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Océanie

L'Australie offre l'asile aux citoyens de l'archipel de Tuvalu menacés par la montée des eaux

L'atoll de Funafuti, sur l'archipel de Tuvalu dans le Pacifique Sud, en février 2004 (photo d'illustration).

L'atoll de Funafuti, sur l'archipel de Tuvalu dans le Pacifique Sud, en février 2004 (photo d'illustration). - TORSTEN BLACKWOOD / AFP

L'archipel de Tuvalu, composé de neuf atolls sur un total de 26m², est menacé par la hausse du niveau des océans causée par le réchauffement climatique. Il pourrait être un des premiers pays du monde a être englouti.

Un traité "fondateur": l'Australie a annoncé ce vendredi 10 novembre offrir progressivement l'asile climatique aux quelque 11.000 citoyens de Tuvalu, petit ensemble d'îles du Pacifique grignoté par la montée des eaux et menacé de disparition.

Deux de ses neuf récifs coralliens ont déjà été engloutis et ce n'est qu'une question de temps - moins d'un siècle - avant que l'intégralité de son territoire ne devienne inhabitable, selon des experts.

Éviter une "fuite des cerveaux"

Ce vendredi, le Premier ministre australien Anthony Albanese et son homologue de Tuvalu Kausea Natano ont ainsi dévoilé les termes d'un pacte qui doit permettre aux citoyens de l'archipel de se réfugier en Australie pour "y vivre, y étudier et y travailler". Afin d'éviter toute "fuite des cerveaux" trop dommageable, le nombre d'entrées sera limité dans un premier temps à 280 par an.

Des sources du gouvernement australien ont également déclaré que Tuvalu choisirait les citoyens qui se verraient offrir l'accès à la nouvelle voie d'accès aux visas, rapporte The Guardian.

Kausea Natano a salué une "lueur d'espoir" pour sa nation, l'une des plus menacées par les effets du changement climatique.
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Jane McAdam, experte en droit des réfugiés, parle elle d'un texte "fondateur". "C'est le premier accord qui s'attaque spécifiquement à la mobilité climatique", affirme cette professeure à l'Université de Nouvelle-Galles du Sud. "La plupart des gens ne veulent pas quitter leur maison, ils ont des liens ancestraux très forts avec leur terre et la mer, mais cela leur offre une sécurité", dit-elle.

"Préserver l'avenir du peuple"

Le texte doit encore être ratifié par les deux parties pour entrer en vigueur. Les Tuvalais réfugiés en Australie auront notamment accès au système éducatif, de santé, à des aides financières et familiales, précise le traité.

Ce partenariat renforcé a été demandé par Tuvalu, a déclaré le premier ministre, "pour préserver l'avenir du peuple, de l'identité et de la culture de Tuvalu".

Aussi, l'Australie s'est engagée à mobiliser 16 millions de dollars australiens (9,5 millions d'euros) pour consolider les côtes de Tuvalu qui s'érodent et récupérer les terres submergées. Le texte déplore cependant que le passage à l'action soit si tardif, les conséquences du réchauffement climatique étant déjà palpables.

"En même temps, nous croyons que le peuple de Tuvalu mérite d'avoir le choix de vivre, étudier et travailler ailleurs, alors que le changement climatique empire", ont déclaré les deux dirigeants dans un communiqué conjoint.

Anthony Albanese a ajouté que l'Australie est ouverte à l'idée de conclure des accords similaires avec d'autres pays voisins de l'océan Pacifique, ajoutant qu'il faudrait toutefois un traité sur-mesure pour chaque candidat.

Tensions avec la Chine

Ce pacte peut représenter une victoire stratégique pour Canberra, qui entend renforcer son influence dans la région face à la présence accrue de la Chine.

Le traité comporte notamment un volet défense, engageant l'Australie à venir en aide à Tuvalu en cas d'"agression militaire", mais aussi de catastrophe naturelle ou de pandémie. Et il permet à Canberra d'avoir son mot à dire à propos de tout pacte de défense que l'archipel signerait avec d'autres pays.

Une possibilité d'autant plus importante que les îles Salomon, à l'ouest de Tuvalu, en ont conclu un avec Pékin, l'accord autorisant le déploiement de forces armées chinoises sur leur territoire.

"L'union Australie-Tuvalu sera perçue comme un jour important, lors duquel Australie a reconnu qu'elle faisait partie de la famille Pacifique", a déclaré Anthony Albanese, qualifiant lui aussi le traité de "fondateur" devant la presse, en marge du Forum des îles du Pacifique organisé dans les îles Cook.

Responsabilité dans le dérèglement climatique

Les relations ne sont pas parfaites pour autant entre Canberra et ses voisins, en particulier à cause de la dépendance australienne au charbon et aux exports de gaz, deux postes économiques polluants critiqués par les nations des environs qui subissent déjà de plein fouet la montée des eaux et une météo de plus en plus extrême.

Anthony Albanese a ainsi souligné que les pays développés doivent commencer à prendre plus de responsabilités dans la lutte contre le changement climatique, alors que ce sont ceux en développement qui en pâtissent le plus.

Le chef des Verts australiens, Adam Bandt, a réagi à l'annonce en déclarant que "ce serait encore mieux si le parti travailliste (du Premier ministre, NDLR) ne causait pas les dégâts en premier lieu et cessait d'approuver de nouvelles mines de charbon et de gaz".

Salomé Robles avec AFP