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Fin du monde : Bugarach et ses commerçants bouillonnent...

Bugarach dans l'Aude, un village épargné par la fin du monde

Bugarach dans l'Aude, un village épargné par la fin du monde - -

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...mais ce ne sont pas les illuminés qui occupent la ville. Journalistes et gendarmes représentent la majorité des nouveaux venus au village dont les habitants attendent avec impatience la fin du "grand n'importe quoi".

Si la rumeur a fait de Bugarach, 220 âmes en temps normal, un lieu magique épargné par l'éventuelle fin du monde prévue pour vendredi, ce n'est pas exactement un hasard.

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Dans la région, légendes et phénomènes inexpliqués se mélangent depuis des décennies. Et ici, même une blague peut donner naissance aux theories les plus fantasques.

Mais depuis quelques jours locaux, journalistes et gendarmes tentent de cohabiter, car, pour l'heure, l'afflux d'illuminés ou de curieux redouté par les autorités se fait toujours attendre dans le minuscule village de l'Aude.

"L'effet de 10.000 orgasmes d'un coup"

Les habitants restent terrés chez eux. Et les ruelles de Bugarach sont parcourus par des équipes de reporters errants qui, sous un ciel bas et lourd, traquent un gibier rare: le mystique.

Pour peu qu'un individu au front haut, à la chevelure frisotante et au pull rayé rouge et jaune se montre, c'est la curée médiatique.

Véritable inspiré ou imposteur malin, on ne se montre pas regardant sur les lettres de créances ésotériques quand la proie est presque trop belle pour être vraie.

Et Sylvain Urif, "Oriana" de son "nom cosmique", venu de la vallée voisine, peut livrer à la presse mondiale ravie le "véritable sens de l'apocalypse". Le 21 décembre, "ça ne signifiera pas le cataclysme mais la révélation", une sorte "d'alchimie interne" qui donnera à chacun "amour et compassion". Lui-même a déjà connu le processus: "c'est une lumière dorée qui fait l'effet de 10.000 orgasmes d'un coup".

Impatience et commerce

Le dispositif policier mis en place ne facilite pas la quête d'information. Une équipe de télévision asiatique qui s'enhardit à vouloir filmer un vieil homme se voit menacée de sa canne.

"C'est du grand n'importe quoi", consent à commenter une habitante. Un autre, stoïque, confie que "c'est toujours la fin du monde pour quelqu'un". Le maire Jean-Pierre Delord, acculé contre la porte de la mairie par une meute de caméras, s'énerve contre les médias qui "ont tout monté en épingle".

D'après les gendarmes, la non-fin du monde à Bugarach a suscité un engouement médiatique de grand match de foot: 244 journalistes se sont accrédités auprès des autorités.

Environ 150 gendarmes et pompiers sont mobilisés pour assurer le dispositif. Eux aussi seraient sauvés si la fin du monde survenait vendredi.

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Bugarach et son pic, point culminant du massif des Corbières avec ses 1.231 mètres, seraient en effet l'un des endroits du globe où il faut être si l'on ne veut pas disparaître avec le reste de l'humanité le 21 décembre. C'est en tout cas ce que prophétisent des tenants du cataclysme.

Les habitants, eux, attendent avec impatience la fin de la fin du monde et le départ des curieux. D'autres en profitent quand même pour faire des affaires et vendre aux journalistes des cafés à 2,50 euros.

S.A. avec AFP I Julia Delage et Francis Simoes (vidéo)