BFMTV
Environnement

Fonte des glaces, chaleur insupportable... L’ONU alerte sur six risques catastrophiques pour la planète

Une vue aérienne prise le 4 octobre 2023 montre un glacier et de la glace flottante dans le nord du Groenland (photo d'illustration).

Une vue aérienne prise le 4 octobre 2023 montre un glacier et de la glace flottante dans le nord du Groenland (photo d'illustration). - THOMAS TRAASDAHL / RITZAU SCANPIX / AFP

Dans ce nouveau rapport, l'ONU alerte sur des menaces déjà bien connues, comme la fonte des glaciers, mais il pointe également d'autres risques moins souvent évoqués lors de rencontres sur le climat.

Fonte des glaciers, chaleur insupportable, mais aussi crise des systèmes d'assurance et débris spatiaux: à un mois de la COP28, un nouveau rapport de l'Université des Nations unies (UNUEHS) met en garde contre six menaces qui pourraient faire basculer des systèmes indispensables à la vie humaine.

Si le concept de "point de basculement climatique" est désormais régulièrement utilisé par les scientifiques, ce nouveau rapport propose lui de créer une nouvelle catégorie, baptisée "points de bascule de risques". Elle se concentre sur l'interaction entre la nature et des systèmes construits par les humains, tels que le système d'alimentation en eau, en nourriture, etc.

"En abîmant la nature et la biodiversité, en polluant à la fois la Terre et l'espace, nous nous dirigeons dangereusement vers de multiples points de bascule de risques, qui pourraient détruire les systèmes dont notre vie dépend", a déclaré Zita Sebesvari, auteure principale du rapport.

Accélération des extinctions

En raison des activités humaines intenses, telles que "la surexploitation, le changement climatique, la pollution", relève l'UNUEHS, un des risques majeurs est l’extinction des espèces.

Un million d'espèces végétales et animales sont actuellement menacés d'extinction", alerte-t-il.

À ce chiffre, s'ajoutent 32 millions d'hectares de forêt primaire ou en voie de rétablissement, qui ont été perdus entre 2010 et 2015.

Fonte des glaciers

En raison du réchauffement climatique, les glaciers du monde fondent deux fois plus vite qu’au cours des deux dernières décennies. Entre 2000 et 2019, les glaciers ont perdu 267 gigatonnes de glace par an indique l'UNUEHS.

Selon le rapport, 50% des glaciers du monde devraient disparaître d'ici 2100.

Une étude publiée ce lundi 23 octobre dans la revue Nature Climate Chage par des chercheurs du British Antartic Survey alertait déjà sur l’effondrement de la calotte glaciaire de l’Antarctique, qui s’approche d’un piont de bascule climatique.

Épuisement des nappes phréatiques

Un autre risque est l'épuisement des eaux souterraines, utilisées en majeure partie pour l'agriculture, afin de compenser le manque d'eau lors par exemple de sécheresses.

"Ces souterrains fournissent de l’eau potable à plus de deux milliards de personnes et environ 70% des prélèvements sont utilisés pour l’agriculture" selon l'UNUEHS.

Certains endroits dans le monde ont déjà extrait des quantités importantes de leurs ressources en eaux souterraines. Le rapport note par exemple, que l'Arabie Saoudite a épuisé plus de 2016 % de ses réservoirs.

Accumulation des débris spatiaux

Le rapport met aussi en valeur certains risques moins souvent cités dans le cadre de discussions climatiques: l'accumulation de débris spatiaux. Si des milliers de satellites orbitent autour de la Terre pour recueillir des informations essentielles à la météo et aux communications, à mesure que le nombre de satellites augmente, le problème des débris spatiaux augmente également.

Pourquoi la Terre bat-elle ses records de chaleur ?
Pourquoi la Terre bat-elle ses records de chaleur ?
3:12

Selon l'UNUEHS, sur les 34.260 objets suivis en orbite, seuls 25 % environ sont des satellites fonctionnels.

"En 2009, une collision entre un satellite défunt et un satellite de communication actif a créé des milliers de débris qui orbitent encore autour de la Terre aujourd’hui", déclare l'UNUEHS.

Le risque pour l'Institut, est que ces débris percutent d’autres objets, "comme la Station spatiale internationale, qui effectue des manœuvres environ une fois par an pour éviter de tels débris", ajoute-t-il.

Fortes chaleurs

500.000 décès supplémentaires par an au cours des deux dernières décennies sont dus à la chaleur extrême, selon l'UNUEHS. Pour comprendre ces phénomènes, les scientifiques utilisent une mesure appelée température humide, qui combine la température et l’humidité.

"Il est important de noter qu’une température humide de 35°C est la limite supérieure de ce que les humains peuvent survivre", souligne l'UNUEHS.
"Les huit dernières années seront probablement les huit années les plus chaudes jamais enregistrées", a déclaré hier le Bureau des Nations unies sur X (ex-Twitter).

À l'heure actuelle, environ 30% de la population mondiale serait exposée à des conditions climatiques mortelles au moins 20 jours par an, indique l'Institut.

Système d'assurance fragilisé

Alors que ces risques sont de plus en plus fréquents, une autre menace pèse sur le système d'assurance. Avec la multiplication des catastrophes, le coût des dommages qu’ils infligent augmentent, et certains assureurs se retirent même de certaines zones, laissant les populations sans filet de sécurité.

Depuis 1970, "le coût des catastrophes à l'échelle mondiale" a augmenté sept fois, affirme le rapport. En 2022, les pertes économiques mondiales dues aux catastrophes s'élevaient à 313 milliards de dollars.

Deux types de solutions face à ces crises

Les chercheurs proposent aussi une nouvelle approche pour analyser les réponses possibles à ces crises, en les classant en deux catégories: les solutions visant à éviter les causes du problème, et celles d'adaptation face à des changements inévitables.

Chacune de ces solutions peut en outre s'inscrire dans le système existant, ou bien chercher à le transformer. Par exemple, face à l'augmentation des températures, l'installation de climatiseurs est une solution d'adaptation au sein du système, tandis que la réduction des émissions de gaz à effet de serre cherche à le transformer, en visant la cause du problème.

Selon le rapport, les solutions mises en place aujourd'hui cherchent surtout à retarder les points de bascule, plutôt qu'à réinventer les systèmes de fonctionnement.

Orlane Edouard avec AFP