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Prise d'otage à Sydney: 16h d'angoisse, trois morts et des questions

Des policiers devant le Café Lindt, à Sydney, après l'assaut, le 16 décembre 2014.

Des policiers devant le Café Lindt, à Sydney, après l'assaut, le 16 décembre 2014. - Peter Parls - AFP

La prise d'otages au Café Lindt de Sydney a connu un épilogue tragique, ce lundi, après l'assaut des forces de l'ordre contre l'établissement où un homme retenait en otages dix-sept personnes depuis seize heures.

Dénouement tragique à Sydney, après 16 heures d'angoisse. La prise d'otages dans un café de Sydney a pris fin dans la nuit de lundi à mardi, peu avant 16h30, heure de Paris, après un assaut des forces de l'ordre lors duquel trois personnes, dont le forcené, ont été tuées, et six autres blessées, selon la police australienne. 

"Le siège est terminé", a ainsi annoncé sur Twitter peu avant 3 heures locales la police de la province de Nouvelle-Galles du Sud, dont Sydney est la capitale, soit environ 16 heures après le début de la prise d'otage dans le Lindt Chocolat Cafe, sur Martin Place, une esplanade piétonne située au coeur de la plus grande ville d'Australie. 

> Trois morts, dont le preneur d'otages

Une série de lourdes détonations a retenti peu avant 2h30 (16h30, heure française) au moment où des commandos de la police sont entrés par une porte latérale donnant accès au café. Des otages sont sortis du bâtiment en courant tandis que d'autres ont été emmenés sur des brancards.

La situation était très confuse juste après l'intervention de la police, dans un déluge de coups de feu dont l'origine était indéterminée. Des centaines de policiers lourdement armés avaient été mobilisés.

La prise d'otages et l'assaut ont fait trois morts: le preneur d'otages, ainsi que deux des personnes retenues, un homme de 34 ans et une femme de 38 ans, a indiqué la police un peu plus tard dans la nuit, lors d'une conférence de presse, précisant que six personnes avaient par ailleurs été blessées. Le suspect, âgé de 50 ans, a été touché par balles dans l'opération et évacué vers un hôpital où les médecins ont prononcé sa mort.

A la fin de l'assaut, un robot de déminage a pénétré dans le café pour sécuriser la zone et s'assurer qu'aucun engin explosif ne s'y trouvait. Aucune bombe n'a été retrouvée. 

> Le preneur d'otages, un réfugié iranien de 50 ans

Selon les médias australiens, citant des sources policières, le preneur d'otages est un "religieux" d'origine iranienne répondant au nom de Man Haron Monis et autoproclamé "cheikh". L'homme était déjà connu des services de police et de la justice notamment pour avoir envoyé des lettres d'injures aux familles de soldats morts en opérations. Par ailleurs, il était en liberté conditionnelle sous l'accusation de complicité de meurtre dans l'enquête sur la mort de son ex-épouse.

Agé de 50 ans et arrivé en Australie en 1996, grâce au statut de réfugié, Man Haron Monis vivait dans la banlieue de Sydney et était un "islamiste radical", selon des médias. La police n'a pas infirmé ces informations, indiquant seulement connaître son identité.

Les mobiles du preneur d'otages n'étaient pas clairement établis mais le forcené a obligé ses victimes à tenir plaquées contre une fenêtre de l'établissement un drapeau noir avec une inscription partiellement visible en caractères arabes. Il s'agit vraisemblablement d'un drapeau souvent repris à leur compte par les groupes jihadistes et mentionnant la "shahada", ou profession de foi musulmane: "Il n'y a de Dieu qu'Allah et Mahomet est son prophète". Ainsi, s'il a agi seul et présente une personnalité trouble, le preneur d'otages de Sydney n'en a pas moins mis en pratique la consigne diffusée par les groupes Al-Qaïda et Etat islamique: passez à l'action là où vous vivez, en faisant le plus de bruit possible. 

> Dix-sept personnes retenues en otages

Plus tôt dans la journée, quelques heures avant l'assaut de la police, cinq otages étaient parvenus à sortir du café en courant, mais à ce moment là, le nombre total de personnes retenues par le forcené était incertain.

Chris Reason, journaliste pour la chaîne Channel Seven, dont la salle de rédaction fait face au café, avait tweeté: "Nous avons compté environ 15 otages (...) un mélange de femmes, d'hommes, de jeunes, de vieux, mais pas d'enfants". "Nous voyons que le preneur d'otages les fait tourner, il les force à se mettre debout près des fenêtres, parfois pendant deux heures", avait ajouté le journaliste.

Lors d'une conférence de presse organisée dans la nuit, la police a finalement indiqué qu'un total de dix-sept personnes avaient été retenues en otages. 

> Un contexte de lutte antiterroriste

L'Australie, engagée aux côtés des Etats-Unis dans la lutte contre l'organisation Etat islamique (EI), avait relevé en septembre son niveau d'alerte face à la menace terroriste, représentée notamment par les combattants jihadistes australiens de retour d'Irak et de Syrie. Et fin octobre, elle avait durci sa législation antiterroriste en interdisant en particulier tout voyage sans raison valable vers des pays considérés comme des foyers du terrorisme international.

Martin Place, le quartier, où se situe le Café Lindt, est le centre financier de Sydney et compte de nombreuses administrations, dont les bureaux du Premier ministre de l'Etat de Nouvelle-Galles du Sud, Mike Baird, ainsi que le siège de la banque centrale. De nombreux commerces du quartier avaient été fermés et les passants étaient peu nombreux dans des rues qui fourmillent habituellement de piétons.

Adrienne Sigel, avec AFP