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De la neige à Noël? Un phénomène rare et frappé par le dérèglement climatique

Strasbourg, le 10 février 2021 (photo d'illustration).

Strasbourg, le 10 février 2021 (photo d'illustration). - PATRICK HERTZOG / AFP

La fréquence des Noëls blancs reflète fortement les disparités climatiques du pays. Depuis 1950, s'il y a eu de la neige au sol 15 fois à Nancy à Noël, il faut remonter plus de trente ans en arrière pour se souvenir d'une couche blanche dans le Sud.

Dans l'imaginaire collectif, Noël s'accompagne d'une belle couche de neige au sol. Pourtant, les "Noëls blancs" sont, dans les faits, plutôt rares en plaine dans l'Hexagone. Si le récent froid qui a traversé le pays a pu faire rêver certains d'un réveillon sous les flocons, les météorologistes prévoient un week-end plutôt doux.

Les dernières chutes de neige pour des 24 et 25 décembre remontent à 2020. Avec un Noël plus froid que la normale, le quart nord-est du pays ainsi que les régions autour de Clermont-Ferrand se sont drapés de blanc. Toutefois, les neiges sont restées localement limitées et de faible intensité.

26cm en 2010 à Strasbourg

Pour remonter au véritable dernier Noël blanc sur ces territoires, il faut revenir plus de dix années en arrière, en 2010. "Presque tout le pays hormis un petit quart sud-est, la côte Atlantique et la Corse a vu des flocons le 24 décembre 2010", détaille à BFMTV.com Christine Berne, climatologue chez Météo-France.

C'est sur un grand quart nord-est de la France que les sols étaient particulièrement enneigés cette année-là, de Lille à Paris jusqu'au nord de la région Rhône-Alpes en allant même jusqu'à Limoges. Comme le rappelle Météo-France, l’épaisseur de neige atteignait 26cm à Strasbourg et 15cm à Nancy.

Depuis 1950, la présence de neige au sol à Noël a été observée une dizaine de fois en moyenne du Nord-Est au Massif Central (15 fois à Nancy, 12 à Strasbourg, 8 à Dijon et Clermont-Ferrand, 7 à Lyon).

Des neiges rares dans l'Ouest

Le phénomène est bien plus rare sur la moitié ouest du pays, "surtout sur le littoral", précise Christine Berne. Depuis 1950, Météo-France retient deux à quatre occurrences seulement dans l'intérieur des terres (4 à Rouen et Poitiers, 3 à Paris et Caen, 2 à Limoges, Angers et Toulouse).

Les dernières chutes de neige notables sur ces régions remontent à Noël 1996 avec jusqu'à 12cm relevés à Angers et 7cm au Mans.

Sur la côte, la neige se fait encore plus rare avec seulement deux Noëls blancs recensés. "Même au nord, comme à Nantes ou à Saint-Nazaire, les chutes de neige sont très exceptionnelles", explique Christine Berne.

Pas de Noël blanc depuis 30 ans au Sud

Sur les régions au climat méditerranéen, la neige à Noël reste naturellement rare. "Des chutes de Noël le 24 ou 25 décembre dans le Sud-Est remontent à une trentaine d'années", poursuit la climatologue.

"Des flocons ont été enregistrés en 1993 à Nîmes et en 1986 à Marseille", rappelle Christine Berne.

En 1962, le sud de l'Hexagone avait connu un Noël polaire. "Une grande partie du pays est paralysée par le gel et la neige: Bordeaux, Toulouse, Clermont-Ferrand...", se souvient Météo-France. Plus inédit encore, le 24 décembre, la ville de Marseille s'est réveillée sous 32cm de neige, 20cm à Perpignan et 10cm à Carcassonne, écrit la Chaîne météo.

Le dérèglement climatique en cause

"Les chutes de neige importantes en France n'ont pas forcément lieu en décembre, mais plutôt janvier", affirme Christine Berne, ce qui explique la rareté des Noëls drapés de blanc. Toutefois, la climatologue souligne l'impact du dérèglement climatique sur les chutes de neige en décembre. "Ça devient extrêmement rare", déplore-t-elle.

"On pense aux jeunes générations qui ne verront de la neige qu'au sommet des montagnes", complète-t-elle.

"Par exemple, en moyenne montagne (1500m d'altitude, ndlr), il y a aujourd'hui un mois de neige en moins qu'en 1980", détaille Christine Berne. "Ça évolue assez vite et ça fait craindre des saisons hivernales sans neige, d'autant plus aux vacances de Noël".

Cette année, les 24 et 25 décembre seront doux. "L'année la plus chaude jamais enregistrée se finit sans Noël blanc, avec des températures 4°C au-dessus des normales, c'est assez cohérent finalement", conclut la climatologue.

Salomé Robles