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Canicule: pourquoi les normales de saison sont amenées à évoluer avec le réchauffement climatique

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Le pic de l'épisode de chaleur en cours est attendu pour mardi ou mercredi en France, alors que le thermomètre devrait atteindre localement les 40°C sur les régions méditerranéennes.

Des villes européennes écrasées par une vague de chaleur. Plus de 44°C en Grèce vendredi dernier et dans les provinces de Cordoue et Jaen ce lundi après-midi, sept départements français en vigilance orange pour canicule... Et des records de températures sont attendus pour les jours qui viennent dans plusieurs villes d'Europe.

"D'ici 2050, on estime que plus de la moitié européenne - plus de 200 millions de personnes - seront tous les étés soumis à ce type de canicule", a alerté Gaël Musquet sur notre antenne ce lundi.

"On n'est pas surpris sur le fait que ça se produise. En revanche, sur l'intensité de ces chaleurs, leurs durées, ce sont des phénomènes qui malheureusement aujourd'hui demandent des mesures publiques", décrypte encore le météorologue sur BFMTV, "on a une accélération sur la température de l'eau mais aussi sur les continents. Ces normales vont évoluer et il va falloir s'adapter tout en essayant d'atténuer les causes de cette accélération".

Des références climatiques mises à jour tous les 10 ans

Une situation exceptionnelle ou la conséquence directe du changement climatique? "Un peu les deux", répond le climatologue Alain Mazaud ce lundi sur BFMTV, "avec le réchauffement climatique, ces vagues de chaleur seront plus nombreuses et plus fortes".

La multiplication de ces vagues de chaleur vont donc venir jouer un rôle dans le calcul des normales de saison. Mais qu'entendre par normales de saison? Selon Météo-France, les "normales" servent à représenter le climat d'une période donnée. Calculées sur 30 ans, elles sont mises à jour toutes les décennies. La dernière mise à jour des normale remonte à juin 2022 et se base sur la période 1991-2020. Elles établissent une augmentation d'1,7°C concernant la température moyenne en France par rapport à 1900.

Loïc Rivières, journaliste météo de BFMTV, souligne l'importance de cette valeur qui est "une référence pour analyser tous les événements climatiques".

"La moyenne nationale sur le pays était de 11,82°C de 1961 à 1990", souligne le journaliste météo sur notre antenne. "Strasbourg a actuellement le climat de Lyon dans les années 70, Lille celui de Rennes il y a une cinquantaine d'années, la chaleur de Bordeaux est montée jusqu'au Mans, celle d'Agen jusqu'à Châteauroux", énumère Loïc Rivières, "on a de plus en plus de fortes chaleurs au Sud et de moins en moins de gelées au Nord".

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François Pitrel, journaliste environnement de BFMTV, souligne que le dépassement régulier des températures moyennes au cours de ces 30 dernières années explique le relèvement des normales de saison effectué l'année dernière par Météo-France.

"Ce n'est pas un été anormal, on est dans la normalité désormais des étés chauds, les vagues de chaleur seront deux à trois fois plus fréquentes qu'avant parce qu'on émet trop de gaz à effet de serre, trop de pétrole, trop de charbon, si on veut rester à ce niveau-là il faut maintenant utiliser drastiquement ces utilisations".

Des normales en hausse depuis 1961

La tendance étant à la hausse pour les normales de saison ces dernières décennies, celles-ci ne sont donc pas à relativiser puisqu'elles témoignent du réchauffement climatique. La semaine dernière, le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a été critiqué après avoir évoqué "des températures qui sont assez normales pour un été, au fond". Des propos qui n'ont pas plu à la communauté scientifique. "Le mois de juin a été 2,6°C au-dessus des normales, le deuxième mois de juin le plus chaud après 2003", lui a répondu sur Twitter la paléoclimatologue et coprésidente du Giec Valérie Masson-Delmotte.

"Depuis le 1er juin, la température moyenne en France a été sous les normales pendant quatre jours seulement, a souligné de son côté l'agroclimatologue Serge Zaka. "Le ministre "a-t-il seulement conscience de ces chiffres? Comment peut-on affirmer de telles bêtises?".

Le climatologue de Météo-France Matthieu Sorel soulignait néanmoins en 2022 dans Le Monde que "les différences entre les nouvelles normales climatiques et les anciennes ne peuvent pas être entièrement attribuées au changement climatique". Le réchauffement climatique n'en porte donc pas l'entière responsabilité, mais il en porte une tout de même.

Pour éviter de prolonger cette tendance à la hausse des normales, le météorologue Gaël Musquet appelle à "verdir qu'on aménage les territoires pour atténuer les effets des canicules et que l'on puisse adapter les infrastructures électriques et aussi d'accès à l'eau, que les agriculteurs puissent disposer de dispositifs permettant de passer ces étés".

Hugues Garnier Journaliste BFMTV