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CARTE - Les sites historiques détruits ou menacés par Daesh en Irak et en Syrie

Quels sont les sites auxquels l'EI s'est attaqué en Irak et en Syrie?

Quels sont les sites auxquels l'EI s'est attaqué en Irak et en Syrie? - Riad Al Jaber - Wikimedia - CC ; montage BFMTV

CARTE INTERACTIVE - La cité antique de Palmyre vit-elle ses dernières heures? Les jihadistes de l'Etat islamique sont entrés sur ce célèbre site archéologique de Syrie, vieux de 2.000 ans, ce jeudi matin, laissant craindre sa destruction. Un sort déjà réservé à plusieurs sites irakiens.

Les jihadistes de l'organisation Etat islamique se sont emparés jeudi matin de la ville syrienne de Palmyre, mettant ainsi la main sur sa célèbre cité antique, classée au patrimoine mondial de l'humanité, établi par l'Unesco. Cette arrivée des jihadistes laisse craindre une destruction de ces vestiges à la valeur inestimable, vieux de plus de 2.000 ans. Un sort qu'ont déjà connu ces derniers mois plusieurs sites historiques en Irak, pillés, massacrés, voire tout simplement détruits. Quels sites culturels ont été détruits en Irak, et quels sont ceux qui restent menacés par l'offensive de Daesh, à la fois en Irak et en Syrie, où le groupe jihadiste poursuit son avancée? BFMTV.com fait le point à l'aide d'une carte interactive.

> Les sites détruits en Irak

- Le musée de Mossoul: en février 2015, une vidéo filmée dans le musée de Mossoul et diffusée par Daesh montre la destruction de centaines d'oeuvres millénaires, datant de l'ère assyrienne et de la période hellénistique, à grand renfort de masses et de marteaux-piqueurs. Un taureau ailé androcéphale datant du 7e siècle avant Jésus-Christ, provenant de l'un des sites antiques d'Irak, est endommagé.

Les jihadistes de Daesh saccagent le musée de Mossoul dans des images de propagande diffusées fin février.
Les jihadistes de Daesh saccagent le musée de Mossoul dans des images de propagande diffusées fin février. © Capture d'écran

- La tombe de Jonas à Mossoul: en juillet 2014, le tombeau du prophète Jonas, l'un des plus célèbres mausolées de Mossoul, est détruit par les jihadistes de l'Etat islamique, qui le font exploser à la dynamite. Les membres de Daesh justifient leur acte par le fait qu'une mosquée avait été construite sur ce tombeau, haut lieu de pèlerinage, assimilé à de l’idolâtrie. 

- La Bibliothèque de Mossoul: on apprend début février 2015 que plus de 2.000 ouvrages issus de la collection de la Bibliothèque centrale de Mossoul auraient été brûlés au mois de janvier. Parmi les ouvrages antiques ravagés par les flammes se trouveraient des cartes, des manuscrits datant de l'Empire ottoman, des livres traitant d'histoire, de philosophie, de santé ou encore de poésie.

- La cité antique de Hatra: début mars 2015, l'Unesco dénonce la destruction par Daesh de la cité antique de Hatra, située dans le nord de l'Irak. Une vidéo diffusée par le groupe jihadiste en avril atteste de cette situation, et montre des hommes en train d'arracher des sculptures et d'abîmer des statues au fusil et à la pioche. Située à 100 km au sud-ouest de Mossoul, Hatra est une cité de la période romaine vieille de 2.000 ans, inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco.

- La cité antique de Nimrud: en mars 2015, une vidéo diffusée sur Internet par Daesh montre les jihadistes détruisant, à l'aide de bulldozers, les ruines de Nimrud, une cité antique du 13e siècle avant Jésus-Christ. Ce joyau de l'art assyrien est situé à 20 kilomètres au sud de Mossoul, sur les bords du Tigre. L'Unesco dénonce un "crime de guerre", et saisit le Conseil de sécurité de l'ONU et la Cour pénale internationale.

Le groupe Etat islamique s'est attaqué aux ruines assyriennes de Nimrud, en Irak, photographiées ici au cours d'un chantier de restauration, en 2001.
Le groupe Etat islamique s'est attaqué aux ruines assyriennes de Nimrud, en Irak, photographiées ici au cours d'un chantier de restauration, en 2001. © Karim Saheeb - AFP

- La citadelle de Tal Afar: selon des images diffusées en janvier 2015, les combattants de l'Etat islamique ont entrepris la destruction de la citadelle de Tal Afar, à une soixantaine de kilomètres de Mossoul. Les murs de l'édifice, une forteresse datant de l'Empire ottoman, ont été sérieusement endommagés.

