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États-Unis

Poignée de main glaciale entre Obama et Poutine à l'ONU

Les présidents américain et russe, Barack Obama et Vladimir Poutine, se sont retrouvés lundi à l'ONU, à New York, pour leur première rencontre officielle depuis deux ans. Les deux hommes ont débuté cette séquence en posant devant les photographes: 11 secondes, pas un mot prononcé. Glacial.

La poignée de main a été franchement glaciale. Les présidents américain et russe, Barack Obama et Vladimir Poutine, se sont retrouvés lundi à l'ONU, pour un entretien dans le cadre de l'Assemblée générale. Les deux hommes ont, comme il est de coutume, débuté leur rencontre en posant devant les photographes. Raides, froids, Barack Obama et Vladimir Poutine se sont alors brièvement serrés la main pendant quatre secondes. Sans se regarder. Sans échanger un mot. La séquence photo a ensuite été abrégée. Elle n'aura duré au total que 11 secondes glaciales.

Au coeur de leurs discussions, le dossier syrien, et la recherche de de solutions pour mettre fin au conflit qui ravage le pays. Mais les deux hommes restent extrêmement divisés sur la question de la place à réserver à Bachar al-Assad.

Réelles divergences

A l'issue de leur entretien d'environ 90 minutes, le président russe a évoqué un entretien "constructif, étonnamment ouvert" avec son homologue américain et parlé d'une possible coopération. Il a cependant mis en avant de réelles divergences sur les moyens de mettre un terme à une guerre qui a déjà fait plus de 240.000 morts.

Vladimir Poutine n'a pas exclu des frappes russes, mais a en revanche écarté l'envoi de troupes de combat au sol pour lutter contre les jihadistes de Daesh, mettant plutôt en avant sa volonté "d'aider davantage l'armée syrienne". Preuve des tensions persistantes avec les Occidentaux, le chef du Kremlin n'a pas résisté à la tentation de tacler Barack Obama et François Hollande: "J'ai le plus grand respect pour mes homologues américain et français mais ils ne sont pas des ressortissants syriens et ne doivent donc pas être impliqués dans le choix des dirigeants d'un autre pays". 

Désaccords à la tribune

Cette première rencontre officielle entre Barack Obama et Vladimir Poutine depuis plus de deux ans a été consacrée pour moitié à la Syrie et pour moitié à la crise dans l'Est de l'Ukraine. En écho aux propos du président russe, un responsable américain a décrit une "volonté partagée" de trouver des réponses face à la guerre en Syrie qui a provoqué une crise migratoire sans précédent, mais constaté un réel désaccord sur l'issue d'un éventuel processus de transition politique.

Selon la même source, les deux hommes ont souligné la nécessité de communiquer au niveau militaire pour éviter d'éventuels conflits entre eux dans la région. Quelques heures plus tôt, ils avaient affiché leurs désaccords au grand jour à la tribune de l'ONU, s'accusant mutuellement d'avoir contribué aux tensions dans la région.

Assad le "tyran"

Dans un discours centré sur la force de la diplomatie, exemples de l'Iran et de Cuba à l'appui, Barack Obama a clairement indiqué qu'il fallait se préparer à tourner la page Assad: "Après tant de sang versé et de carnages, il ne peut y avoir un retour au statu quo d'avant la guerre". Et dans une référence claire à Moscou, il a dénoncé la logique consistant à soutenir un "tyran" qui massacre des enfants innocents" sous prétexte que l'alternative "serait pire".

Pour Vladimir Poutine, à l'inverse, le dirigeant syrien représente un gouvernement légitime avec lequel refuser de coopérer serait une "énorme erreur". Face à Daesh, le président russe a appelé à la tribune à une "large coalition antiterroriste", semblable à "celle contre Hitler" au cours de la Seconde guerre mondiale.

"Nous devons reconnaître que personne d'autre que les forces armées du président (syrien) ne combat réellementé" Daesh, a lancé le chef du Kremlin qui faisait son grand retour à l'Assemblée générale de l'ONU après dix ans d'absence.

Adrienne Sigel, avec AFP