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"Un tsunami": le père et conjoint des victimes témoigne au 4e jour du procès de l'incendie de la route de Vienne

Il a décrit les personnalités de sa compagne et de sa fille, toutes deux tuées dans l'incendie. Un témoignage marquant pour le reste du procès, selon l'avocat des parties civiles.

"C'est un tsunami qui est venu me renverser, et me renverse encore." Des morts forts entendus ce mardi à la cour d'assises du Rhône, alors que le père et conjoint des deux victimes de l'incendie de la route de Vienne s'est exprimé, au 4e jour de procès.

Pendant près de trente minutes, Julien a rappelé à l'assemblée qui étaient Clara et Anna, sa compagne enceinte et sa fille, toutes les deux tuées dans l'incendie causé par une explosion en 2019.

"Anna, c'est toute ma vie"

La salle d'audience a retenu son souffle alors que l'homme, rescapé du sinistre, exprimait son incompréhension et sa peine face aux événements qui ont bouleversé sa vie il y a quatre ans.

Il a décrit Clara, sa compagne qu'il avait rencontré en 2007, comme "une personne d'une grande humanité, d'une grande tolérance".

"Clara, c'est la vie", a-t-il déclaré devant l'assemblée. "Un être qu'on ne rencontre qu'une fois dans sa vie. Clara, je l'aime, je lui dois tout, et je lui dois d'être là."

Il a également eu des mots pour Anna, sa fille, son "ange", âgée de 4 ans au moment du sinistre. "Anna, c'est toute ma vie. C'est un déchirement qu'elle ne soit plus là."

Il a évoqué le déroulement des faits, ce jour du 9 février 2019, lorsqu'une explosion survenue dans une boulangerie de la route de Vienne, dans un quartier du 8e arrondissement de Lyon, avait provoqué un incendie dont les flammes avaient gagné les étages supérieurs de l'immeuble d'habitation.

Julien, Clara et Anna se trouvaient à leur domicile. Clara et leur fille lisaient une histoire lorsque l'explosion a eu lieu, une déflagration "comme si [l]a maison était bombardée", se souvient Julien. Il les a rejoint vers le hall, se rappelle avoir saisi Anna par les bras pour l'emmener vers la cuisine, les flammes et la fumée derrière lui.

Julien a ouvert la fenêtre et a dû sauter pour échapper aux flammes. Anna et Clara n'ont pas survécu.

"L'émotion est toujours là"

Le témoignage du père de famille a beaucoup ému l'assemblée, les jurés et le président du tribunal. Il s'est longtemps préparé à ce procès, s'est isolé quelques temps avant afin d'y faire face. Il a lui-même reconnu n'avoir dormi que trente minutes en trois jours, rapporte l'avocat des parties civiles. Ce dernier estime que ses mots vont marquer le reste du procès.

"Ça va marquer les jurés, ça va marquer tout le monde", déclare maître Guillaume Baulieux, au micro de BFM Lyon. "Mais lui, c'est l'émotion qu'il subit tous les jours. (...) L'émotion, elle est toujours là. Elle sera toujours là."

La parole sera ensuite laissée aux commanditaires et à l'incendiaire présumés, qui risquent chacun la perpétuité. À ce jour, ils continuent de nier les faits. L'incendiaire présumé a été aperçu sur les lieux le soir du drame. L'homme est actuellement incarcéré en Tunisie, son pays d'origine, où il a fui après l'incendie.

Les deux autres accusés sont quant à eux présents devant les assises du Rhône. Il s'agit des gérants de la boulangerie située au rez-de-chaussée de l'immeuble des victimes. Un verdict est attendu ce vendredi.

Lucie Nolorgues avec Laurène Rocheteau