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Palestine

"On n'est jamais en sécurité": une Franco-Palestinienne raconte son quotidien à Gaza

Eau potable, nourriture, électricité... Les habitants de la bande de Gaza subissent un siège total les privant d'aide humanitaire. En outre, cette enclave palestinienne est pilonnée par l'armée israélienne depuis près de trois semaines.

Les attaques contre la bande de Gaza s'intensifient. L'armée israélienne a dit ce lundi 30 octobre avoir frappé "plus de 600 cibles" en 24 heures et des chars israéliens ont effectué une incursion dans un quartier à la lisière de Gaza-ville. Les habitants de cette enclave palestinienne subissent une crise humanitaire sans précédent.

"Nous vivons vraiment dans la difficulté, nous n'avons même plus la notion du temps: nos journées se ressemblent toutes, c'est très très compliqué au quotidien", témoigne auprès de BFMTV Sonia Alashqar, Franco-Palestinienne vivant dans la bande de Gaza.

"On n'est jamais en sécurité"

Au moins 1,4 million de Palestiniens de Gaza, soit plus de la moitié de la population, ont été déplacés depuis le début de la guerre, selon l'ONU. Sonia Alashqar a trouvé refuge dans le sud de l'enclave "chez des proches de la famille".

"On n'est jamais en sécurité", affirme-t-elle toutefois, expliquant que même dans cette région, où l'armée israélienne a appelé la population civile à fuir, il y a "des bombardements tous les jours".

Son mari, lui, est toujours au nord de la bande de Gaza. "Il y a des jours où je n'ai aucune nouvelle, des fois j'ai des SMS... Je suis très inquiète pour sa vie", affirme Sonia Alashqar.

"Un combat" pour l'eau et la nourriture

Au-delà des frappes incessantes, la bande de Gaza subit un siège total privant les habitants d'eau, de nourriture, d'électricité et de carburants. Seuls 117 camions d'aide humanitaire ont pu entrer à Gaza depuis le 21 octobre, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).

"Les trois quarts des boulangeries ont fermé parce qu'il n'y a plus de gaz pour faire fonctionner les fours", raconte Sonia Alashqar.

"C'est très compliqué (...), pour tout ce qui est pain ou même eau potable, c'est tous les jours un combat". Elle explique faire des files d'attente "qui peuvent durent cinq heures" pour se réapprovisionner.

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"Pour l'eau potable, ce sont des bidons de 25 litres apportés près des écoles, donc c'est toujours un danger d'attendre dehors et de les remplir", confie-t-elle.

Pas d'information sur un rapatriement

Sonia Alashqar est mère de trois enfants, dont le plus jeune à un an. "Pour le tout petit, la nourriture adaptée et les couches c'est très compliqué", raconte-t-elle, expliquant n'avoir que des boîtes de conserve car il n'y a plus aucun légume ou fruit frais disponible.

La mère de famille se restreint alors à un repas par jour. "Je garde le reste pour mes enfants car je sais qu'ils sont en pleine croissance et qu'ils en ont besoin (...). On essaie de rester fort", ajoute-t-elle.

Emmanuel Macron a annoncé la semaine dernière qu'un accord avec l'Égypte pour l'évacuation des ressortissants français actuellement bloqués dans la bande de Gaza, au nombre de 54, était en cours de consolidation.

Sonia Alashqar explique être "tous les jours en contact avec le consulat à Jérusalem" mais n'avoir pour l'heure eu aucune information concernant une ouverture de la frontière avec l'Égypte ou d'un potentiel rapatriement. "On attend avec impatience", conclut-elle.

Salomé Robles