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Syrie

Palmyre, joyau antique du désert syrien

Palmyre, cité antique érigée il y a plus de 2.000 ans dans le désert syrien, classée au patrimoine mondial de l'Unesco, est tombée aux mains des jihadistes de l'Etat islamique, ce jeudi matin, laissant craindre des destructions à venir. Zoom sur ce joyau du patrimoine syrien.

Comme d'autres cités antiques irakiennes avant elle, Palmyre est tombée aux mains des jihadistes. Cette cité antique du désert syrien, à la valeur inestimable, a été prise ce jeudi matin par les combattants de l'État islamique (EI), qui ont d'ores et déjà pénétré sur le site. Palmyre est réputée pour ses colonnades torsadées romaines, ses temples et ses tours funéraires, vestiges d'un brillant passé.

Une ancienne place forte du commerce

Située à 210 km au nord-est de Damas, la "perle du désert", inscrite par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité en 1980, est une oasis dont le nom apparaît pour la première fois sur une tablette au 19e siècle avant notre ère. Elle fut un point de passage des caravanes entre le Golfe et la Méditerranée et une étape dans la route de la soie.

Mais c'est avec la conquête romaine à partir du 1er siècle avant Jésus-Christ et durant quatre siècles, que Palmyre (Cité des palmiers) -dont le nom officiel en Syrie est Tadmor (qui signifie "Cité des dattes")- connaît un essor remarquable. Elle devient une place luxueuse et luxuriante en plein désert grâce au commerce d'épices et de parfums, de la soie et de l'ivoire de l'est, des statues et du travail du verre de Phénicie.

Des temples érigés au 2e siècle

En 129, l'empereur romain Hadrien en fait une cité libre et elle prend le nom d'Adriana Palmyra. C'est à cette époque que les principaux temples, comme celui de Bel, ou l'Agora ont été construits.

La trinité composée du dieu babylonien Bel, équivalent de Zeus, de Yarhibol (le soleil) et Aglibol (la lune) y était vénérée avant l'arrivée du christianisme au 2e après Jésus-Christ. Au 3e siècle, profitant des difficultés de l'empire romain, la ville s'érige en royaume. Elle défie les Perses et Zénobie devint reine.

En 270, Zénobie conquiert toute la Syrie, une partie de l'Égypte, et arrive même en Asie mineure. Mais l'empereur romain Aurélien reprend la ville, la reine Zénobie est conduite à Rome. Palmyre entame alors son déclin.

Des milliers de visiteurs quotidiens

Avant le début du conflit en Syrie, en 2011, plus de 150.000 touristes visitaient la ville aux 1.000 colonnes, aux statues, et à la formidable nécropole de 500 tombes où les riches Palmyréniens avaient construit une série de monuments funéraires somptueusement décorés, dont certaines ont été récemment pillés.

Le plus beau site de Syrie porte des stigmates -notamment la chute de piliers et des chapiteaux corinthiens- des combats qui opposèrent entre février et septembre 2013 les rebelles à l'armée, qui prit le dessus.

D'après le gouverneur de la province, la ville intra-muros compte près de 35.000 habitants et déplacés qui s'y sont installés depuis le début du conflit, et le double avec sa banlieue. La majorité des habitants sont au chômage faute de touristes. Mais selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), plus de 100.000 personnes peuplent la région de Palmyre.

La chute de cette ville, vieille de plus de 2.000 ans, fait craindre pour le sort de ses célèbres ruines, l'EI ayant déjà détruit des trésors archéologiques en Irak. La directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, s'est dite mercredi "vivement préoccupée" par la situation dans la cité antique et appelé à la cessation "immédiate" des hostilités.

A.S. avec AFP