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Ce qu'il faut retenir des trois jours de visite d'Emmanuel Macron à Marseille

Le chef de l'Etat a achevé de mercredi sa visite de trois jours dans la cité phocéenne en se rendant au grand port maritime de Marseille.

Visite d'une prison en chantier, passage dans une école de La Castellane ou encore discussion sous forme de "grand débat" à La Busserine. La visite d'Emmanuel Macron dans la cité phocéenne, qui s'est achevée ce mercredi par une prise de parole depuis le port de Marseille Fos, a été particulièrement dense.

Au cours de ces trois jours de visite, le chef de l'Etat a abordé de nombreux sujets tels que la sécurité, le logement ou encore l'éducation. Il en a également profité pour faire plusieurs annonces et un point sur le plan "Marseille en grand", lancé il y a presque deux ans.

BFMTV.com fait le tour d'horizons des moments forts du passage du président de la République à Marseille.

• Amendes payables immédiatement pour les consommateurs de drogue

Lundi, la première journée de déplacement d'Emmanuel Macron a été largement consacrée au thème de la sécurité à Marseille entre un déplacement au centre pénitentiaire sur le chantier des Baumettes 3 et un passage par la cité de la Busserine, touchée par le trafic de drogue.

Dès la veille de ce déplacement, Emmanuel Macron avait annoncé à La Provence qu'un décret est en préparation "pour la fin de l'été", afin que les amendes forfaitaires pour consommation de drogue soient payées immédiatement "par carte bancaire ou en liquide", indiquant vouloir "trouver les moyens d'être plus efficaces".

Emmanuel Macron est ensuite largement revenu sur le sujet au cours de son déplacement, insistant sur l'importance de "responsabiliser" les consommateurs de drogue.

"Il faut une responsabilisation de tous car c'est rare qu'il y a du trafic de drogue s'il n'y a pas de consommateur de drogue", avait-il indiqué au micro de BFM Marseille Provence, en marge d'échanges avec des habitants à la cité des Campanules.

• Création d'une compagnie CRS8 permanente à Marseille

En visite sur le chantier des Baumettes 3 au centre pénitentiaire marseillais, le chef de l'Etat a tenu à rappeler son bilan en matière de sécurité dans la cité phocéenne estimant que "tous les engagements pris il y a deux ans ont été tenus". Et de citer pêle-mêle, l'arrivée de 330 policiers de sécurité publique en deux ans ou encore de 11 enquêteurs pour la police judiciaire.

Dans le même temps, le chef de l'Etat a indiqué vouloir encore renforcer "la présence sur le terrain" pour faire face notamment au trafic de drogue. Pour cela il a annoncé la création d'une compagnie CRS 8 permanente à Marseille "pour l'automne prochain".

Déjà déployée de manière ponctuelle à Marseille, cette unité d'élite est composée de 200 hommes spécialement formés pour répondre à des situations de troubles à l'ordre public, comme les violences urbaines. "La CRS 8, sa mission, c'est vraiment d'aller cadrer les cités pour rechercher des drogues, les armes qui peuvent être cachées", expliquait la préfète de police des Bouches-du-Rhône en février dernier.

Dans le même temps, le chef de l'État a annoncé l'arrivée de 25 nouveaux enquêteurs pour la cellule criminelle et la brigade de répression du banditisme, ou encore de quatre enquêteurs pour renforcer le groupe "cyber" de l'Ofast chargé de "traquer les dealers sur les réseaux sociaux". Une task-force interministérielle va également être créée pour "lutter contre les caïds", a annoncé Emmanuel Macron.

• La petite phrase d'Emmanuel Macron sur le chômage

Lundi après-midi, le président s'est offert un premier bain de foule dans la cité des Campanules. L'occasion pour le chef de l'Etat d'échanger avec des habitants et notamment avec une Marseillaise qui l'a interpellé sur la situation professionnelle difficile de son fils de 33 ans, sans emploi et qui ne touche plus le RSA.

Face à elle, le président a assuré que les offres d'emploi ne manquaient pas dans la cité phocéenne. "On descend ensemble, on fait le tour du port, je serais surpris qu'il n'y ait pas un restaurant ou un café qui ne cherche pas", a assuré le chef de l'État à la mère de famille qui a de son côté affirmé que son fils est prêt à travailler dans "tous" les secteurs.

"Vous n'allez pas me faire croire qu'il ne va pas trouver, s'il cherche vraiment un boulot à Marseille. Il est prêt à trouver un boulot de serveur, il n'y a pas de boulot de serveur? (...) Je fais le tour du Vieux-Port ce soir avec vous, je suis sûr qu'il y a dix offres d'emploi", a-t-il répété.

