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"Il y aura plus de sous": la fronde des policiers profite aux dealers marseillais

Dans la cité des Marronniers, qui voit régulièrement des interventions de police, les forces de l'ordre sont absentes depuis plusieurs jours. De quoi laisser la place au trafic de stupéfiants.

Un quartier plus calme qu'à l'ordinaire. Le mouvement des policiers, absents depuis plusieurs jours en soutien à leur collègue placé en détention dans une affaire de violences en marge des émeutes, profite aux narco-trafiquants marseillais.

Une situation bien visible dans la cité des Marronniers, située dans le 14e arrondissement de Marseille et dans laquelle des descentes de police ont régulièrement lieu. Mais depuis le mouvement des policiers, les agents sont bien moins nombreux dans le quartier.

"Ça fait deux-trois jours que c'est calme"

En témoigne l'absence du barrage d'ordinaire installé pour ralentir les interventions des forces de l'ordre, et qui n'est plus déployé ces derniers jours. "Franchement, je remercie l'État. Ils ont bougé un peu, la justice a fait un peu son travail", témoigne un dealer au micro de BFM Marseille Provence. "Ça fait deux-trois jours que c'est calme. Mais sinon, ils sont là tous les jours."

L'absence des policiers dans le quartier représente un bénéfice pour le trafic de stupéfiants. "Là, tranquille. Il n'y aura pas de pertes, il y aura plus de sous", poursuit le dealer.

Difficile de chiffrer avec précision le bénéfice que représente le mouvement des policiers pour les narco-trafiquants. Mais habituellement, les revenus de ce réseau sont estimés à 5000 euros par jour dans ce quartier.

"Pas la priorité actuellement"

Entre 300 et 600 policiers de la brigade anti-criminalité et des brigades de terrain sont toujours en arrêt maladie. Un mouvement qui, en plus des congés estivaux, engendre un véritable sous-effectif dans les commissariats.

Les forces de l'ordre se concentrent ainsi exclusivement sur les appels d'urgence, laissant le champ libre au trafic de stupéfiants dans certains quartiers marseillais.

"Il est certain qu'ils ne sont pas la priorité actuellement", reconnaît Eddy Sud, porte-parole du syndicat Unité SGP Police-FO.

Le représentant syndical assure toutefois que les forces de l'ordre sont prêtes à intervenir si la situation venait à dégénérer dans les quartiers.

Policiers : une fronde incontrôlable ?
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6:40

"S'ils causent trop de nuisances, mes collègues sauront rapidement faire cesser ces nuisances et les mettre à l'abri si besoin. Si, demain, nous sommes appelés pour une agression, un règlement de compte en cours ou n'importe quelle autre affaire, nous sortirons comme il se doit pour porter secours aux personnes et protéger les biens des Marseillais."

De nombreux policiers en arrêt maladie

Depuis quelques jours, les arrêts maladie des policiers s'enchaînent pour protester contre le placement en détention provisoire d'un agent à Marseille. Ce dernier est accusé avec d'autres agents d'avoir roué de coups un jeune homme dans la nuit du 1er au 2 juillet, en marge des émeutes liées à la mort de Nahel à Nanterre.

Le jeune homme en question avait affirmé, quelques jours après les faits, avoir reçu un tir de LBD dans la tempe, avant d'être frappé par un groupe de quatre à cinq personnes.

Les quatre fonctionnaires soupçonnés ont été mis en examen pour violences en réunion par personne dépositaire de l'autorité publique avec usage ou menace d'une arme ayant entraîné une ITT (incapacité totale de travail) supérieure à 8 jours, et l'un d'eux a été placé en détention.

Une décision qui a suscité la colère des syndicats de policiers. Certains agents ont ainsi répondu à l'appel du syndicat Unité SGP Police et se sont mis en "code 562", un jargon policier qui signifie qu'ils n'assument plus que les missions d'urgence et essentielles.

Cindy Chevaux avec Laurène Rocheteau