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Syrie

La stratégie des frappes aériennes contre Daesh a-t-elle échoué?

Une frappe s'abat sur le territoire syrien. (photo d'illustration)

Une frappe s'abat sur le territoire syrien. (photo d'illustration) - BFMTV

Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a annoncé lundi que la France mènerait d'autres frappes aériennes en Syrie contre Daesh, après la première opération de dimanche ayant visé un camp d'entraînement de l'organisation jihadiste. Cette stratégie, déjà menée par la France en Irak, est-elle efficace?

Depuis le début des opérations de la coalition internationale menée par les Etats-Unis en Irak et en Syrie, en août 2014, des milliers de frappes aériennes ont été réalisées contre les jihadistes de Daesh. La France, qui menait jusqu'à présent des frappes au-dessus de l'Irak, a débuté le même type d'opérations en Syrie, dimanche, après avoir effectué des vols de reconnaissance.

D'autres frappes à venir

Pour autant, malgré les efforts fournis, les jihadistes de l'organisation Etat islamique ne semblent pas affaiblis. Ils ont même continué à progresser sur le terrain. Malgré ce constat, hors de question pour Jean-Yves Le Drian de parler d'échec de la campagne de frappes aériennes.

"Demain, c'est même le Liban qui pouvait être remis en cause. Si nous n'avions pas été là avec d'autres, avec la quinzaine de pays qui sont intervenus en Irak, Bagdad aurait été aux mains de Daesh", a estimé le ministre de la Défense, sur BFMTV, lundi. "Il y aura d'autres frappes, d'autres engagements, pour nous protéger", a-t-il ajouté.

Une réponse insuffisante?

Selon le dernier décompte du Pentagone, plus de 7.000 frappes ont été menées par la coalition. Des opérations très ciblées, à l'image de celle dirigée la France dimanche en Syrie, contre un camp d'entraînement de Daesh en Syrie. Mais pour certains spécialistes, le remède s'avère insuffisant sans solution politique.

"Dans les airs, il y a une coalition qui a été lancée il y a un an par les Américains. Au sol, il y a les Iraniens, les Syriens. Le deuxième niveau, c'est le niveau diplomatique. C'est-à-dire, quelle solution politique mettons-nous en place pour le court terme, le moyen terme ou le long terme, pour sortir de la crise", estime le général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française auprès de l'ONU, sur BFMTV.

Un avis partagé par Christian Makarian, directeur délégué de la rédaction de L'Express et spécialiste des questions internationales. "Il existe une partie militaire et une partie diplomatique. La partie militaire, c'est l'opération au sol. Il faudra s'entendre avec les Russes d'une manière ou d'une autre, et peut-être même avec les Iraniens, puisque ce sont les deux seules forces qui peuvent combattre Daesh. La partie diplomatique oblige à l'inverse à tenir tête à Poutine. Et c'est là qu'il y a un jeu très difficile à mener", explique-t-il au micro de BFMTV.

La nécessité d'occuper le terrain

Malgré l'efficacité limitée des frappes, occuper le terrain en Syrie est essentiel pour les Occidentaux, fait valoir Christian Makarian. "Les frappes n'ont pas que pour but d'écraser Daesh, puisque ce n'est pas le cas. Elles visent aussi à rester présent dans ce conflit en position dominante, afin que le soutien apporté par les Russes à Assad ne puisse pas être la compensation de la lutte contre les jihadistes. Il faut déjouer le piège de Poutine", détaille le spécialiste. 

Cette fameuse solution politique était au coeur des discussions entre Barack Obama et Vladimir Poutine, lundi, à l'ONU. Mais pour l'heure, Washington et Moscou restent profondément divisés sur l'issue d'un éventuel processus de transition politique.

A.S. avec Rym Bey et Timothée Le Blanc