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Nigeria: les lycéennes enlevées par Boko Haram toujours introuvables

Quelques unes des 57 lycéennes capturées par Boko Haram et ayant réussi à s'échapper, le 2 juin 2014.

Quelques unes des 57 lycéennes capturées par Boko Haram et ayant réussi à s'échapper, le 2 juin 2014. - AFP

Six mois après l'enlèvement massif de 276 lycéennes par les islamistes de Boko Haram, au Nigeria, 219 jeunes filles restent toujours introuvable. En Occident, la mobilisation pour tenter de les libérer est retombée.

C'était il y a six mois. Le 14 avril dernier, le groupe islamiste nigérian Boko Haram enlevait 276 adolescentes dans un lycée du nord du Nigeria, à Chibok. Kidnappées dans leurs dortoirs, les jeunes filles, âgées de 12 à 17 ans, avaient alors été emmenées dans la forêt de Sambisa, l'un des fiefs du groupe armé, près de la frontière avec le Cameroun. Depuis, plus rien. Si 57 des jeunes filles sont parvenues à s'enfuir durant les deux premiers jours de leur captivité, et ont été rendues à leurs familles, 219 sont toujours portées disparues. Sans que l'on sache quel sort leur a été réservé.

#BringBackOurGirls

Le 5 mai, le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, avait revendiqué l'enlèvement des lycéennes dans une vidéo. Quelques jours plus tard, un nouvel enregistrement montrait 130 jeunes filles voilées et récitant des versets du Coran. L'image avait frappé le monde entier, qui s'était alors mobilisé pour tenter de retrouver les adolescentes. A commencer par l'épouse du président américain, Michelle Obama. Cette dernière s'était affichée sur Twitter avec une pancarte portant l'inscription #BringBackOurGirls ("Rendez-nous nos filles"). Anonymes, célébrités, politiques: tous s'étaient alors raccrochés à la chaîne de solidarité, en s'affichant avec le fameux slogan, sur les réseaux sociaux.

Si, en Occident, le mouvement s'est essoufflé et les médias se sont finalement désintéressés du sort des Nigérianes, sur place, la mobilisation n'a pas faibli. Une manifestation s'est notamment tenue ce mardi à Abuja, la capitale du pays.

Renforcement de la notoriété de Boko Haram

Alors que les filles restent introuvables, le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau a véritablement profité de cet enlèvement de masse pour asseoir sa notoriété et finalement proclamer l'établissement du califat islamique, fin août, à Gwoza, une ville du nord-est du Nigeria. "Sur le fond, le chef de Boko Haram a tiré plus de visibilité en enlevant ces jeunes filles qu'en commettant des attentats", analyse l'islamologue Mathieu Guidère, interrogé par France Info.

"Dans les semaines qui ont suivi cet enlèvement massif, il y a eu des dizaines d'enlèvements de femmes, en particulier au sein des minorités chrétiennes dans le nord du Nigeria", ajoute le spécialiste. Boko Haram a en effet mené des dizaines de nouveaux kidnappings dans la région de Chibok, qui, à la différence du rapt des lycéennes, n'ont pas été relayés par les médias occidentaux.

Une version nigériane de Daesh?

Début octobre, alors qu'il était donné pour mort par l'armée nigériane, Abubakar Shekau est réapparu dans une nouvelle vidéo dans laquelle il vante, souriant et fanfaronnant, l'application de la charia dans son "califat", images de décapitations et de lapidations à l'appui. "Depuis la déclaration du califat par Daesh en Irak et en Syrie, le chef de Boko Haram veut faire la même chose. Il y a donc un vrai parallèle, qui remet en question les enlèvements, les kidnappings,les attentats, qui, malgré tout, continuent", fait valoir Mathieu Guidère.

Pour tenter d'endiguer la menace du groupe islamiste, le Nigeria et ses pays voisins ont mis en place une force régionale qui entrera en action en novembre, et sera composée de 700 soldats des armées du Niger, du Nigeria, du Tchad et du Cameroun.