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Israël et Palestine et leurs victoires à la Pyrrhus

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou a annoncé une nouvelle vague de colonisation.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou a annoncé une nouvelle vague de colonisation. - -

Conséquence de la stratégie de Benjamin Netanyahou à Gaza : la Palestine a obtenu son statut d’Etat observateur aux Nations unies. L’occasion pour le Premier ministre israélien d’annoncer une nouvelle vague de colonisation. Harold Hyman, spécialiste de géopolitique à BFMTV, nous livre son analyse.

Il nous aura prévenu. Benjamin Netanyahou, Premier ministre de transition pensait-on, mais qui cumule quelque six ans et plus à ce poste depuis 1996, nous aura prévenu : les Palestiniens doivent négocier à sa façon à lui, et ils auront leur État, démilitarisé, à eux, mais sans Jérusalem comme capitale.

À chaque minute où l'OLP hésitait à renouer une négociation avec lui, Israël continuait de grignoter des territoires cisjordaniens. Ce qui donnait à chaque fois moins envie aux dirigeants palestiniens de faire des compromis !

Le Likoud pour la paix et contre les socialistes

Netanyahou a prévenu qu'il allait continuer l'"expansion naturelle" des colonies si Mahmoud Abbas ne lui donnait aucune raison d'espérer une volonté de conclure. On dira de cet homme, très à droite, qu'il aurait voulu être le père d'une paix entre ennemis.

Une paix qui aurait montré à la société israélienne que le Likoud avait tout compris, que les politiciens de gauche étaient des bradeurs irréalistes. Qu'Oslo était une erreur... pire, un crime !

Des guerres sans grandeur

En venant en France se rabibocher avec un François Hollande le 31 octobre dernier, entouré de socialistes mécontents de l'approche likoudienne, Netanyahou pensait avoir écarté le grand problème qui l’attendait : la demande palestinienne du statut d'État. Les gouvernants français n'étaient pas enthousiastes quant à cette étatisation prématurée, et auraient pu s'abstenir à l'Assemblée générale des Nations unies. Netanyahou pensait-il avoir obtenu cela lors de sa visite en France ? Il pouvait l'espérer, non se l'assurer. Jusqu’ici, tout va bien.

Puis l'Iran poussa Gaza à la guerre, laquelle révéla un Netanyahou tout en retenue: la vérité crue veut que la riposte israélienne aux tirs combinés du Hamas et surtout du Djihad islamique (aligné étroitement sur le régime iranien) a été modérée, précise, peu mortifère comparée à Plomb Durci, guerre similaire en 2008 qui tua dix fois plus de Palestiniens. Mais tout Israël a tremblé devant les missiles iraniens Fajr lancés depuis Gaza. Qui a gagné ?

La retenue de Netanyahou eut un effet bizarre: le Hamas décida de soutenir la démarche du grand gagnant de cet automne, son quasi-ennemi Mahmoud Abbas! Le président palestinien obtint le statut d'État au nez et à la barbe d'Israël, des États-Unis, de l'Iran, du Hamas ! Évidemment, les Palestiniens se réveilleront vite avec une gueule de bois. Leur État est bien faible, et ils devront se battre sur le plan juridique et terroriste à la fois, ce qui est un mauvais mélange que le pacifisme latent d'Abbas ne saura entièrement corriger.

Le colonisateur par nature devient colonisateur par dépit

Netanyahou, pour exister dignement, a donc fait du succès palestinien l'occasion d'annoncer la colonisation de la parcelle quasi-vide E1, une douzaine de km2 qui souderont Maale Adumim à la municipalité de Jerusalem, coupant quasiment la Cisjordanie en deux. Juridiquement, c'est la planification qui est lancée, les maisons ne vont pas être érigées en quelques semaines (on parle de sept ans de procédures, côté israélien). Mais il avait prévenu le monde qu'E1 serait constructible un jour.

À l'État semi-impotent d'Abbas, les 3.000 logements futurs - hypothétiques - de Netanyahou. Un "15 partout" angoissant, dans la destinée des Palestiniens et des Israéliens condamnés à se battre sans grandeur.

Harold Hyman et spécialiste en géopolitique