BFMTV
Syrie

Syrie: Russie, Etats-Unis, France... qui se bat contre qui?

Un combattant kurde des YPG en faction à Al-Nashwa, en juillet 2015.

Un combattant kurde des YPG en faction à Al-Nashwa, en juillet 2015. - Delil Souleiman - AFP

INFOGRAPHIE - Alors que les principaux acteurs du conflit syrien sont à Vienne pour envisager les conditions d'un retour à la paix, les Etats-Unis ont annoncé l'envoi de troupes au sol afin de "contrecarrer Daesh". Plus la guerre civile dure, et plus les enjeux diplomatiques paraissent inextricables.

Une nouvelle rencontre s'est ouverte à Vienne pour tenter de trouver une issue au meurtrier conflit qui frappe la Syrie depuis quatre ans. Aucun accord décisif n'est attendu, mais pour la toute première fois, l'Iran a rejoint les principaux acteurs autour de la table. La présence conjointe des forces rivales américaine et russe est également considérée comme un bon signe: cette révolte devenue guerre civile débutée en 2011 a depuis très longtemps dépassé le simple conflit régional et il paraît impossible, à ce stade, d'imaginer une solution n'impliquant pas les puissances à l'œuvre.

Si l'utilisation de l'expression "troisième guerre mondiale", qu'on a pu voir en une de la presse magazine, semble excessive, elle a toutefois le mérite de souligner la complexité du casse-tête diplomatique qu'est devenu ce conflit.

Des acteurs soutenus par différents pays aux objectifs divers

Aujourd'hui, quatre acteurs majeurs se battent dans le pays. La multitude de factions représentant l'Armée syrienne libre (ASL), entité reconnue par l'Union européenne qui était à l'origine du soulèvement en 2011, est à la peine face aux armées loyalistes de Bachar al-Assad. Les Kurdes ont profité du conflit pour asseoir leur pouvoir dans les régions où ils sont installés et ont longtemps été perçus comme la seule force capable de s'opposer à l'irrésistible progression de Daesh, la quatrième force du conflit. Ces acteurs sont soutenus par divers pays aux objectifs distincts... et contradictoires.

-
- © BFMTV

Depuis l'origine du conflit, l'Iran s'est montrée solidaire du régime de Damas et a fini par lui prêter main forte sur le terrain en envoyant des soldats mi-novembre. La République islamique n'a fait qu'imiter la Russie qui avait déjà franchi le pas en septembre. L'objectif affiché est d'éradiquer les islamistes de Daesh. Pourtant, les rapports provenant du terrain signalent que la plupart des bombardements russes visent en fait... des positions tenues par l'ASL. Cette action a donc pour effet immédiat de renforcer le régime.

Tous contre Daesh, mais pour quel résultat final?

Les pays occidentaux, appuyés par les pays du Golfe, veulent aussi éradiquer Daesh, mais ils souhaitent également la chute de Bachar al-Assad. Avec l'attaque aux gaz de la Ghouta en 2013 perpétrée par les forces de Damas, les Etats-Unis ont raté l'occasion d'intervenir contre le dictateur qui venait de franchir la "ligne rouge".

C'est Daesh qui leur a finalement donné l'occasion d'intervenir, sous la forme de bombardements, en août 2015. Ils sont imités par la France, qui mène déjà une opération comparable en Irak, un mois plus tard. La coalition occidentale compte maintenant 18 pays alliés (sur la carte ne figurent que les principaux). Ce 30 octobre, Les Etats-Unis ont même annoncé l'envoi de forces spéciales sur le terrain pour "contrecarrer Daesh". Quant à la Turquie, elle fait partie de la coalition occidentale mais garde une place à part du fait de son hostilité envers les forces kurdes.

Outre les parties qui se disputent la Syrie, c'est bien une guerre d'influence à l'échelle mondiale qui se joue à travers ce conflit avec à la clef une domination régionale: entre les Etat-Unis et la Russie ou l'Iran, entre l'Iran ou le Hezbollah et l'Arabie Saoudite, entre la Turquie et les différentes entités kurdes, entre Daesh et les autres groupes jihadistes de la région...