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Marseille: trente ans de prison requis contre une figure supposée du narcobanditisme

Trente ans de réclusion criminelle ont été requis vendredi contre Christopher Aouni, 37 ans, figure supposée du narcobanditisme marseillais, jugé pour le meurtre d'un homme de 30 ans (photo d'illustration).

Trente ans de réclusion criminelle ont été requis vendredi contre Christopher Aouni, 37 ans, figure supposée du narcobanditisme marseillais, jugé pour le meurtre d'un homme de 30 ans (photo d'illustration). - AFP - Philippe Huguen

Christopher Aouni, 37 ans, figure supposée du narcobanditisme marseillais, pourrait être condamné jusqu'à 30 ans de prison pour le meurtre d'un homme de 30 ans. Le verdict sera prononcé samedi.

Trente ans de réclusion criminelle, avec une période de sûreté de 20 ans, ont été requis vendredi contre Christopher Aouni, 37 ans, figure supposée du narcobanditisme marseillais, jugé pour le meurtre d'un homme de 30 ans, tué pendant une partie de cartes.

Les débats ont été interrompus en fin d'après-midi après les plaidoiries de la défense qui a dénoncé un dossier "vide". Elles reprendront samedi matin pour donner la parole aux accusés avant les délibérations et un verdict attendu dans la journée.

Saci Labidi a été tué de deux tirs de Kalachnikov à bout portant le 24 mars 2018, dans le local associatif de la cité Consolat, dans les quartiers populaires du nord de Marseille, gangrénés par les trafics de stupéfiants.

Un assassinat en règle, selon l'avocat général Christophe Raffin, qui a demandé aux jurés de la cour d'assises d'Aix-en-Provence de retenir la préméditation. Les auteurs ont en effet pris soin, quelques jours plus tôt, de coller un sticker de l'OM sur la porte arrière du local afin de l'identifier, lors de repérages.

Possession d'un téléphone crypté

Si l'accusé conteste être l'auteur de cette exécution, des éléments de téléphonie le placeraient sur les lieux à l'heure du meurtre. L'enquête a établi qu'un téléphone crypté de type PGP ("Pretty good privacy", très protégé) avait été utilisé par les auteurs, téléphone dont le trajet a ensuite été géolocalisé jusqu'au lieu de l'incendie du véhicule du commando, à Vitrolles, quelques minutes après les faits.

Or, pour l'accusation, Christopher Aouni était bien le détenteur de ce PGP, ce téléphone déclenchant dans les heures précédant le meurtre les mêmes cellules relais que son véhicule équipé d'un boîtier télématique.

"On le suit à la trace", a insisté l'avocat général.

Durant les débats, Christopher Aouni a martelé que ce PGP était en possession d'un de ses amis, Hichem Menadjlia, qui l'aurait reçu des mains d'un trafiquant surnommé "Zébu". Dans une démarche "jamais vue" selon les policiers, le premier s'était présenté dans les jours suivant l'interpellation de Christopher Aouni, pour revendiquer la propriété du PGP.

Depuis, Hichem et "Zébu" ont eux aussi été tués, dans ce qui apparaît être une guerre intestine au sein de la bande dite "de Marignane", une des principales équipes du narcobanditisme local, selon la police judiciaire. En dépit de multiples témoignages et de son implication dans d'autres dossiers avec des membres de ce clan, Christopher Aouni nie en avoir fait partie.  

"Dans des dossiers comme cela, c'est récurrent, les morts ont tous les torts", a ironisé Me Fabien Perez, avocat des proches de Saci Labidi.

La défense dénonce "un dossier vide"

Selon l'avocat général, la victime, un carrossier très implanté dans la vie sociale du quartier, se serait opposée à l'implantation d'un second point de vente de stupéfiants à Consolat. Il aurait même chassé des dealers. Or l'équipe de Marignane multipliait les opérations à l'époque pour s'installer ou reprendre des réseaux dans les cités marseillaises.

Au cours des dernières années, 45% des règlements de comptes perpétrés en France en lien avec les trafics de drogue l'ont été dans les Bouches-du-Rhône et un tiers à Marseille, a souligné l'avocat général.

Au cours du premier semestre 2023, la cour d'assises des Bouches-du-Rhône sera amenée à juger huit dossiers de règlements de comptes, a-t-il indiqué.

La défense a plaidé l'acquittement, dénonçant "un dossier vide qui donne l'impression d'être imparable". Les avocats Karim Bouguessa et Amar Bouaou ont notamment estimé que les enquêteurs avaient trop hâtivement écarté la piste de la bande de Marignane, en guerre contre l’accusé depuis la scission de l'équipe en février 2018. 

Déconstruisant le fastidieux travail sur la téléphonie réalisé par les enquêteurs, Me Bouguessa a estimé qu’on ne pouvait pas formellement attribuer à Christopher Aouni le téléphone utilisé par les tueurs.

L.B. avec AFP