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Palestine

"Je pensais que j'allais mourir": un ancien otage thaïlandais du Hamas raconte sa détention à Gaza

Des otages thaïlandais dans un bus quittant le centre médical Shamir, après avoir été libérés par le Hamas, à Ramla, en Israël, le 29 novembre 2023 (photo d'illustration)

Des otages thaïlandais dans un bus quittant le centre médical Shamir, après avoir été libérés par le Hamas, à Ramla, en Israël, le 29 novembre 2023 (photo d'illustration) - Oren ZIV / AFP

Âgé de 28 ans, Anucha Angkaew travaillait comme ouvrier agricole en Israël quand il a été capturé par le Hamas le 7 octobre. Il raconte avoir été battu et avoir passé 50 jours caché dans des lieux sous-terrains.

Des semaines d'horreur. Un ancien otage thaïlandais du Hamas, libéré après avoir été retenu pendant des semaines dans la bande de Gaza, raconte à l'agence de presse Reuters dans un témoignage paru ce jeudi 7 décembre, sa détention depuis les attaques du 7 octobre. Son témoignage donne un aperçu des conditions de vie des otages du groupe terroriste.

"Je pensais que j'allais mourir", confie Anucha Angkaew.

Âgé de 28 ans, cet ex ouvrier agricole thaïlandais a passé 50 jours en captivité, avant de quitter la bande de Gaza le 25 novembre. Environ 240 personnes ont été capturées le 7 octobre par le Hamas, plus de 100 ont été libérés depuis.

Pris en otage avec 5 autres ouvriers thaïlandais

Comme des dizaines de milliers de Thaïlandais en quête d'une vie meilleure, Anucha Angkaew travaillait en Israël comme ouvrier agricole, bénéficiant d'un salaire plus élevé que dans son pays d'origine.

Le 7 octobre au matin, il quitte brusquement du bunker dans lequel il s'était réfugié avec cinq autres ouvriers thaïlandais près de la bande de Gaza, alors que des frappes israéliennes avaient lieu à proximité.

Mais à la sortie, des hommes armés, qu'il identifie comme membres du Hamas en raison de la présence de drapeaux palestiniens sur leurs tenues, leur font face. "On a crié: 'Thaïlande, Thaïlande', mais ils n'en avaient rien à faire", se souvient-il.

Parmi les cinq hommes, deux sont abattus par les terroristes du Hamas, dont l'un sous les yeux d'Anucha Angkaew. Les autres sont emmenés de force dans la bande de Gaza.

Frappés, allongés à même le sol

L'ex ouvrier agricole raconte avoir d'abord été conduit dans une maison abandonnée, les mains attachées dans le dos, avant de rejoindre un lieu souterrain.

Commencent alors des semaines de captivité passées essentiellement dans deux petites pièces sous-terre, auxquels ils ne pouvaient accéder que par des tunnels. Le premier lieu est particulièrement exigu, mesurant environ 1,5m de haut pour 1,5m de large.

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Les otages dorment à même le sol sablonneux pendant plusieurs jours et ne se nourrissent que de morceaux de pain servis deux fois par jour et de deux bouteilles d'eau quotidiennes pour six personnes.

Dès le début, il dit avoir été frappé, lui et les autres otages, par leurs ravisseurs et assure que d'autres captifs, de nationalité israélienne, ont été fouettés avec des câbles électriques. Anucha Angkaew assure que des marques ornent encore son poignet, des semaines après sa libération.

"Je me sentais désespéré", confie-t-il, assurant que toutes les personnes retenues en captivité avaient interdiction de parler entre eux.

Jeu d'échecs et rêves de nourriture thaïlandaise

Après quelques jours, les otages sont déplacés dans une autre pièce, où leurs conditions de détention s'améliorent en partie. Ils ne sont plus battus et dorment désormais sur des bâches en plastique.

Pour passer le temps, les otages jouent aux échecs en dessinant un plateau de jeu sur un morceau de plastique et en utilisant des petits morceaux issus d'une boîte de dentifrice comme pièces.

Les hommes parlent de nourriture thaïlandaise, "une source d'espoir" pour eux, et de leurs proches. Ils comptent les jours en dessinant un trait sur le sol ou sur un bout de plastique, ignorant tout des combats en surface.

Soudainement, un jour, un garde vient les chercher et leur annonce: "Thaïlande, rentre chez toi". Les détenus marchent dans des tunnels pendant environ deux heures avant de retrouver l'air libre.

Près de onze heures plus tard, ils sont enfin remis à la Croix-Rouge, une libération."Je ne pensais pas que j'allais être libéré. C'était comme si je renaissais", lâche-t-il.

Juliette Desmonceaux