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Canicule extrême en Inde et au Pakistan: pourquoi le phénomène risque de se reproduire ailleurs

Habitants du Kashmir s'abritant de la chaleur à Srinagar.

Habitants du Kashmir s'abritant de la chaleur à Srinagar. - Tauseef Mustafa

Températures avoisinant les 50°C, taux d'humidité grimpant en flèche: l'Inde et le Pakistan subissent actuellement une canicule extrême. D'après une étude scientifique que BFMTV.com a pu consulter ce mercredi et rédigée par des scientifiques britanniques, ce phénomène est non seulement lié au réchauffement climatique entraîné par l'activité humaine mais il est appelé à se renforcer. D'autres régions du monde sont concernées.

Une canicule écrase actuellement l'Inde et le Pakistan. Les températures dépassent les normales du sous-continent depuis deux mois maintenant, mais, depuis mardi, c'est une vague de chaleur d'une toute autre ampleur qui s'est levée. On a ainsi évalué l'atmosphère de la localité pakistanaise de Dadu à 47°C, tandis que la ville indienne de Barmer souffrait sous 45,1°C. Et la tendance doit encore empirer d'ici la fin de semaine d'après les prévisions locales, la formation d'un dôme de chaleur menaçant de pousser la fièvre jusqu'à 50°C.

Une étude scientifique rédigée par des chercheurs affiliés à l'Imperial College de Londres, et que BFMTV.com a pu lire ce mercredi, confirme le lien entre cette vague de chaleur en cours en Inde et au Pakistan et le réchauffement climatique entraîné par l'activité humaine. Le document observe que le phénomène est appelé non seulement à se répéter plus fréquemment mais qu'il menace de surcroît d'autres régions du monde.

D'une fois tous les 50 ans, à une fois tous les quatre ans

Associer une canicule comme celle qu'endurent Indiens et pakistanais ces jours-ci au dérèglement climatique n'a plus rien pour nous étonner. Ce rapprochement est même devenu un réflexe en pareil cas. Mais l'étude dirigée par les docteurs Friederike Otto et Mariam Zacariah de l'Imperial College de Londres a le mérite de lever entièrement le doute.

"La vague de chaleur en cours en Inde a encore été renforcée par le changement climatique résultant d'activités humaines telles que la combustion du charbon et d'autres énergies fossiles", établit le premier qui avance même: "C'est dorénavant le cas pour toutes les vagues de chaleur, partout dans le monde".

"Le changement climatique a accru la probabilité des températures élevées qu'on a constatées en Inde. Avant que les activités humaines provoquent la hausse des températures dans le monde, nous aurions observé une vague de chaleur telle que celle qui a frappé l'Inde une fois tous les cinquante ans. Mais à présent, cet événement est plus fréquent", écrit quant à elle sa consoeur. Celle-ci complète: "Maintenant, on peut s'attendre à telles températures environ une fois tous les quatre ans".

L'Amérique du sud également menacée

Des températures qui peuvent se révéler d'autant plus nocives quand elles sont redoublées par d'autres facteurs délétères. Pour en revenir à l'exemple indo-pakistanais par exemple, le taux d'humidité y est déjà très élevé, avant même le déclenchement de la mousson. Or, un niveau d'humidité trop conséquent ne laisse pas au corps l'opportunité de transpirer correctement, et donc de refroidir.

L'un des spécialistes cités par l'étude, Dileep Mavalankar, directeur de l'Institut indien de Santé publique du Gandhinagar, appelle donc à renforcer les mesures sanitaires pour limiter le drame humain. "C'est un avertissement de ce qui nous attend en mai et juin. En décidant d'actions efficaces dès maintenant, nous pouvons encore empêcher de nombreuses morts", plaide-t-il, sans plus de précision.

Le système scolaire du Bengale occidental - province orientale de l'Inde - montre cependant l'exemple: il a recommandé à ses établissements de restreindre leurs cours à la matinée, voire à privilégier l'enseignement à distance, et de s'approvisionner en sels de réhydratation.

Enfin, l'étude produite par l'Imperial College de Londres cible d'autres zones manifestant les symptômes d'une vulnérabilité à ces canicules causées par le changement climatique. Elle remarque ainsi que l'Argentine et le Paraguay suffoquent déjà. On attendait d'ailleurs 40°C au Paraguay ce mercredi. On observe aussi une vague de chaleur importante en Chine, jaugée localement à 38°C. Enfin, on a déjà recensé 36°C à Chypre et en Turquie, des températures moins impressionnantes qu'en Inde et au Pakistan mais situées à des niveaux très inhabituels pour la saison, selon les chercheurs.

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV