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Près d'un mois après les attaques contre Israël, un dirigeant du Hamas répond à BFMTV

DOCUMENT BFMTV - Nos envoyés spéciaux ont pu s'entretenir avec Bassem Naim, responsable des relations extérieures du Hamas. Une interview dont nous diffusons quelques extraits, en mettant en perspective la propagande du mouvement terroriste avec la réalité des faits.

Près d'un mois après les attaques sanglantes du Hamas contre Israël, qui ont fait au moins 1400 morts, les envoyés spéciaux de BFMTV Igor Sahiri et Domitie Bertaud ont pu longuement s'entretenir en visioconférence avec Bassem Naim, responsable des relations extérieures du mouvement terroriste. Il s’agit ici de confronter les faits à la propagande en posant les questions directement au Hamas, sans intermédiaire, et en rappelant le contexte de la tragédie du 7 octobre.

Nous avons choisi d'en diffuser quelques extraits en les mettant en perspective, comme nous l’avons déjà fait - en citant d’autres déclarations du Hamas sur des chaînes de télévision arabes et européennes. "Il s’agit d’un document, pas d’un témoignage ni d’une tribune", rappelle notre éditorialiste international Ulysse Gosset. "Et il ne s’agit certainement pas de permettre de réécrire l’histoire ou de permettre justifier les crimes du 7 octobre."

Une réécriture de l'histoire

À ce sujet, Bassem Naim responsable des relations extérieures du Hamas, "réfute catégoriquement" la qualification d'acte terroriste, évoquant en lieu et place "un acte de défense".

"En tant que peuple vivant sous occupation, nous avons toujours le droit de nous défendre, de quelque manière que ce soit, y compris par la résistance armée", assure-t-il au micro de BFMTV.

"Les Palestiniens ont le droit de frapper à la porte de leur prison et d'essayer de se débarrasser des murs de cette prison", plaide le responsable des relations extérieures du Hamas.

"Il s’agissait donc d’un acte défensif, d’un simple acte de défense. Ce dont je suis sûr c’est que le commandement des brigades al Qassam (la branche armée du mouvement palestinien, NDLR) a donné l’instruction claire aux soldats de ne pas faire de mal aux civils, de ne pas attaquer les civils", assure-t-il.

Une affirmation que Bassem Naim a déjà formulée auprès de plusieurs médias internationaux, dont Sky News le 9 octobre. Et ce malgré les faits, en totale contradiction avec le discours: au moins 1400 personnes ont été tuées par les combattants du Hamas. Parmi eux de nombreux civils, femmes et enfants qui ont subi des tortures et des actes de barbarie qui constituent des crimes contre l’humanité.

"Dans mes souvenirs, il n'y a pas eu autant de juifs tués en une seule journée depuis l'Holocauste", dénonçait le même jour le président de l'État hébreu, Isaac Herzog.

Si la branche politique du Hamas - installée à Doha, au Qatar - affirme ne pas avoir donné l’ordre, pourquoi ne condamne-t-elle pas les atrocités du 7 octobre? "Si il n’y a pas condamnation, on reste face à une tentative de réécriture de la tragédie de l’histoire et d’une tentative de manipulation mensongère", observe notre éditorialiste international Ulysse Gosset. "Le refus de toute condamnation revient pour ce porte-parole à justifier les massacres, ce qui est inacceptable."

Les otages comme monnaie d'échange

Depuis le 7 octobre, en représailles, l'armée israélienne a débuté d'importantes manœuvres, bombardant jour et nuit la bande de Gaza. Or, c'est à l'intérieur de la bande de Gaza que se trouvent au moins 240 otages - dont des enfants - enlevés par le Hamas.

"Ces otages sont à différents endroits, avec des personnes et des groupes différents", affirme Bassem Naim. à BFMTV.

"Mais nous avons aussi déclaré dès le départ que nous étions prêts à libérer immédiatement tous les otages civils si les conditions nécessaires sont réunies", assure le responsable des relations extérieures du Hamas.

Le 28 octobre, trois semaines après les attaques du 7 octobre, le mouvement terroriste a affirmé être prêt à relâcher les otages enlevés en échange de la libération de tous les Palestiniens incarcérés en Israël. "Le prix à payer pour le grand nombre d'otages de l'ennemi qui sont entre nos mains est de vider les prisons de tous les détenus" palestiniens, avait déclaré le porte-parole militaire du Hamas, Abou Obeida, dans un enregistrement vidéo diffusé par la chaîne de télévision du Hamas, Al-Aqsa.

Le gouvernement israélien n'a pour l'instant pas répondu favorablement à cette offre, martellant par la voix du Premier ministre Benjamin Nethanyahu la "nécessité" de détruire le Hamas. Quatre otages ont toutefois déjà été libérés par le mouvement islamiste, notamment grâce à une médiation du Qatar et de l'Egypte.

"Je ne sais pas" combien d'otages "sont encore en vie"

Le porte-parole de la branche militaire du Hamas a en outre annoncé, ce mardi 31 octobre, que l'organisation allait libérer des otages étrangers "dans les prochains jours". Auprès de BFMTV, Bassem Naim estime qu'un "cessez-le-feu" permettra au mouvement palestinien "de récolter des informations sur ces personnes".

"Où sont-elles? La semaine dernière, le porte-parole des brigades Al Qassam a déclaré qu’une cinquantaine de ces otages ont été tués avec nos familles sous les bombardements israéliens", explique le responsable. "Donc après une semaine supplémentaire, je ne sais pas combien d’entre eux sont encore en vie et combien ont été tués par Netanyahu et son régime d’apartheid."

Sur ce dossier, le porte-parole du Hamas affirme ne pas savoir combien sont encore en vie: il est possible en effet, qu'il n'ait pas l'information - qui est tenue secrète.

Les appels aux cessez-le-feu ne cessent de se multiplier depuis 30 jours, certains alliés d'Israël défendant une "trêve" ou une "pause" humanitaire. "Il y a deux jours nous avons proposé la libération de 8 civils en échange d’un cessez-le feu d’une durée de 6 heures. Ce qui nous aurait permis de rassembler ces otages, mais Israël a refusé cette offre", dénonce Bassem Naim auprès de BFMTV. Une affirmation invérifiable.

"Il n'y aura pas de cessez-le-feu sans le retour des otages", a déclaré de son côté dimanche Benjamin Nethanyahu, lors d'une visite rendue à des pilotes de l'armée de l'air israélienne.

"Qu'ils suppriment complètement ce terme (cessez-le-feu, NDLR) du vocabulaire", a poursuivi le Premier ministre israélien. "Nous le disons à nos ennemis comme à nos amis. Nous continuerons jusqu'à ce que nous les battions, nous n'avons pas d'autre choix."

Si Israël refuse tout cessez-le-feu avant une libération de tous les otages, cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas ou qu'il n'y aura pas de tractations. Mais l'heure est encore aux combats: l'armée israélienne a affirmé dimanche 5 novembre avoir coupé la bande de Gaza en deux, dans la perspective d'y détruire le centre de commandement du Hamas.

Igor Sahiri, Domitie Bertaud, Ulysse Gosset et Grégory Philipps, avec Ariel Guez