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"Ça ne s'arrête plus": les proches d'une victime d'un règlement de comptes à Marseille témoignent

Alors que plusieurs règlements de comptes se sont enchaînés depuis plus d'une semaine à Marseille, des proches de Brahim, mort en 2020, ont appelé sur BFMTV à mettre fin à cette violence.

"J'ai envie que tout ça s'arrête et surtout que ça change." C'est l'appel qu'a lancé au micro de BFMTV Amine Kessaci, frère de Brahim, mort dans un règlement de comptes lié au trafic de stupéfiants à Marseille en décembre 2020.

"Je pense que c'est pour de l'argent. Maintenant, c'est 'Ah bah t'as pas fait ça, tu me dois telle somme'. C'est même plus des dettes, c'est de la haine", témoigne Tamara, la veuve de Brahim qui, à 21 ans, élève seule leur enfant.

Depuis presque deux semaines, plusieurs réglements de comptes se sont enchaînés à Marseille. Le 18 août dernier, une fusillade a eu lieu dans la Cité des Marronniers, gangrénée par le trafic de drogue. Un adolescent de 14 ans est mort après avoir été touché par balles au thorax et à la jambe. Un autre adolescent et un enfant de 8 ans ont également été blessés.

Quelques jours plus tard, une nouvelle fusillade s'est produite dans la cité de La Marine Bleue, dans le 14e arrondissement. Deux hommes d'une vingtaine d'années ont été tués, eux aussi par balles. Un autre règlement de compte s'est déroulé la même nuit. Un homme a été emmené de force dans un véhicule. Il a été retrouvé mort dans le 13e arrondissement, à l'intérieur d'une voiture calcinée.

"Plus facile de se procurer des armes que de trouver une boulangerie"

"Malheureusement, ça ne s'arrête plus et puis la criminalité à Marseille ne date pas d'hier, ça ne date pas d'il y a 15 jours. La criminalité a toujours été là. Face à ce laisser-aller, ça s'est amplifié, ça a fait qu'il y a eu une telle explosion et que justement, ces criminels se permettent maintenant de faire ça en étant mieux organisés et de perpétrer ces crimes dans tous les quartiers", s'alarme Amine Kessaci.

Face à ce déchaînement de violence, le jeune homme âgé de 17 ans se dit en colère. Celui qui est aussi président de l'association "Conscience" souhaite plus de police de proximité ainsi qu'une augmentation des services publics dans les quartiers, alors que les trafics de drogue sont liés à de "très grands trafic d'armes".

"Comme l'a déclaré notre maire, il est plus facile de se procurer des armes à Marseille que de trouver une boulangerie. Les jeunes barricadent l'entrée des immeubles avec des chariots, les jeunes barricadent les entrées des immeubles avec des sommiers de lit. On a l'impression d'avoir une milice dans un État qui est pourtant la France. Je vois plus de jeunes armés dans la rue que de policiers armés", constate, amer, Amine Kessaci.

"Il y a une urgence"

En déplacement à Marseille la semaine dernière, le ministre de l'Intérieur avait déclaré que les effectifs de police allaient être augmentés de manière considérable pour faire face à cette violence et ces trafics. "Une centaine de nouveaux membres doivent renforcer les rangs des forces de l'ordre marseillaise", a promis Gérald Darmanin.

Emmanuel Macron doit également se rendre à Marseille mercredi. Le maire de la ville, Benoît Payan, a annoncé ce lundi, qu'il dévoilerait dans quelques semaines, en compagnie du président de la République, "un plan de plusieurs centaines de millions d'euros". Amine Kessaci souhaite lui lancer un appel à Emmanuel Macron avant sa visite.

"J'aimerais lui dire qu'il y a une urgence (...). Je pense qu'il y aura des milliards qui seront injectés mais nous, ce qu'on demande, c'est justement de l'argent pour débloquer des moyens, pour débloquer des locaux pour les associations dans les quartiers, pour créer un vrai service public, faire en sorte que nos jeunes dans nos quartiers ne se sentent plus abandonnés et qu'il y ait un gouvernement qui nous écoute et qui nous soutienne", espère le jeune homme.

Une marche blanche aura lieu mardi prochain sur le Vieux-Port afin de rendre hommage aux victimes des trafics de stupéfiants cet été.

Gauthier Hartmann