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Iran

Nucléaire iranien: un accord a été trouvé entre les négociateurs

Le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, et son homologue français, Laurent Fabius, se congratulent après l'accord.

Le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, et son homologue français, Laurent Fabius, se congratulent après l'accord. - -

Après quatre jours de négociations épuisantes, les diplomates des grandes puissances venus discuter du nucléaire iranien sont parvenus à trouver un accord dimanche, à l'aube. Retour sur ces cinq jours marathon.

Deux heures du matin dans un cinq étoiles de Genève. A l'étage, les négociateurs parlementent, à quelques mètres d'un bar karaoké et d'une salle de réception. Tout à coup, la rumeur enfle, se confirme: un deal a été trouvé sur le nucléaire iranien. Cinq jours de négociations marathon, d'informations démenties à peine annoncées, d'alternance d'optimisme et de pessimisme, pour arriver, dimanche, à un accord historique entre les grandes puissances et l'Iran sur le programme nucléaire iranien, mettant un coup d'arrêt à "la course à l'armement".

"L'Iran a accepté de suspendre l'enrichissement d'uranium au-delà de 5%, et de dégrader ou de convertir son stock d'uranium enrichi à 20 %", a détaillé le secrétaire d'État américain John Kerry. Cela rendra ""le monde, Israël et nos partenaires dans la région plus sûrs", s'est félicité le chef de la diplomatie. Retour sur le film de ces négociations.

Mercredi, lorsque les négociations commencent, tout annonce que ce sera difficile. Les discussions s'ouvrent en effet sous la pression de déclarations publiques particulièrement fortes. Le guide suprême iranien Ali Khamenei ouvre le bal en fixant ses "lignes rouges" et en lançant une diatribe contre Israël. Le président français François Hollande lui répond de ne pas faire de provocations. A Washington, le secrétaire d'Etat américain John Kerry explique qu'il ne veut pas d'un accord qui permettra à Téhéran de gagner du temps.

"Lady Ashton", négociatrice hors pair

Mais il y a les prises de position publiques et les discussions à huis clos. Un négociateur européen assure que les échanges d'amabilités entre capitales n'interfèrent pas dans les débats. "C'est dur, c'est sans concession, mais on est entré dans un processus de normalisation de la négociation", se félicite, presque étonné, un diplomate occidental habitué à traiter le dossier depuis des années.

Côté iranien comme côté P5+1 (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Russie, Chine et Allemagne), les négociateurs ne tarissent pas d'éloges sur "Lady Ashton", ou "Cathy", comme l'appellent les uns et les autres. Catherine Ashton, la diplomate en chef de l'UE mandatée par les grandes puissances pour traiter avec le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, fait l'unanimité. Les Iraniens, échaudés par le précédent round de négociations et l'attitude de la France, qu'ils accusent d'avoir fait capoter un accord, "retrouvent la confiance perdue" avec elle. Les Occidentaux saluent sa ténacité et son talent pour naviguer entre les Iraniens et les membres du P5+1, unis en façade mais souvent dissonants, sinon sur le fond, au moins sur la forme.

Comme le montre l'arrivée inattendue du chef de la diplomatie russe Serguei Lavrov, qui s'invite sans prévenir le vendredi, alors que rien n'indique à ce moment-là que les ministres des grandes puissances vont venir. A-t-il été invité ? "Catherine Ashton est toujours contente de voir Serguei Lavrov", élude avec tact le porte-parole de la diplomatie européenne Michael Mann. Est-il venu pour l'Iran ou pour la Syrie, qui doit faire le lundi l'objet d'une réunion entre Russes, Américains et ONU? "Il est venu prioritairement pour l'Iran. Mais nous n'avons pas d'agenda concret", répond avec naturel sa porte-parole Maria Zakharova, dont le franc-parler et les manières directes tranchent avec le mutisme compassé de rigueur dans ce genre de conférence.

Les ministres finalement tous au rendez-vous

Il n'empêche. La venue du Russe aura peut-être précipité l'arrivée des autres. Vendredi soir, John Kerry, après 36 heures de tergiversations, annonce son arrivée le lendemain à Genève. Une heure et demie plus tard, le Français Laurent Fabius et le Britannique William Hague lui emboîtent le pas. Dans la nuit, l'Allemand Guido Westerwelle et le Chinois Wang Yi annonceront également leur venue.

"Si les ministres viennent, ce sera pour signer", assurait un diplomate français au premier soir des négociations. Les ministres sont venus... mais il aura fallu 16 heures de discussions, de rencontres bilatérales et de conciliabules pour arracher un accord.

Dimanche à l'aube, au Palais des Nations Unies de Genève, les ministres des 5+1 se sont chaleureusement congratulés avec Mohammad Javad Zarif, le chef de la diplomatie iranienne. A 4h30 du matin, il a fait son entrée dans la salle de presse sous les applaudissements des journalistes de son pays.

A. G. avec AFP