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Syrie: "C'est vous qui avez aidé les terroristes", accuse Bachar al-Assad sur France 2 

Bachar al-Assad a été interviewé par "France 2".

Bachar al-Assad a été interviewé par "France 2". - Sana - AFP

Bachar al-Assad a accordé à France 2 une interview diffusée ce lundi soir dans le journal de 20 heures. Après quatre ans d'une guerre civile sanglante dans son pays, le leader syrien a de nouveau pointé du doigt les "terroristes" et leurs soutiens "occidentaux". Plus étonnant, il a évoqué des "contacts" entre ses services secrets et ceux de la France. Ce qu'il faut retenir de cet entretien.

Infréquentable, mais incontournable? Interviewé par France 2 depuis Damas, le président syrien Bachar al-Assad, empêtré depuis plus de quatre ans dans une guerre civile, s'est défendu d'avoir eu une quelconque part de responsabilité dans ce bain de sang qui a déjà coûté la vie à plus de 260.000 personnes, fait près de 6,5 millions de déplacés et 2,8 millions de réfugiés.

Quatre ans de conflit, toujours au pouvoir

La guerre en Syrie avait été précédée par des manifestations pacifiques pour des réformes politiques, qui avaient été matées dans le sang par le pouvoir en place, mais le leader syrien a préféré évoquer la piste de "terroristes" soutenus par l'Occident.

"Dès les premières semaines du conflit, des terroristes se sont infiltrés en Syrie, avec l'appui d'Etats occidentaux et régionaux", a-t-il accusé. "Ils ont commencé à attaquer les civils et détruire des propriétés publiques et privées. Notre rôle, en tant que gouvernement, est de défendre notre société et nos citoyens", a ajouté Bachar al-Assad.

Preuve, à ses yeux, de sa bonne foi, le président syrien est ensuite revenu sur le fait qu'il tient toujours, aujourd'hui, les rênes de son pays. "Comment un gouvernement ou un président, qui a agi de façon brutale envers sa population, tué ses concitoyens, et affronté les pays et les forces politiques les plus puissants du monde bénéficiant des pétrodollars des pays du Golfe, comment aurait-il pu résister pendant quatre ans?", a-t-il demandé, pour se justifier.

> Il y a eu des contacts avec les services de renseignement français

Si, au cours de son entretien à France 2, Bachar Al-Assad a réitéré les justifications qu'il met en avant depuis le début de la crise syrienne, celui que d'aucuns décrivent comme un dictateur, voire "un boucher", a fait quelques révélations étonnantes. Et elles concernent directement la France.

Ainsi, le leader syrien a affirmé ce lundi soir que des contacts ont lieu entre les services de renseignement français et syriens. Le tout en dépit de la rupture des relations diplomatiques bilatérales depuis 2012. "Il y a des contacts mais il n'y a pas de coopération", a-t-il toutefois affirmé. "Nous avons rencontré certains responsables de vos services de renseignement mais il n'y pas de coopération" ni d'échanges d'informations, a-t-il ajouté sans les identifier.

Toujours selon sa version des faits, des responsables français "sont venus en Syrie mais nous ne sommes pas allés en France. Ils sont peut-être venus pour échanger des informations mais quand vous voulez avoir ce type de collaboration, il faut de la bonne volonté des deux côtés", a poursuivi le leader syrien. Dans la même veine, Bachar al-Assad affirme n'avoir "rien à demander aux services de renseignements français".

> Renouer le dialogue?

La question avait fait grand bruit il y a peu, quand quatre parlementaires français s'étaient rendus à Damas avant, pour trois d'entre eux, de rencontrer le chef d'Etat syrien: faut-il reprendre le dialogue avec Bachar al-Assad? A cette question, le président syrien se dit ouvert, mais à certaines conditions. "Nous sommes toujours intéressés au dialogue avec quiconque", a-t-il assuré.

"Mais comment peut-on établir un dialogue avec un régime qui soutient le terrorisme dans notre pays?", questionne Bachar al-Assad, qualifiant à nouveau les opposants à son régime de "terroristes".

"Ce sont eux qui se sont trompés avec la Syrie", a-t-il encore attaqué. "Nous n'avons tué aucun Français ni aucun Européen. Nous n'avons pas aidé les terroristes dans votre pays, nous n'avons pas aidé ceux qui ont attaqué Charlie-Hebdo. C'est vous qui avez aidé les terroristes".

Jé. M.