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35°C en France au mois de mai: pourquoi cet épisode de chaleur est exceptionnel

Des enfants se rafraîchissent dans une fontaine pendant une vague de chaleur, le 18 mai 2022 à Lyon

Des enfants se rafraîchissent dans une fontaine pendant une vague de chaleur, le 18 mai 2022 à Lyon - OLIVIER CHASSIGNOLE © 2019 AFP

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Les températures, douces depuis le début du mois du mai, ont atteint des records ce mercredi, dans le Sud de la France. Ce pic de chaleur, inhabituel pour la saison, va probablement faire de ce mois de mai le plus chaud jamais enregistré dans le pays. Un épisode de chaleur lié au réchauffement climatique, et amené à se répéter.

Au Cap-Ferret, à Montélimar ou à Toulouse, des records de températures ont été battus ce mercredi. Il a notamment fait 35°C dans la ville de Gironde, une valeur inégalée depuis 2002. Les températures, douces depuis le début du mois de mai, ont largement dépassé les moyennes de saison depuis plusieurs jours. Dans la plupart des régions de France cette semaine, le mercure a dépassé les 28°C. Même en Bretagne, l'île de Bréhat a égalé son record datant du 31 mai 1992, avec 27,8°C.

Un record de durée

Cet épisode de forte chaleur est inhabituel pour la saison. Depuis le 11 avril, et jusqu'à mardi prochain - date à laquelle le mercure devrait redescendre -, les températures enregistrées en France étaient au-dessus des normales de saison, rapporte Météo-France, dans un bulletin publié ce mercredi. Cette période de 38 jours consécutifs au-dessus de la normale - soit la période de référence entre 1981 et 2010 - devrait constituer un record de durée, le précédent datant d'il y a seulement deux ans.

Cet épisode est donc "exceptionnel par sa précocité, sa durabilité et son étendue géographique", détaille Météo-France, ajoutant qu'"il est maintenant fort probable" que mai 2022 devienne le mois de mai le plus chaud jamais enregistré en France, battant le record de mai 2011.

"Depuis le début du mois de mai, la température sur l'ensemble de la France est de 3,1°C au-dessus de la normale", explique Laurent Romejko, présentateur de "Météo à la carte" sur France 3, invité sur le plateau de BFMTV ce mercredi.

"Ça risque d'être le mois le plus chaud de tous les temps (...) On a les trois paramètres: la précocité, ça arrive très tôt dans la saison; l'intensité, et la durée, ça s'étire sur de nombreux jours", précise-t-il.

Dôme, vague ou épisode de chaleur?

D'où viennent ces températures exceptionnelles? Actuellement, une "dépression située au large de l'Irlande" permet à une masse d'"air chaud en provenance du Maghreb" de remonter sur la France, comme l'explique Météo-France.

Actuellement, la France traverse donc un "épisode" de forte chaleur, et non une vague. Pour pouvoir parler d'une vague de chaleur, il faut que l'indicateur thermique national, soit la moyenne des températures relevées en 30 points répartis sur tout le territoire métropolitain, dépasse les 25,3°C pendant trois jours consécutifs, ce qui ne sera pas le cas.

La notion de "dôme de chaleur", quant à elle, désigne un phénomène qui se manifeste lorsqu'un anticyclone stagne au-dessus d'un territoire, entraînant avec lui la paralysie d'importantes masses d'air, compressant l'air et maintenant la chaleur.

Conséquence de cet épisode de chaleur, "les températures vont rester élevées pour la saison jusqu'à vendredi au moins", rapporte Météo-France. "Un rafraîchissement relatif est attendu dès samedi" dans le Nord. Mais dans le Sud, "le temps devrait rester particulièrement chaud pour la saison, au moins jusqu'à dimanche, voire lundi".

Des phénomènes extrêmes, appelés à se répéter

Si la masse d'air chaude remontant du Maghreb explique la chaleur, ce phénomène s'inscrit évidemment dans un contexte plus large de réchauffement climatique. "Il y a une hausse des températures sur la zone inter-tropicale (...) ces températures chaudes, qui augmentent dans cette zone du globe, arrivent chez nous. Tout cela se fait dans un contexte de réchauffement climatique. Ce qui est exceptionnel aujourd'hui devient finalement très courant", explique ainsi Laurent Romejko.

Ces périodes de chaleur exceptionnelles sont donc amenées à se répéter, à "devenir plus fréquentes" et "à s’installer plus précocement au cours du printemps qu’avant", rappelle l'institut météorologique français.

Et dans une grande partie du monde, les phénomènes métérologiques extrêmes sont déjà réguliers. Depuis avril, une canicule extrême étouffe l'Inde et le Pakistan, avec des températures dépassant les 50°C localement. D'après les conclusions d'une étude scientifique rédigée par des chercheurs affiliés à l'Imperial College de Londres, qui conforte celles du Giec, cette canicule, liée à l'activité humaine, est non seulement appelée à se répéter plus fréquemment mais menace d'autres régions du monde.

"La vague de chaleur en cours en Inde a encore été renforcée par le changement climatique résultant d'activités humaines telles que la combustion du charbon et d'autres énergies fossiles", explique l'étude, qui avance: "c'est dorénavant le cas pour toutes les vagues de chaleur, partout dans le monde".

Toujours selon cette étude, des pays d'Amérique latine, comme l'Agentine ou le Paraguay, sont également concernés par ces phénomènes de chaleur extrêmes, ainsi que la Chine. Des records de températures ont encore été atteints à Chypre et en Turquie depuis le début de l'année.

Fanny Rocher