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Rahul Mishra, le grand couturier indien qui fait le pont entre les artisans et la Fashion Week

Un modèle de Rahul Mishra, à la Fashion Week de New Delhi.

Un modèle de Rahul Mishra, à la Fashion Week de New Delhi. - Money SHARMA / AFP

En 2020, Rahul Mishra était le premier créateur indien invité à présenter un défilé haute couture à la Fashion Week de Paris. Aujourd'hui, il assure "rêver d'accomplir l'impossible", avec Claude Monet pour référence.

Dans son immense atelier en banlieue de New Delhi, le grand couturier indien Rahul Mishra rêve, comme jadis le peintre Claude Monet, "d'accomplir l'impossible", en oeuvrant à "Cosmos", la collection qu'il dévoile aux défilés haute couture à Paris, le 23 janvier.

Il revient au rendez-vous parisien de la haute couture, après avoir été le premier designer indien invité en 2020. Cette année, il est d'ailleurs rejoint par son compatriote Gaurav Gupta.

A New Delhi, il a conçu un atelier flambant neuf dans ses moindres détails, qui est en effervescence à l'heure de composer "Cosmos", sa nouvelle collection. Ses créations sont constituées de myriades de broderies qu'une cinquantaine d'hommes composent suivant des techniques traditionnelles, assis sur des nattes devant leur "adda" (métiers à broder).

Plus que le défilé final (...) c'est le processus de création qui m'excite", ajoute le grand couturier de 43 ans. Mais le processus créatif est aussi parsemé de doutes et d'échecs dont Rahul Mishra affirme se réjouir.

Impliquer 4,5 millions d'artisans indiens

"Nous célébrons nos ratages parce que nous tentons la nouveauté", s'enflamme-t-il auprès de l'AFP, "la beauté de tenter de créer du nouveau, l'excitation et l'intention de créer du nouveau valent d'être célébrées".

"Nous mettons, à chaque fois, nos artisans à l'épreuve, avec de nouvelles techniques, de nouvelles couleurs, de nouvelles idées", poursuit-il, "ce que nous créons est une expression collective."

Issu d'un milieu modeste et rural de l'Uttar Pradesh, il a à coeur d'apporter du travail aux artisans jusque dans leurs villages. "Quand on vient d'un pays qui compte 4,5 millions d'artisans, il vaut mieux faire quelque chose qui les implique", souligne-t-il, "plus nous serons inclusifs, mieux ce sera".

Du prêt-à-porter en mars

A l'origine, son père médecin l'a poussé sur une voie scientifique mais dès qu'il a pu prendre son envol, il est parti étudier à l'Institut national de design (NID) à Ahmedabad, dont il est sorti diplômé en section mode en 2008 avant de rejoindre Milan.

Peu après avoir remporté l'International Woolmark Prize en 2014, il s'est tourné vers la broderie à la main, "plus exigeante en temps et en technique que le tissage manuel".

La même année, la Fédération de la haute couture et de la mode à Paris l'a inclus dans le calendrier du prêt-à-porter avant de l'intégrer en haute couture en 2020. Ses créations, magnifiées par des stars de cinéma, comme Cate Blanchett et Michelle Yeoh l'an dernier pour des magazines de mode, n'excèdent pas 12.500 euros.

Rahul Mishra lancera en mars, à Paris ou Londres, sa nouvelle collection de "prêt-à-porter". Le styliste promet "une alternative assez sérieuse à la 'fast fashion'" et l'ouverture de boutiques d'ici cinq ans, grâce à une coentreprise créée en 2022 avec Reliance Brand (Balanciaga, Armani), l'un des principaux distributeurs de marques de luxe en Inde.

Par IV avec AFP