BFMTV
International

Les divorcés remariés divisent l'Eglise

Au synode sur la famille, un ton nouveau et plus positif sur les homosexuels et les divorcés remariés

Au synode sur la famille, un ton nouveau et plus positif sur les homosexuels et les divorcés remariés - Osservatore Romano - AFP

Les sujets abordés lors du synode qui réunit actuellement les évêques catholiques à Rome montrent que l'Eglise est en plein questionnement et veut "comprendre dans leur complexité la réalité des familles".

Pour la première fois de son histoire, l'Eglise catholique débat de l'idée de donner un jour la communion aux divorcés remariés, et pose un regard plus bienveillant que par le passé sur les unions homosexuelles. Réunis depuis une semaine pour un synode, les évêques catholiques reconnaissent également des "valeurs positives" au mariage civil.

Présenté lundi par le rapporteur général, le cardinal de Budapest Peter Erdö, un rapport synthétise près de 200 interventions de ces derniers jours. Il servira de base à un document final, qui sera soumis au vote en fin de semaine. Provisoire, ce texte a cependant suscité une avalanche de réactions lors d'un débat très animé lundi. Certains cardinaux, d'Afrique notamment, ont réagi de manière critique sur les passages concernant les homosexuels.

Les divorcés remariés divisent 

Le rapport évoque notamment la perspective de l'accès aux sacrements pour les divorcés remariés - une volonté défendue par le pape François. La question est l'un des thèmes centraux du synode, et divise profondément les cardinaux, certains refusant l'idée de devoir donner un jour la communion aux couples divorcés qui veulent se remarier. 

"Envisager des solutions uniques ou s'inspirant de la logique du tout ou rien n'est pas signe de sagesse", a souligné ce rapport d'étape, qui doit être amendé. Monseigneur Bruno Forte, secrétaire spécial du synode, a résumé la mentalité "pragmatique" qui domine: "Au lieu de proférer des oui-oui et des non-non, des jugements, il s'agit de comprendre dans leur complexité les réalités des familles".

Le mariage catholique "décision vocationnelle"

Le document insiste également sur l'accueil, sur la nécessité d'un chemin "graduel" pour permettre à ceux qui ne sont pas en règle avec le dogme de se rapprocher de l'Eglise, sur la "conversion du langage" de l'Eglise, qui ne doit pas se contenter de "présenter des règles".

Le texte insiste beaucoup sur la nécessité de mieux présenter le mariage catholique, afin qu'il ne soit plus considéré "comme une tradition culturelle ou une exigence sociale". Il doit devenir "une décision vocationnelle", affirme ce texte où l'on retrouve des inspirations du pape François.

Parallèlement, le mariage civil et la cohabitation sérieuse se trouvent réévalués: "Une nouvelle sensibilité" de l'Eglise cherche à "comprendre la réalité positive des mariages civils, et, compte tenu des différences, des concubinages". Relevant que, pour beaucoup, "se marier est un luxe", et que des unions de fait se nouent souvent dans "l'attente d'une sécurité existentielle", le synode relève dans nombre de celles-ci "des valeurs familiales authentiques".

Les homosexuels reconnus au-delà de "leur tendance sexuelle"

Un ton nouveau est aussi observé vis-à-vis des homosexuels, qui "ont des dons et des qualités à offrir à la communauté chrétienne". Le cardinal Erdö a souligné ensuite que cela signifiait que "l'identité d'une personne n'était pas déterminée principalement par sa tendance sexuelle". Le texte en effet ne propose pas de modifier la doctrine condamnant l'acte homosexuel, et une unanimité existe pour réserver le terme de "mariage" à l'union d'un homme et d'une femme.

Mais, de façon nouvelle, et "sans nier les problématiques morales liées aux unions homosexuelles", il prend acte notamment "de cas où le soutien réciproque jusqu'au sacrifice constitue une aide précieuse pour la vie des partenaires". Samedi, le pape avait nommé six évêques supplémentaires, proches de lui, pour aider à la rédaction du texte. Les conservateurs avaient critiqué ce choix, considéré comme une mesure partisane.

David Namias, avec A. G.