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Irak

Crise en Irak: John Kerry en visite à Bagdad

John Kerry, le 16 juin 2014.

John Kerry, le 16 juin 2014. - -

La visite du secrétaire d'Etat américain intervient alors que les les jihadistes de l'Etat islamique d'Irak et du Levant ne cessent d'engranger de nouvelles conquêtes.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry est arrivé lundi 23 juin à Bagdad pour des consultations sur la crise irakienne au moment où les insurgés sunnites consolident leur présence dans l'ouest du pays, frontalier de la Syrie et de la Jordanie.

La visite du responsable américain intervient alors que les insurgés ne cessent d'engranger de nouvelles conquêtes et se sont emparés au cours du week-end de trois villes de la province d'Al-Anbar.

Cette province stratégique est frontalière notamment avec la Syrie, où les jihadistes de l'Etat islamique d'Irak et du Levant (EIIL), qui mènent l'offensive en Irak et dont l'objectif est de créer un Etat à cheval sur des territoires entre la Syrie et l'Irak, sont déjà fortement implantés.

John Kerry effectue une mission diplomatique qui l'a mené dimanche en Egypte et en Jordanie, avant Bruxelles et Paris. Sa tournée porte principalement sur les efforts visant à convaincre le Premier ministre chiite, Nouri al-Maliki, de former rapidement un gouvernement d'union nationale. Les entretiens entre les deux responsables ont commencé en fin de matinée.

Les Etats-Unis "pas responsables" de la situation en Irak

Au Caire, le chef de la diplomatie américaine a lancé un appel aux dirigeants irakiens pour qu'ils dépassent les divisions confessionnelles et a assuré que son pays -qui a rapatrié ses troupes fin 2011 après 8 ans d'occupation- n'était "pas responsable" de la situation actuelle dans le pays et ne cherchait pas à "choisir" un leader pour l'Irak.

Selon lui, les minorités kurde et arabe sunnite et certains parmi la communauté chiite, dont est issu Nouri al-Maliki, ont exprimé leur désaveu de la gestion du gouvernement.

Nouri al-Maliki, Premier ministre depuis 2006, est accusé par ses opposants de l'intérieur et de plus en plus par l'allié américain, d'avoir alimenté par sa politique "confessionnelle" l'offensive d'insurgés sunnites qui ont rapidement progressé face à la débandade de l'armée et des forces de sécurité, dont il est le chef suprême.

Les divisions empêchent la formation d'un cabinet

Depuis le 9 juin, les jihadistes de l'EIIL qui combattent aussi le régime de Bachar al-Assad en Syrie ont mis la main sur Mossoul, deuxième ville d'Irak, une grande partie de sa province Ninive (nord), de Tikrit et d'autres secteurs des provinces de Salaheddine (nord), Diyala (est) et Kirkouk (nord), et tiennent désormais quatre villes d'Al-Anbar, Fallouja, Al-Qaïm, Rawa et Aana ainsi que partiellement celle de Ramadi.

L'Irak n'a toujours pas de cabinet après les législatives d'avril dernier. Le bloc de Nouri al-Maliki est arrivé en tête de ce scrutin, mais ne parvient pas à former un gouvernement tant les divisions sont profondes.

Jeudi, le président Barack Obama a clairement signifié que seule une direction non confessionnelle pourrait sortir l'Irak de son épreuve actuelle, dans ce qui constitue une autre remontrance contre Nouri al-Maliki.

Le président américain a toutefois annoncé l'envoi de conseillers militaires pour aider l'armée irakienne à faire face à la vaste offensive des insurgés, mais a exclu dans l'immédiat des frappes aériennes.

"La population locale finira par rejeter les extrémistes"

Dans une interview dimanche, Barack Obama a mis en garde contre les dangers que représentait l'offensive des insurgés sunnites en Irak pour la stabilité de la région toute entière.

"D'une manière générale, nous devons rester vigilants. Le problème actuel est le fait que (les combattants) d'EIIL déstabilisent le pays (l'Irak), mais ils peuvent aussi bien déborder sur des pays alliés comme la Jordanie", a déclaré le président américain. Selon lui, la "population locale irakienne finira par rejeter les extrémistes sunnites "à cause de leur violence et de leur extrémisme".

"Nous avons vu cela de nombreuses fois. Comme par exemple dans la province occidentale d'Al-Anbar durant la guerre en Irak où des tribus sunnites se sont soudainement soulevées contre eux à cause de leur idéologie extrémiste", a dit Barack Obama.

La Jordanie, également frontalière avec Al-Anbar, accueille quelque 600.000 réfugiés syriens sur son territoire, et est confrontée depuis longtemps à des questions de sécurité liées à ses propres jihadistes.

John Kerry est attendu ultérieurement en Belgique et en France.

V.R. avec AFP