Ce qu'il faut retenir du premier jour de la visite d'Emmanuel Macron à Marseille

En visite dans la cité phocéenne pour lancer le deuxième acte de son plan "Marseille en grand", le chef de l'État s'est concentré ce lundi sur la question de la sécurité, avec en fin de journée un échange avec plusieurs centaines de Marseillais.

Une 11e visite à Marseille pour le chef de l'État. Emmanuel Macron a entamé ce lundi sa visite de trois jours dans la cité phocéenne. Un déplacement qui a pour but de lancer le deuxième acte du plan d'investissement "Marseille en grand" qu'il avait annoncé il y a près de deux ans.

Après avoir été accueilli par le maire de Marseille, Benoît Payan, devant l'hôtel de ville, le président de la République a rencontré des élus locaux, notamment la présidente du département Martine Vassal et le président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Renaud Muselier.

· Un large volet sur la sécurité

Après sa rencontre avec les élus, Emmanuel Macron s'est rendu au commissariat central de Marseille pour échanger avec des policiers, puis à la prison des Baumettes pour une visite du chantier des Baumettes 3, qui marque la dernière étape de réhabilitation du centre pénitentiaire marseillais.

Accompagné du ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, et du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, Emmanuel Macron a alors déclaré vouloir renforcer "la présence sur le terrain" des forces de l'ordre. Il a ainsi annoncé la création d'une compagnie de CRS8 à Marseille "pour l'automne prochain".

Le chef de l'Etat a également annoncé l'arrivée de 25 enquêteurs pour la cellule criminelle et la brigade de répression du banditisme, ainsi que l'allocation de 200.000 euros à la police judiciaire.

Une première journée de visite sur le thème de la sécurité. Avant son déplacement, Emmanuel Macron avait déjà souligné son intention de renforcer la lutte contre les trafics de stupéfiants à Marseille.

Il avait notamment évoqué auprès de nos confrères de La Provence un décret qui devrait être publié d'ici la fin de l'été, et qui prévoit que les consommateurs de drogue, lors d'un contrôle, puissent payer immédiatement leur amende forfaitaire aux policiers par carte bancaire ou par espèces.

En visite dans l'après-midi à la cité des Campanules, où les habitants avaient fait barrage il y a quelques mois à des dealers venus d'une cité voisine et qui souhaitaient s'y installer, le chef de l'État est revenu sur cette question du trafic de drogue dans la cité phocéenne.

Interrogé par BFM Marseille Provence, il a assuré vouloir "redoubler d'efforts" sur cette question. "Il faut une responsabilisation de tous car c'est rare qu'il y ait du trafic de drogue s'il n'y a pas de consommateurs de drogue. C'est très important, on va renforcer le combat contre la détention de stupéfiants (...) mais tout le monde doit être responsable", a-t-il déclaré.

· Sa petite phrase sur le chômage

Lors de son bain de foule à la cité des Campanules, le chef de l'État a été interpellé sur la question du chômage par une habitante, dont le fils de 33 ans ne touche plus le RSA Emmanuel Macron a alors affirmé à cette mère de famille que les offres d'emplois ne manquaient pas dans la cité phocéenne.

"On descend ensemble, on fait le tour du port, je serais surpris qu'il n'y ait pas un restaurant ou un café qui ne cherche pas", a-t-il déclaré. "Vous n'allez pas me faire croire qu'il ne va pas trouver, s'il cherche vraiment un boulot à Marseille. Il est prêt à trouver un boulot de serveur, il n'y a pas de boulot de serveur? (...) Je fais le tour du Vieux-Port ce soir avec vous, je suis sûr qu'il y a dix offres d'emploi."

Le président de la République a même fait référence aux propos qu'il avait tenus en 2018 sur la question de l'emploi. "Quand j'étais plus jeune, je disais qu'il fallait traverser la rue. C'est encore plus vrai aujourd'hui qu'hier", a-t-il assuré.

Une nouvelle prise de parole qui a immédiatement fait réagir l'opposition. "La solution au chômage ? Traverser une rue en 2018. Faire un mètre en mai 2023. Voici venu le temps de faire un tour du Vieux Port en juin 2023. Face au mépris du peuple, le seul chômeur que l'on espère dans le pays, c'est Emmanuel Macron", a écrit la présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale, Mathilde Panot, sur Twitter.

· Le "grand débat" avec les Marseillais

Le président de la République s'est ensuite rendu dans la soirée à la cité de la Busserine pour un échanger avec les habitants du quartier, en proie au trafic de stupéfiants et aux conditions de vie dans des logements parfois insalubres.

"On vit en insécurité, on a peur pour nos enfants", l'a interpellé une mère de famille, qui dit vivre "un cauchemar" face à l'insalubrité et l'insécurité dans les cités marseillaises.

"La situation qui vous indigne, qui vous énerve, je la partage", a alors déclaré Emmanuel Macron aux 300 Marseillais rassemblés au gymnase de la Busserine. Il a toutefois regretté que les propos de certains habitants qui ont assuré que "rien n'a été fait" concernant leurs conditions de vie.

"Si de toute façon tout le monde ne travaille pas ensemble, on ne réglera aucun problème", a-t-il poursuivi. "Les quartiers ne doivent pas s'opposer les uns aux autres, les associations doivent travailler avec les élus et l'État, sinon on ne réglera rien."

L'échange avec les Marseillais a duré pendant près de 2h30 sous des fortes chaleurs. Interpellé sur de nombreux sujets, le président de la République a notamment annoncé la mise en place du collège de 8h à 18h dans les quartiers d'éducation prioritaire, à commencer par ceux de Marseille.

"Parce que l'inégalité scolaire se crée dans ces temps où l'enfant est renvoyé chez lui. C'est fondamental", a expliqué le chef de l'État, a-t-il conclu.

Mardi, Emmanuel Macron doit visiter le Mucem ainsi que la Grotte Cosquer, mais doit également rencontrer des acteurs du logement sur la question des propriétés dégradées.

Laurène Rocheteau