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Après la mort du père Rivoire à Lyon, les associations réclamant que justice soit faite sont "en colère"

À l'âge de 95 ans, le père Rivoire, accusé d'agressions sexuelles, est mort. Pour les associations et les victimes, le refus de la France de l'extrader, ce qui à empêcher son jugement au Canada, laisse un sentiment amer.

"J'ai une colère froide, sombre." À l'annonce de la mort du père Joannes Rivoire dans son Ehpad près de Lyon à l'âge de 95 ans, un sentiment amer s'installe du côté des associations et des victimes.

"On avait mis en garde en disant 'attention parce que ça serait terrible pour les victimes qu'il n'y ait pas de justice avant que Joannes Rivoire ne décède'. Malheureusement, c'est arrivé", déplore Arnaud Gallais, cofondateur de l'association Mouv'Enfants et du collectif Prévenir et protéger.

Le prêtre franco-canadien était accusé de six agressions sexuelles sur des mineurs issus de la communauté inuite dans le Grand Nord canadien dans les années 1960 et 1970. Des faits que l'homme d'Église a toujours nié.

Il avait notamment fait l'objet de trois mandats d'arrêt. En 2022, la France avait refusé de l'extrader pour qu'il soit jugé outre-atlantique avec pour motif que "l'État français n'extrade pas ses citoyens".

"J'ai la honte absolue"

L'annonce de sa mort a donc été une nouvelle difficile pour les victimes, leurs familles et les associations, qui se battaient pour que justice soit faite. "C'est inacceptable", insiste Arnaud Gallais. "C'est quelqu'un qui avait quand même six plaintes, quelqu'un qui avait été exfiltré par sa communauté."

Pendant plusieurs années, les appels se sont enchaînés pour que la France accepte l'extradition du père Rivoire. "On avait fait une action devant la congrégation des missionnaires Oblats de Marie-Immaculée à Lyon. On avait été rencontrer le conseiller d'Emmanuel Macron. Ça n'avait rien changé", rappelle Arnaud Gallais à BFM Lyon.

À la frustration de ne pas avoir vu l'homme d'Église devant la justice, vient aussi se mêler la colère, notamment contre l'État français.

"J'ai la honte absolue, j'ai honte que la France protège des pédocriminels, j'ai honte que la France protège des personnes qui ne dénoncent pas des crimes comme cette congrégation."

Le cofondateur du collectif Prévenir et protéger ajoute: "La France se couvre systématiquement derrière la prescription, parce que c'était l'argument qui était invoqué par le garde des Sceaux."

Le père Rivoire vivait près de Lyon depuis plusieurs années et des actions avaient été menées à plusieurs reprises pour dénoncer les faits qui lui étaient reprochés. En janvier 2023, le collectif "Be Brave" a notamment manifesté devant l'Ehpad du nonagénaire, à La Croix-Rousse, pour exiger son extradition.

Louis Léger, avec Juliette Moreau Alvarez