe Arbogast, chercheur à Météo-France, tout en réaffirmant que "nous ne devons pas alerter dès qu'une situation extrême apparaît dans les simulations".

Dans le cas de la Corse, "une ligne de grain a commencé à se courber sur elle-même", a décrit François Gourand. "C'est une structure favorable à de très fortes rafales de vents descendantes", un type de rafales "extrêmement rare".

Finalement, l'alerte orange a été levée à 11h16, la Haute-Corse et la Corse-du-sud redescendant en vigilance jaune. Avant d'être relevée à partir de 21 heures au niveau orange, jusqu'à vendredi matin.

Jeanne Bulant avec AFP Journaliste BFMTV