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Synode: "Il y a des divisions énormes dans l'Eglise"

La médiatisation du synode est aussi jugée responsable des tensions.

La médiatisation du synode est aussi jugée responsable des tensions. - Andreas Solaro - AFP

Petits changements à venir dans l'église catholique. Après une semaine de réunion le synode devrait rendre son rapport sur la Famille dans la journée de samedi. Il pourrait contenir des petites révolutions.

Les participants au synode sur la famille vont se prononcer ce samedi au Vatican sur le texte final. Depuis presque deux semaines, 191 évêques des cinq continents ainsi que 62 experts et auditeurs débattent, sous les yeux du pape François de sujets de société brûlants comme l’accueil dans l’Eglise des personnes homosexuelles, la place des divorcés-remariés, des unions libres, de la contraception...

Selon le cardinal américain Raymond Leo Burke, un des chefs de file de l'opposition conservatrice au pape François, le texte pourrait être rejeté si les affirmations "inacceptables sur les rapports sexuels hors mariage et entre personnes de même sexe" ne sont pas retirées. Le vote devrait avoir lieu en fin d'après-midi à la majorité des deux-tiers, selon Radio Vatican.

Mgr Reinhard Marx, cardinal de Munich et proche du pape, s'est montré confiant sur l'impossibilité d'un retour en arrière: "Il y a eu deux pas en avant, il pourrait y avoir un pas en arrière, mais sûrement pas deux".

"Des divisions énormes dans l'Eglise"

A côté de la volonté consensuelle de promouvoir le mariage entre un homme et une femme, la reconnaissance d'"aspects positifs" dans les unions stables hors mariage, a suscité une avalanche de réactions inquiètes de prélats, des Etats-Unis à l'Afrique.

La médiatisation du synode est aussi jugée responsable des tensions: par exemple par le cardinal guinéen Robert Sarah (à la tête des œuvres caritatives de l'Eglise) qui assure à l'agence catholique américaine CNA, que "ce qui a été publié par les médias sur les unions homosexuelles est une tentative pour pousser l'Eglise à changer sa doctrine".

"Il y a des divisions énormes dans l'Eglise", analyse l'historien des religions Odon Vallet pour BFMTV.

Diffusion à la presse d'un texte provisoire

L'archevêque de Malines-Bruxelles André Léonard a déploré "l'incident" qu'a été la décision lundi par le secrétariat du synode de diffuser intégralement le texte provisoire, qui a suscité un très vif mécontentement interne: "on a dû alors se focaliser sur les questions qui intéressent la presse au lieu de travailler sur celles qui intéressent les familles, la beauté de la famille", a-t-il dit à Radio Vatican.

François avait convoqué dès 2013 ce synode dit "extraordinaire" (réunissant les présidents de conférences épiscopales) pour sonder les évêques sur les réponses à apporter aux défis de la famille, sans rompre avec l'indissolubilité du sacrement du mariage. Un questionnaire envoyé cet hiver à tous les diocèses avait montré le fossé entre la doctrine sur la sexualité et la pratique très libre des fidèles.

En février, un cardinal théologien proche de François, Walter Kasper, avait introduit une approche réformiste, notamment en faveur de l'accès, sous strictes conditions, de certains divorcés remariés à la communion. Cette ouverture s'est retrouvée au synode. Le pape s'est contenté de demander un débat n'éludant pas les sujets qui fâchent.

Vote sur la ligne de François

Le vote sera précédé à la mi-journée par l'envoi d'un "message" à tous les catholiques.

Le document final a de bonnes chances d'être approuvé, mais avec quelle marge? Ce sera aussi un sondage sur la ligne audacieuse que soutient le pape. Il s'agit de la première phase d'un long processus de consultations. En effet, un nouveau questionnaire sera diffusé dans les diocèses.

Un deuxième synode "ordinaire", chargé d'élaborer des propositions, est prévu pour octobre 2015. Ses conclusions seront remises au pape, qui aura le dernier mot. Certains cardinaux craignent que l'édifice de l'Eglise s'écroule en cas d'ouvertures majeures sur le divorce, l'union libre ou l'homosexualité. D'autres font valoir qu'à force de comprendre les situations particulières, on oublie de mettre en valeur le modèle chrétien du mariage et de la famille unie.

Les évêques du Sud ont insisté sur le facteur structurant de la famille face aux difficultés économiques. Ils ont critiqué le conditionnement des aides par certaines ONG, l'Union européenne ou l'ONU à l'acceptation de programmes contraires à leur conception de la vie comme la contraception. L'animation des débats s'est répercutée parmi les centaines de journalistes qui les suivent. Certains vaticanistes rendent compte avec virulence des critiques de cardinaux.

K. L. avec AFP