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Une mesure "pas tenable": des députés insoumis demandent la suspension de la ZFE à Marseille

Quatre élus insoumis des Bouches-du-Rhône dénoncent dans une lettre ouverte une mesure qui touche les ménages les plus modestes.

Ils dénoncent une mesure "pas acceptable". Quatre députés de LFI des Bouches-du-Rhône ont interpellé la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassale dans une lettre ouverte mardi. Manuel Bompard, Marina Mesure, Sébastien Delogu et Hendrik Davi demandent la suspension de la ZFE (Zone à faibles émissions) de Marseille.

"Je ne suis pas opposé au principe des ZFE, tient à préciser Manuel Bompard au micro de BFM Marseille Provence ce mercredi soir. Je ne demande pas l'abandon ferme et définitif de toute ZFE. La proposition que nous avons formulée, c'est une suspension de la mise en place de cette zone tant qu'un certain nombre de conditions ne sont pas réunies", continue le député.

Une mesure "pas tenable"

Car si les élus saluent une intention "louable", à savoir protéger la santé des Marseillais, ils regrettent la méthode utilisée par la métropole et le coût pour les ménages les plus modestes.

"Il y a un certain nombre de personnes qui sont impactées par cette interdiction de circuler et qui n'ont tout simplement pas les moyens pour changer de véhicule et pouvoir se déplacer en respectant cette règle", affirme Manuel Bompard.

L'élu craint que "dans de telles conditions, sans véritables alternatives en matière de développement des transports en commun", la mise en place de la ZFE entraîne des "difficultés sociales et l'incapacité de se déplacer". "Ça ne me paraît tout simplement pas tenable", continue-t-il.

Dans leur lettre ouverte, les élus LFI affirment que "la métropole Aix-Marseille est la seule parmi les 10 autres appliquant une ZFE à ne proposer quasiment aucune aide" pour aider les particuliers à changer de véhicule.

Ils pointent également du doigt le fait qu'il soit "très difficile" de se déplacer sans voiture dans la cité phocéenne, "sous-dotée en transports en commun", mais aussi le fait que de "30 à 40%" de la pollution de l'air de Marseille soit due au transport maritime.

"Il est inadmissible que les Marseillais.e.s doivent payer pour les bateaux de croisière, l'absence d'infrastructures de transports et l'incompétence de la métropole", écrivent les élus LFI.

La métropole se défend

La métropole Aix-Marseille-Provence a répondu aux élus ce mercredi, et s'est dit "surpris de ce soudain intérêt des parlementaires d'extrême gauche pour notre territoire à ce sujet".

"C'est faux", répond du tac au tac Manuel Bompard au micro de BFM Marseille Provence, affirmant que les députés ont participé à des rendez-vous sur la question, sont allés à la rencontre de la population et ont même voulu rencontrer les services de la métropole, une invitation restée sans réponse, selon lui.

"Ce n'est pas un combat politicien. On pose une question, on pose une difficulté (...) La métropole ferait mieux de l'entendre et de proposer des solutions plutôt que de dire 'circulez, il n'y a rien à voir'", rétorque-t-il.

Dans son communiqué, la métropole rappelle également que "la ZFE est une obligation légale. Elle fait suite aux condamnations de la France par l'UE en raison du dépassement de seuil de polluants".

Concernant les aides octroyées, elle souhaite faire de la zone un "levier pour le report modal, c'est-à-dire l'utilisation des transports en commun et du vélo, d'où la nature des aides proposées (...) Nous sommes naturellement ouverts à d'autres aides que les parlementaires souhaiteraient porter au niveau de l'Etat", termine la métropole.

Mise en place en septembre 2022

La ZFE de Marseille a été mise en place en septembre 2022 par la métropole Aix-Marseille-Provence avec le soutien de la ville. Pour le moment, seules les voitures Crit'Air 5 ne peuvent plus rouler dans une partie du centre-ville, une interdiction qui doit s'étendre à celles Crit'Air 4 à partir de septembre.

Ce n'est pas la première fois que des députés insoumis dénoncent les inégalités engendrées par la mise en place de ZFE. Des militants varois s'opposent également à la mise en place de celle de Toulon, prévue pour le mois d'avril. Regrettant une mesure "injuste", ils ont demandé la suspension du projet afin de retravailler sur le modèle à mettre en place.

Marine Langlois