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Turquie

Turquie: la maternité, "seule" carrière possible ppur une femme selon un ministre

Des femmes turques lors d'une marche de protestation contre l'islamisme le 22 novembre dernier, à Ankara.

Des femmes turques lors d'une marche de protestation contre l'islamisme le 22 novembre dernier, à Ankara. - Adem Altan - AFP

Le ministre de la Santé turc a estimé qu'élever des enfants devrait être "au centre des préoccupations" des femmes, alimentant ainsi la polémique lancée par le président turc Erdogan sur le statut des Turques dans la société.

La polémique lancée par le président islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan sur la place "naturelle" des femmes dans la société a rebondi vendredi en Turquie, après une sortie de son ministre de la Santé jugeant que la maternité était leur seule "carrière" possible.

A la faveur jeudi d'une tournée des premiers bébés de l'année dans les maternités d'Istanbul, le ministre a dispensé quelques conseils à leurs jeunes mères. "Les mères ne doivent pas mettre d'autres carrières que la maternité au centre de leur vie. Elever de nouvelles générations doit être au centre de leurs préoccupations", a lancé Mehmet Müezzinoglu, cité par les médias turcs.

Les Turcs outrés sur Internet

Ces déclarations ont suscité une volée de critiques sur les réseaux sociaux. "La maternité n'est pas une carrière", a réagi sur son compte Twitter l'écrivaine à succès Elif Safak, "les femmes turques doivent décider elles-mêmes de leur chemin dans la vie (pas se la faire imposer par des hommes politiques)".

Une députée de l'opposition, Aylin Nazliaka, a pour sa part suggéré à Mehmet Müezzinoglu "d'arrêter de parler". "Il a des motifs cachés derrière ces déclarations. Leur but est de faire des femmes des citoyennes de seconde zone", a-t-elle écrit sur Twitter. Droit dans ses bottes, le ministre de la Santé a pourtant réitéré ses propos vendredi. "La maternité n'est pas une carrière ouverte à tous (...) c'est une carrière indiscutable et sacrée", a-t-il insisté devant la presse turque.

Habitué des déclarations à l'emporte-pièces, le président Recep Tayyip Erdogan s'est lui aussi illustré récemment par une série de sorties sur le même thème qui ont outré les féministes. Fin novembre, il avait jugé l'égalité hommes-femmes "contre nature" et souligné que l'islam avait "défini une place pour les femmes: la maternité". Le mois dernier, le chef de l'Etat, élu en août dernier après onze ans à la tête du gouvernement, et qui milite fermement pour que les femmes aient au moins trois enfants, avait également comparé la contraception à une "trahison".

A. G. avec AFP