"On peut associer ça à des pogroms": deux rescapées de la Shoah témoignent après les attaques du Hamas en Israël

Arlette Testyler, victime de la rafle du Vel d'Hiv en 1942, a estimé jeudi sur BFMTV que les attaques menées par le Hamas en Israël pouvaient être "associées à des pogroms". Plus de huit décennies après le début de la Seconde Guerre mondiale, elle déplore aussi que l'antisémitisme soit "toujours présent".

Madeleine et Arlette Testyler, deux sœurs victimes de la rafle du Vel d'Hiv en 1942, témoignent ce jeudi 12 octobre sur BFMTV après les attaques terroristes du Hamas en Israël. Elles ont toutes deux été internées au camp de transit de Beaune-la-Rolande, avant d'être cachées par une famille d'artisans-savetiers en Touraine.

Face à ces attaques, qui ont fait 1.200 morts selon l'armée israélienne, "je ressens ce que mes parents et surtout mes grands-parents ont dû vivre, parce que ces assassinats, on peut associer ça à des pogroms", explique Arlette Testyler.

"Il faut pouvoir dire que c'est un véritable pogrom"

Le terme pogrom désigne des attaques violentes - meurtres, viols, pillages... - commises à l'encontre de juifs dans l'Empire russe.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, les Einsatzgruppen, des unités mobiles d'extermination de l'Allemagne nazie, avaient reçu l'ordre de "tolérer les pogroms et même d'encourager les populations des territoires soviétiques nouvellement conquis à les mener", explique le mémorial américain de la Shoah sur son site.

La comparaison a aussi été effectuée par la rabbin et écrivaine Delphine Horvilleur: "on est très nombreux à être atterrés par ce qui s'est passé. Depuis samedi, j'ai le sentiment que le sol s'est dérobé sous mes pieds", a-t-elle dit mardi à l'AFP. Il y a "quelque chose d'inimaginable, voire d'indicible" dans la violence des témoignages, mais "il faut pouvoir dire que c'est un véritable pogrom", a-t-elle ajouté.

Un antisémitisme "toujours présent"

Les attaques menées par le Hamas en Israël samedi n'ont "rien à voir avec une guerre", dit aussi Madeleine Testyler. "Une guerre, ce sont des armées, théoriquement, qui doivent combattre les unes contre les autres avec une certaine éthique", affirme-t-elle, dénonçant un "assassinat".

Plus de huit décennies après le début de la Seconde Guerre mondiale, Arlette Testyler déplore aussi que l'antisémitisme soit "toujours présent".

"Admettons qu'on signe la paix, la paix sera effective dans 20 ans, 25 ans, pour effacer cette haine", estime sa sœur, qui affirme que "c'est uniquement par l'éducation qu'on y arrivera".

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a qualifié mardi lors d'une allocution l'offensive du Hamas de "sauvagerie jamais vue depuis la Shoah", promettant que son pays allait "vaincre avec de la force, énormément de force". Il est estimé qu'entre 5 et 6 millions de juifs sont morts durant la Shoah, selon le site du mémorial français du génocide des Juifs par les Nazis.

Sophie Cazaux