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En plein essor, la mode masculine a plus de shows dédiés

Le Belge Anthony Vaccarello, directeur artistique de Saint Laurent à la fin d'un défilé à Paris, le 25 février 2020

Le Belge Anthony Vaccarello, directeur artistique de Saint Laurent à la fin d'un défilé à Paris, le 25 février 2020 - Anne-Christine POUJOULAT © 2019 AFP

Après Gucci à Milan, Saint Laurent, l'autre rebelle de la holding de luxe Kering, rentre dans le rang avec un show dédié à l'homme dans le cadre de la Fashion week parisienne, signe de l'importance créative et commerciale de la mode masculine.


Le défilé Saint Laurent mardi soir, au premier jour de la manifestation, est le temps fort d'une semaine riche d'une cinquantaine de défilés physiques et d'une trentaine de présentations. Il s'agit du premier défilé homme à Paris de Saint Laurent, depuis que le Belge Anthony Vaccarello a pris sa direction artistique en 2016. Jusqu'à présent, ses collections étaient présentées hors calendrier en juillet et à l'étranger (New York, Los Angeles, Venise ou Marrakech).

Après le départ surprise fin 2022 d'Alessandro Michele, directeur artistique de Gucci et maître de la fluidité du genre et des défilés mixtes, la maison florentine est, elle, revenue sur le podium masculin à Milan.

"Saint Laurent, Gucci, Givenchy fonctionnent presque mieux pour l'homme que pour la femme" déclare à l'AFP Alice Feillard, directrice offre et achat homme aux Galeries Lafayette.

Et de préciser: "Aujourd'hui, les maisons ont tout intérêt à développer la mode homme qui prend davantage son envol avec ses propres codes et propose un vestiaire de plus en plus complet". Ce marché "est en pleine croissance. (...) Cela fait 2-3 ans qu'on le ressent et cela continue de façon exponentielle", poursuit-elle.

"La mode masculine est un champ de recherche pour les maisons"

Même en lingerie, le marché pour homme fait mieux: il a gagné 3,3% sur les 10 premiers mois de 2022 à près de 400 millions d'euros, contre une croissance de 2,5% à 1,5 milliard pour la lingerie féminine, selon les chiffres publiés à l'occasion du salon international de la lingerie qui se tiendra à Paris fin janvier. Pour Serge Carreira, spécialiste du luxe et maître de conférence à Sciences Po, "la mode masculine a beaucoup évolué ces dernières années. Cela laisse un champ d'expression, d'innovation et de recherche intéressant et important pour les maisons".

Givenchy, marque du groupe rival LVMH, a renoncé à la haute couture mais propose des lignes pour homme depuis l'arrivée en 2020 de l'Américain Matthew Williams, star du streetwear de luxe. Le défilé Givenchy homme aura lieu mercredi, avant Dior vendredi.

Louis Vuitton, orphelin de son directeur artistique américain Virgil Abloh décédé en novembre 2021 et qui n'a toujours pas été remplacé, a confié la collection qui sera présentée jeudi à un collectif de créatifs. En font partie les cinéastes Michel et Olivier Gondry, le styliste Ibrahim Kamara, récemment nommé à la tête des collections d'Off-White, ou le fondateur de la marque KidSuper, Colm Dillane, selon le média spécialisé américain WWD.

Parmi les retours au calendrier homme et aux défilés physiques, on compte Maison Margiela, sous la direction artistique de John Galliano, qui va clôturer la Fashion week dimanche, ainsi que deux créatrices à suivre, la Britannique Wales Bonner et l'Américaine Emily Bode.

Wales Bonner, dont le nom est cité parmi les successeurs possibles à Virgil Abloh et qui mélange les techniques de tailleurs londoniens avec l'esprit des Caraïbes, ouvrira mardi la semaine. Elle a présenté des films pendant la crise sanitaire dans le cadre de la Fashion week parisienne mais n'a jamais défilé physiquement. Emily Bode, sacrée fin 2022 designer de l'année de la mode homme aux CFDA (le Conseil des créateurs de mode américains), est connue pour ses tenues conçues à partir de matériaux de récupération.

Elles viennent grossir les rangs des directrices artistiques qui habillent les hommes, parmi lesquelles la styliste de la mode homme de Hermès Véronique Nichanian, aux manettes depuis 35 ans.

"Elles ont retravaillé le vestiaire masculin en questionnant les archétypes. Cela apporte un libre regard" sur l'homme, juge Serge Carreira.

AFP avec AFP