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Turquie

Attentat d'Ankara: qui sont les suspects?

La police scientifique sur les lieux de l'attentat, le 10 octobre, à Ankara.

La police scientifique sur les lieux de l'attentat, le 10 octobre, à Ankara. - Adem Altan - AFP

Le double attentat perpétré samedi dans la capitale turque, Ankara, qui a fait 95 morts, n'a toujours pas été revendiqué. Le gouvernement turc privilégie trois groupes suspects, dont les jihadistes de Daesh.

Qui se trouve derrière l'attentat le plus meurtrier qu'ait connu la Turquie? Plus de 24 heures après les faits, la double attaque suicide perpétrée samedi à Ankara, qui a fait au moins 95 morts, n'a toujours pas été revendiquée, mais le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a cité trois mouvements susceptibles d'en être l'auteur. Le point sur les trois pistes privilégiées par les enquêteurs turcs.

> Les jihadistes de Daesh

Comme l'ont relevé nombre de témoins, l'attaque meurtrière qui a visé une marche pour la paix qui se tenait devant la gare centrale de la capitale turque présente de nombreuses similitudes avec celle qui avait tué 33 militants de la même mouvance le 20 juillet dans la ville de Suruç, à la frontière syrienne.

Le mode opératoire, à savoir un ou plusieurs kamikazes qui se font exploser au milieu d'une foule, et la cible, des militants de la cause kurde, sont en effet identiques.

Il y a trois mois, le gouvernement turc avait identifié l'auteur de l'attaque de Suruç comme un jeune Turc parti combattre dans les rangs de Daesh en Syrie et avait attribué l'attentat, jamais revendiqué, au groupe jihadiste. L'opération a alors été présentée comme une revanche après leur défaite face aux milices kurdes dans la bataille de Kobané, en Syrie. Dimanche, les quotidiens turcs Hürriyet et Habertürk ont rapporté que le frère du kamikaze de Suruç pourrait être impliqué dans l'attaque d'Ankara.

Longtemps accusé de complaisance envers Daesh, le régime du président Recep Tayyip Erdogan a, après l'attentat de Suruç, mené quelques frappes aériennes contre le groupe jihadiste et rejoint la coalition internationale dirigée par les États-Unis. Un revirement susceptible de justifier des représailles des jihadistes.

> Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK)

La rébellion kurde a rendu Ankara responsable de l'attaque de Suruç et, en riposte, repris ses attentats meurtriers contre les soldats et policiers. Ces opérations et les représailles militaires turques qu'elles ont suscitées ont fait voler en éclat le cessez-le-feu qui tenait depuis plus de deux ans entre les deux parties. Dès dimanche, les médias favorables au régime ont voulu voir dans l'attaque d'Ankara la main du PKK.

La cible visée, des militants proches de leur cause, paraît toutefois peu crédible. D'autant que le PKK a déclaré samedi la suspension de ses activités jusqu'aux élections du 1er novembre, sauf en cas de légitime défense.

> L'extrême-gauche turque

Cité par Ahmet Davutoglu, le Parti/Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C) a commis de nombreux attentats en Turquie depuis les années 1970. Deux de ses membres ont ouvert le feu sur le consulat américain à Istanbul en août dernier, et il a revendiqué en mars une prise d'otage qui s'est soldée dans la même ville par la mort d'un magistrat et de deux membres d'un de ses commandos.

D'inspiration marxiste, le DHKP-C a toujours visé en priorité des symboles du capitalisme ou de l'Etat turcs, ainsi que des intérêts étrangers, souvent américains. S'il a souvent eu recours aux kamikazes, comme lors d'une attaque contre l'ambassade des Etats-Unis à Ankara en 2013, il n'a jamais visé de foules.

> "L'Etat mafia"

A ces trois suspects, le principal parti pro-kurde de Turquie, le Parti démocratique des peuples (HDP) en a ajouté un quatrième: le gouvernement lui-même. Le chef de file du HDP, Selahattin Demirtas, a mis en cause dès samedi un "Etat mafia" et "un Etat dont la mentalité le pousse à agir comme un tueur en série".

Selahattin Demirtas reproche au gouvernement de ne pas avoir suffisamment protégé la manifestation. Et il accuse le président Recep Tayyip Erdogan de nourrir la violence contre son parti, l'un des organisateurs de la manifestation de samedi, en l'accusant d'être le "complice" des "terroristes" du PKK. Des accusations balayées d'un revers de main par le gouvernement. 

A.S. avec AFP