- L'église verte et le mausolée Al-Arbaïn de Tikrit: en septembre 2014, l'Etat islamique fait exploser un sanctuaire musulman et une église millénaire dans la ville de Tikrit, l'ancien fief de Saddam Hussein. Le site sacré de la mosquée Al-Arbaïn, connue pour être le lieu de sépulture de 40 figures de l’islam, a été dynamité. L’Eglise verte, un bâtiment creusé dans la roche et dont la première construction remonte au 7e siècle, connaît le même sort.

> Les sites menacés en Syrie et en Irak

- La cité antique de Palmyre: la cité antique de Palmyre, située dans le centre de la Syrie, est un vestige inestimable, vieux de plus de 2.000 ans. Les ruines de ce qui fut une ville richissime, capitale marchande du Moyen-Orient, sont le seul exemple au monde d'un style original né du mélange des cultures locales, perse, gréco-romaine et islamique. Un joyau aujourd'hui menacé: après avoir pris le contrôle de la ville de Palmyre, des observateurs rapportent que Daesh est entré dans sa cité antique, laissant craindre sa destruction.

La cité antique de Palmyre, en Syrie.
La cité antique de Palmyre, en Syrie. © AFP

- La vieille ville de Damas: la capitale de la Syrie est l'une des plus anciennes villes du Moyen-Orient. Fondée au 3e millénaire avant Jésus-Christ, elle recèle de nombreux trésors archéologiques, dont 125 monuments qui ont contribué à la faire entrer au registre du patrimoine de l'humanité établi par l'Unesco, au titre de "valeur universelle exceptionnelle". Parmi ces trésors, la grande mosquée des Omeyyades, édifiée au 8e siècle sur le site d'un sanctuaire assyrien. La capitale, dont la plupart des quartiers sont fermement tenus par Bachar al-Assad, a en grande partie été épargnée par les combats, mais les combattants de plusieurs groupes islamistes ne sont pas loin, et progressent.

- La vieille ville de Bosra: la ville de Bosra était jadis la capitale de la province romaine de Syrie. Derrière les murailles de cette place forte sont conservés un théâtre romain du 2e siècle, des ruines paléochrétiennes et plusieurs mosquées. La ville antique est demeurée presque intacte. L'Unesco se montre très inquiète en ce qui concerne ces vestiges, car la zone est un champ de bataille. On rapporte que les snipers du régime d'Assad se cachent sur les toits de la ville moderne, reculant devant l'offensive de l'Etat islamique.

- La vieille ville d'Alep: la ville syrienne d'Alep est au carrefour de plusieurs villes commerciales. L'occupation de cette zone est très ancienne, puisqu'elle date du 10e siècle avant Jésus-Christ. Cela fait d'elle l'une des plus vieilles villes du monde. La cité, au cours de son histoire, a successivement subi la domination des Hittites, des Assyriens, des Arabes, des Mongols, des Mamelouks et des Ottomans. Sa richesse culturelle est à l'image de ces différentes occupations. Mais Alep est également le lieu de combats acharnés: cible de l'armée syrienne libre (ASL) au début de la guerre civile, elle est maintenant convoitée par Daesh. La ville est dans un état très préoccupant, et certains quartiers ont été tout bonnement rasés.

- Samarra: située en Irak, la ville de Samarra, fondée au 9e siècle, n'a été rien de moins que le siège d'une puissante capitale islamique, celle du califat abbasside, régnant sur un territoire qui allait de l'Asie Centrale à la Tunisie. Le site historique, immense, est long de plus de 40 kilomètres pour une largeur de 4 à 8 kilomètres. Il est surtout connu pour son magnifique minaret en forme de ziggourat, datant du 9e siècle. Les archéologues estiment que 80% des vestiges ne sont pas encore découverts. Des combats s'y sont déroulés en juin 2014, lorsque Daesh s'est emparé de la région. 

Le minaret de Samarra, en Irak, bientôt menacé par Daesh?
Le minaret de Samarra, en Irak, bientôt menacé par Daesh? © AFP

- Assour: cette ville irakienne, la première capitale de l'empire assyrien du 14e au 9e siècle avant Jésus-Christ a été un carrefour commercial international important. Assour était une ville-Etat et une capitale religieuse, ce qui explique la richesse de ses monuments. Malheureusement, elle se trouve aussi sur une zone d'affrontement entre Daesh et les troupes irakiennes, et les archéologues redoutent sa destruction.

Adrienne Sigel et Olivier Laffargue