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Marseille: des magistrats décrivent une "narcoville" qui est "gangrenée par le trafic de drogue"

Quatre magistrats marseillais, interrogés ce jeudi 7 mars devant la commission sénatoriale sur le narcotrafic, ont décrit la cité phocéenne comme une "narcoville".

Marseille serait-elle devenue une "narcoville"? C’est en tout cas le constat que dressent quatre magistrats marseillais, interrogés ce jeudi 7 mars devant la commission sénatoriale sur la lutte contre le trafic de drogue en France, qui s'est déplacée dans la cité phocéenne.

Un plan Marshall

"Je pense que Marseille est la seule ville de France gangrenée à ce point par le trafic de drogue, l'économie souterraine que ce trafic induit et les règlements de compte qui en découlent", rapporte Isabelle Couderc, vice-présidente du tribunal judiciaire de Marseille.

Les quatre magistrats, entendus par la commission sénatoriale, décrivent une "narcoville" où l'activité se poursuit depuis la prison et où le risque de corruption s'étend. Ils réclament tous les quatre un plan Marshall avec des mesures inédites.

À Marseille, le trafic de produits stupéfiants s’étale toujours plus géographique et semble plus novateur, selon les premiers résultats rendus par la commission sénatoriale d’enquête sur le narcotrafic en France.

"Il y a une cité qui préfigure un peu l’évolution du trafic, qui est un peu en avance sur des phénomènes que l’on observe, par ailleurs, partout sur le territoire national", a rapporté Jérôme Durain, président de la commission d’enquête sur le narcotrafic en France.

Rajeunissement des petites mains

La commission d’enquête a identifié plusieurs phénomènes au cœur des réseaux: "Le rajeunissement des petites mains du trafic" et "un recours accru à des violences, des séquestrations, des homicides", énumère Jérôme Durain. En 2023, 49 personnes ont été tuées sur fond de concurrence entre vendeurs de stupéfiants dans la cité phocéenne, dont quatre victimes collatérales.

Pour Hacine Hammou, porte-parole du collectif Trop jeune pour mourir, le désamorçage du narcotrafic doit passer par la proximité.

"On a demandé aux sénateurs et aux sénatrices de revenir à un échelon municipal pour traiter ces affaires, explique l’élu écologiste à BFMTV. Je pense qu’il faut remettre de la proximité dans l’efficacité de la lutte contre les régions de drogue."

D’autres, plus pessimistes sur le devenir du narcotrafic à Marseille, dénoncent le retard des institutions ces 20 dernières années.

"Je vois mal une porte de sortie"

"Quand on connaît l’état des trois institutions à savoir la police, la justice et l’administration pénitentiaire, aujourd’hui, je vois mal une porte de sortie", pointe Marc La Mola, ancien policier de la brigade de sûreté urbaine des quartiers nord de Marseille.

La commission d’enquête sénatoriale, réunie depuis le mois de novembre, dispose de six mois pour proposer des travaux et des solutions pour endiguer le narcotrafic à Marseille et en France.

Alexis Pluyette avec Charlotte Lesage