"J'ai eu la peur de ma vie": des habitants de Villeurbanne témoignent après l'incendie de leur immeuble

La métropole de Lyon a été marquée par de fortes tensions dans la nuit de mercredi à jeudi, après la mort de Nahel tué par un policier à Nanterre (Hauts-de-Seine). La façade d'un immeuble de Villeurbanne a été incendiée, les habitants ont dû être évacués.

Émotions et colère. Ce jeudi matin, les habitants de Villeurbanne sont encore éprouvés par la nuit de mercredi à jeudi, marquée par des tensions après la mort de Nahel à Nanterre, mais également par l'incendie d'un immeuble situé boulevard de la Reconnaissance.

"Ça a dégénéré"

Un groupe de personnes se trouvait au niveau de l'arrêt de tramway Reconnaissance-Balzac aux alentours d'1h du matin et lançait des mortiers en continu, rapporte la police à BFM Lyon. Des habitants, gênés par le bruit, leur ont alors demandé de cesser. En réponse, les mortiers ont été tirés sur la façade de leur immeuble.

"Les voisins ont dit qu'il fallait arrêter et c'est là que ça a dégénéré, ils ont commencé à tirer dans l'immeuble", rapporte anonymement une riveraine à BFM Lyon.

"À une heure du matin, j'ai reçu un appel de la voisine en me demandant de venir récupérer ma mère. J'ai pris ma voiture, j'ai roulé assez vite pour voir si elle allait bien et ça va", raconte Yasmina, très émue, au micro de BFMTV. "J'espère que ceux qui ont fait ça seront sévèrement punis", ajoute-t-elle, très en colère.

Une solidarité rapidement organisée

"Des tirs de mortier ont été jetés en l'air avant qu'ils ne soient visés sur différents immeubles", constate un autre habitant qui a pris en charge l'évacuation de l'immeuble, face l'intensité des flammes. En effet, un mortier, qui a atterri sur l'un des balcons, a embrasé directement tout ce qu'il s'y trouvait, avant de se propager rapidement aux étages supérieurs.

"On a été solidaires entre voisins. On est tout de suite allés toquer à toutes les portes pour essayer de réveiller les habitants", témoigne-t-il.

"On a entendu les gens hurler 'descendez, descendez'. Il y a tous les voisins qui sont venus aux portes. On a pris le minimum et on est descendus", raconte Michel, voisin de l'immeuble.

"J'ai eu la peur de ma vie. On se croyait en cas de guerre [...] C'était abominable", confie-t-il.

Une quarantaine d'habitants évacués

"Tout le monde a pu sortir. Les policiers et les policiers sont arrivés très vite", raconte le jeune homme à l'initiative de l'évacuation, qui félicite le travail des soldats du feu. L'incendie a été circonscrit près de trois heures plus tard.

"C'est toujours difficile de voir son appartement en feu. On est pris de panique, chacun réagit à sa manière surtout quand on sait que ce n'est pas un accident, ça peut susciter de la colère mais en étant tous unis, on a réussi à tenir et en fin de compte, tout s'est bien terminé", complète-t-il.

Au total, une quarantaine d'habitants ont été évacués et quatre personnes ont été légèrement blessées dans l'incendie. Huit balcons et cinq appartements ont été dégradées par les flammes.

35 personnes ont été relogées dans un hôtel, indique la municipalité qui précise que des solutions de relogement à plus long terme sont à l'étude pour les sinistrés. La mairie appelle toutefois à l'apaisement. "Au-delà de la légitime émotion et de la colère, nous appelons au calme et nous condamnons sans réserve les atteintes aux personnes et aux biens", précise-t-elle dans son communiqué.

Olivier Jouglard et Jade Therlynck avec Juliette Vignaud