Des déclarations qui n'ont pas manqué de faire réagir notamment du côté de l'opposition de gauche qui a fustigé cette sortie du président. La cheffe des députés insoumis à l'Assemblée nationale Mathilde Panot a dénoncé un "mépris du peuple". De son côté, le maire de Marseille Benoît Payan a estimé que "dans le contexte, ce n'était pas forcément ce qu'il fallait dire et la manière dont il fallait le dire".

• Le collège de 8h à 18h dans les quartiers d'éducation prioritaire

Pour clôturer le premier jour de son triptyque marseillais, le président s'est rendu dans un gymnase de la Busserine pour un échange de près de 2h30 avec près de 300 Marseillais, une réunion se voulant sous forme de "grand débat".

Interpellé sur de nombreux sujets, le président a notamment annoncé la mise en place du collège de 8h à 18h dans les quartiers d'éducation prioritaire, à commencer par Marseille.

"Dans vos quartiers, vous aurez le collège qui prendra les élèves en charge pédagogiquement de 8h à 18h. Parce que l'inégalité scolaire se crée dans ces temps où l'enfant est renvoyé chez lui. C'est fondamental", a justifié le chef de l'État.

• Des investissements supplémentaires pour l'AP-HM

Lors de son deuxième jour dans la cité phocéenne, Emmanuel Macron s'est rendu à l'hôpital d'instruction des armées Laveran. Là-bas, il a annoncé une aide supplémentaire de 240 millions d'euros pour l'AP-HM (Assistance publique des hôpitaux de Marseille).

"Au total, l'État investira 479 millions d'euros pour le projet de modernisation de l'AP-HM, soit un doublement de l'effort financier de l'État en trois ans", a souligné le président de la République.

Le montant représente 83% de l'investissement total pour les projets de l'AP-HM. "C'est un niveau exceptionnel", a insisté Emmanuel Macron en soulignant que ce type de montant ne se retrouve qu'en Outre-mer.

Le chef de l'Etat a annoncé également la création d'un nouvel hôpital militaire dans le quartier Sainte-Marthe à Marseille afin de remplacer l'hôpital Laveran.

• Lutter contre les copropriétés dégradées

Le troisième et dernier jour de visite d'Emmanuel Macron a débuté sur le thème du logement insalubre, alors que la veille, le lancement d'un plan de sauvetage exceptionnel pour quatre grandes copropriétés privées dégradées à Marseille avait été annoncé par le président et la mairie.

En déplacement à la cité Benza dans le 10e arrondissement ce mercredi, le président a assuré vouloir faire de cette thématique "une cause nationale" et une "priorité".

"Nous allons exproprier de manière punitive les marchands de sommeil", a-t-il promis. Emmanuel Macron a assuré vouloir changer la loi sur ce sujet du logement insalubre.

"La loi aujourd'hui protège trop les intérêts de ceux qui ne jouent pas le jeu, et qui nous placent collectivement dans ces situations, donc on va prendre des dispositions pour aider ceux qui vivent ces situations, accélérer les travaux d'urgence (...) et pouvoir exproprier beaucoup plus facilement, à la main d'administrateurs judiciaires les mauvais payeurs, c'est la clé", a-t-il expliqué.

Dans le même temps, Emmanuel Macron a annoncé pour Marseille, le lancement d'opérations spécifiques: "onze à Marseille, trois d'entre elles sont d'intérêt national, (...) on va nationaliser ces copropriétés, (...) on se dote de dispositifs hors du droit commun" a-t-il expliqué, promettant un abaissement des délais de "sept ans" à "18-24 mois".

• Des réacteurs nucléaires EPR sur le bassin de Marseille-Fos envisagés

Après avoir quitté la cité Benza, le président a achevé son déplacement à Marseille en se rendant sur le port de Marseille Fos en compagnie de nombreux élus mais aussi du président du grand port maritime Christophe Castaner afin d'évoquer notamment l'avenir du site.

Lors de sa prise de parole face aux élus et acteurs locaux, Emmanuel Macron a évoqué la possibilité d'installer des réacteurs nucléaires EPR sur le bassin de Marseille-Fos, appelant à "se poser cette question sans tabou", face aux besoins supplémentaires en énergie du port marseillais pour ses projets en cours.

Une idée toutefois rejetée par le maire de Marseille Benoît Payan, "On est en zone submersible, en zone sismique, s'il y a un endroit en France où on ne pourra pas faire un EPR, c'est à Marseille", a-t-il assuré.

De son côté, le président a lui estimé qu'il s'agissait d'une question "pas absurde du tout". "C'est un terrain qui a une vocation en la matière, et notamment parce qu'on sait aussi qu'on a un immense sujet de refroidissement des centrales, et les centrales à venir auront vocation à être beaucoup plus près de la mer", a affirmé le président.

Emmanuel Macron a malgré tout rappelé que "la loi ne prévoit pas aujourd'hui de développer des EPR hors des sites existant" et que Marseille-Fos ne dispose pas de centrale nucléaire.

Gauthier Hartmann