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Marseille: une semaine après la mort d'un adolescent, rien n'a changé à la cité des Marronniers

Après la fusillade qui avait coûté la vie à Rayanne 14 ans, le 18 août dernier dans la cité des Marronniers, les guetteurs ont repris leur place au grand désarroi des habitants.

Les points de contrôle sont de retour dans la cité des Marronniers. Les guetteurs ont remis des barrages composés de pneus, de poubelles, de poussettes ou encore de palettes en bois afin de contrôler l'accès à la cité.

Ici, les trafiquants continuent toujours leurs affaires une semaine après la fusillade qui a coûté la vie à Rayanne un adolescent de 14 ans. Le 18 août dernier, aux alentours de 22 heures, deux individus équipés de fusils d'assaut rentrent dans la cité en scooter et ouvrent le feu. Un adolescent et un enfant de 8 ans sont blessés et Rayanne, 14 ans, touché par balles au thorax et à la jambe décèdera à l'hôpital.

La cité des Marronniers est connue à Marseille pour être gangrenée par le trafic de drogue et la violence. Et malgré le choc et l'émoi après la mort de Rayanne, cette fusillade n'a rien changé dans le quartier, les trafiquants continuent de faire la loi. "C'est toujours la même chose" soupire anonymement une habitante au micro de BFM Marseille.

"Quand je passe, on me demande où je vais"

Le week-end dernier, quelques jours après la fusilllade, environ une soixantaine de CRS ont occupé le quartier. Désormais partis, les guetteurs ont repris leurs contrôles habituels et il est impossible pour les habitants de rentrer sans leur aval.

"Moi-même quand je passe on me demande où je vais. Il faut que je m'explique pour dire que j'habite ici. Et c'est pas la police qui m'interroge", raconte cette habitante désabusée.

Les forces de police, ont connaissance des trafics qui gangrènent la cité. A plusieurs reprises elles sont déjà intervenues pour mettre fin aux contrôles des guetteurs. Mais les policiers pointent surtout, un éternel recommencement.

"Dès qu'il y a une action de police, une interpellation ou qu'on doit raser ce type de barricade, à partir du moment où on a fini notre intervention, on est bien obligé de sortir de la cité. Alors, une heure après, deux heures après, un jour après, ils vont se remettre en place de la même manière parce qu'il faut que le travail continue, parce que pour eux c'est une activité, c'est leur boulot", pointe Sébastien Greneron, secrétaire départemental adjoint du syndicat de police Alliance.

Une dégradation ces derniers mois

Pourtant, un habitant des Marronniers assure que la situation n'a pas toujours été la même dans la cité. Il remarque une dégradation au cours des derniers mois. "C'est pas agréable de voir ça, mais avant il n'y avait pas cela", assure-il.

Mais les règlements de comptes sont loin d'être cantonnés à la cité des Marronniers. Le week-end dernier, c'est dans la cité de La Marine Bleue dans le 14e arrondissement que deux hommes âgés d'une vingtaine d'années ont été tués par balles. La même nuit, dans le 4e arrondissement, une personne a été emmenée de force dans un véhicule, avant d'être retrouvée morte dans une voiture incendiée dans le 13e.

Face à cet enchaînement de violences dans la ville, la procureure de Marseille Dominique Laurens a déploré ce lundi dans un point presse, "une explosion du nombre de règlements de compte depuis le 15 juin" à Marseille. "C’est la première fois que nous avons des victimes aussi jeunes, ce sont des enfants qui ont été tués", a également souligné la procureure.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a lui, promis une augmentation des effectifs de police à Marseille. Emmanuel Macron doit également se rendre prochainement à Marseille, un grand plan pour la ville devrait être annoncé.

Julian Mancini et Gauthier Hartmann