BFMTV
International

Steven Sotloff, l'autre journaliste menacé par l'Etat islamique 

James Foley, journaliste américain tué par l'Etat islamique, en plein travail le 29 septembre 2011. Steven Sotloff est lui aussi menacé de mort par les jihadistes.

James Foley, journaliste américain tué par l'Etat islamique, en plein travail le 29 septembre 2011. Steven Sotloff est lui aussi menacé de mort par les jihadistes. - Aris Messinis - AFP

Steven Sotloff est menacé de mort par les mêmes jihadistes de l'Etat islamique qui ont tué James Foley. Portrait d'un jeune journaliste réfléchi, et passionné par le monde musulman.

"Obama, la vie de cet Américain dépend de votre prochaine décision": Steven Sotloff, journaliste américain, est menacé de mort par l'Etat islamique, en représailles aux frappes américaines en Irak. Il a été vu mardi, le crâne rasé, à genoux et tenu par le col de sa tunique orange par un jihadiste encagoulé, sur la vidéo qui dévoila au monde entier la décapitation de son compatriote, James Foley.

Porté disparu depuis douze mois, Sotloff, 31 ans, aurait été kidnappé le 4 août 2013 à Alep, en Syrie, près de la frontière avec la Turquie, mais son enlèvement avait été tenu secret jusqu'alors.

Des images poignantes de la Syrie

Ce natif de Miami (Floride, sud-est), diplômé en journalisme de l'Université de Central Florida, a travaillé à la pige pour le magazine Time, l'hebdomadaire américain Christian Science Monitor, la publication Foreign Policy et plus récemment pour le journal World Affairs.

"Il avait vécu au Yémen pendant des années, parlait bien l'arabe, aimait profondément le monde musulman (...) c'est pour ça qu'il est menacé d'être décapité", a tweeté une amie Anne Marloe, qui l'avait rencontré sur le conflit libyen. "Il m'avait frappé par son côté réfléchi et mature, absolument pas une tête brûlée", a-t-elle aussi confié au Miami Herald, en ajoutant que le reporter était très "respectueux de la culture musulmane".

Sur Instagram ou Facebook, le journaliste postait des images poignantes de civils prisonniers de conflits qui les dépassent, comme ces enfants d'un camp syrien de réfugiés. Sur Twitter, il évoquait le conflit en Syrie, après le printemps arabe en Egypte, le régime libyen, mais s'épanchait aussi sur son équipe favorite de basket, Miami Heat.

"Il en avait assez d'être passé à tabac"

"Sotloff est jeune, drôle et irrévérencieux", rapporte Janine di Giovanni, éditrice du Moyen-Orient à Newsweek, qui avait travaillé avec lui en Syrie. "Il vivait à Benghazi, en Libye, il vivait effectivement là-bas, c'est l'un de ces rares reporters free-lance qui pensent qu'il doit vivre sur place pour bien faire son boulot". Son plus récent employeur World Affairs l'a décrit comme "un journaliste réfléchi, honnête qui s'attache à comprendre les choses avec une perspective locale et à rapporter ses conclusions avec franchise. Il est sans aucun doute courageux".

Ben Taub, journaliste free-lance, l'avait rencontré à Kilis, en Turquie, à la frontière avec la Syrie, peu avant son enlèvement. Ils avaient discuté du passeur qui l'aiderait à franchir la frontière dans un ultime voyage en Syrie pour "une bonne histoire dont il avait gardé les détails"."Il était expérimenté", écrit-il dans le Daily Beast, "il était prudent et il m'a dit qu'il en avait marre".

"Après plusieurs bières au seul bar de Kilis, Sotloff m'a dit qu'il en avait assez d'être passé à tabac, qu'on lui tire dessus et qu'on l'accuse d'être un espion (...). Il m'a dit qu'il voulait arrêter pour un temps ses reportages, au moins sur les conflits au Moyen-Orient et peut-être reprendre des études en Floride". "Mais d'abord il voulait faire un dernier trajet en Syrie".

Après la diffusion de la vidéo montrant la décapitation du journaliste James Foley, la famille de Sotloff a lancé une pétition pour appeler le président Obama à prendre "les mesures immédiates pour sauver la vie de Steven par tous les moyens nécessaires". "S'il vous plaît, signez-la, partagez-la et priez", écrit Chris Castle, le compagnon de la sœur de Sotloff. La pétition avait récolté 8.120 signatures vendredi.

A. K. avec AFP