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Moyen-Orient

Des célébrations de Noël assombries par les violences au Moyen-Orient

Pour les chrétiens déplacés d'Irak, ce Noël 2014 s'avère particulièrement compliqué.

Pour les chrétiens déplacés d'Irak, ce Noël 2014 s'avère particulièrement compliqué. - Safin Hamed - AFP

Partout dans le monde, Noël est célébré mercredi soir et jeudi. Mais les célébrations de cette fin d'année sont assombries par les violences qui on touché, et qui marquent encore actuellement, le Moyen-Orient. BFMTV s'est notamment rendu à Erbil, en Irak.

Le pape François a entamé, ce mercredi soir, dans la basilique Saint-Pierre la célébration très solennelle de la messe commémorant la naissance du Christ, alors que, de Bethléem à Bagdad les chrétiens d'Orient fêtent Noël au milieu des violences.

Après être entré dans la basilique précédé par les cardinaux au son traditionnel de la "Kalenda", un chant grégorien annonçant la nativité de Jésus, le pape, âgé de 78 ans, a enlevé un drap qui voilait une statuette de l'enfant Jésus qu'avait porté deux enfants, un Syrien et un Libanais, et l'a encensée.

Des pèlerins bien moins présents que d'habitude

Au même moment, à Bethléem, les cloches ont carillonné peu avant que le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Fouad Twal, la plus haute autorité catholique romaine en Terre sainte, commence à présider la grand-messe de Noël en l'église catholique Sainte-Catherine, contiguë à la Basilique de la Nativité.

Dans cette ville, lieu de naissance du Christ selon la tradition, les pèlerins étrangers se faisaient très rares mercredi, le climat de tensions exacerbées depuis des mois ayant fait fuir les touristes.

Sur la place, bien moins remplie que les années précédentes, les pèlerins étrangers se faisaient très rares. Au milieu trônait un gigantesque sapin décoré aux couleurs du drapeau palestinien - noir, blanc, rouge et vert - tandis que des Pères Noël distribuaient des chocolats à la foule.

Mais les festivités étaient ternies par de nouvelles violences dans l'enclave de Gaza, ravagée durant l'été par un conflit ayant fait près de 2.200 morts côté palestinien et 73 côté israélien.

L'aviation israélienne y a mené un raid, tuant un activiste du mouvement Hamas, après des tirs palestiniens contre une de ses patrouilles.

"Je suis proche de vous"

Le climat de tensions exacerbées depuis des mois a fait fuir les pèlerins étrangers, selon les professionnels du tourisme à Bethléem, localité située à une dizaine de kilomètres au sud de Jérusalem. Seuls quelques cars circulaient mercredi dans les rues de la ville palestinienne.

A Rome, l'affluence devrait être bien plus importante pour la messe dite de "minuit" célébrée par le pape François en la basilique Saint-Pierre.

Le chef de l'Église catholique a téléphoné ce mercredi à des réfugiés irakiens au Kurdistan. "Chers frères, je suis proche de vous, très proche de tout mon coeur. Dieu vous donne les caresses de sa tendresse", leur a-t-il dit.

Un Noël particulièrement dur pour les chrétiens déplacés d'Irak

Ce Noël est particulièrement difficile pour les 150.000 chrétiens déplacés d'Irak, qui "vivent une situation tragique et à qui aucune solution rapide n'est proposée", a déclaré le patriarche chaldéen Louis Sako à Bagdad.

"Tout particulièrement en cette période de Noël, ils ont besoin de signes qui les rassurent. Il faut leur dire qu'ils ne sont pas abandonnés et oubliés", a-t-il ajouté.

La veille, le pape avait exprimé sa vive inquiétude face au sort des chrétiens au Moyen-Orient, ravagé par des conflits de plus en plus sanglants, notamment en Irak et en Syrie où des jihadistes multiplient les exactions, s'en prenant notamment aux minorités religieuses.

Dans une longue lettre adressée aux chrétiens d'Orient, François les a exhortés à la "persévérance" et au dialogue inter-religieux en dépit des difficultés. Dans une allusion claire au groupe jihadiste Etat islamique (EI), il a exprimé son inquiétude devant une "organisation terroriste, d'une dimension autrefois inimaginable, qui commet toutes sortes d'abus". Elle "frappe de manière particulière certains d'entre vous chassés de façon brutale de leurs propres terres, où les chrétiens sont présents depuis les temps apostoliques", a déploré François, en évoquant aussi le drame d'autres communautés pourchassées comme les Yazidis.

Un contexte particulier en France

Chez nous, en France, Noël est célébré dans un climat de sécurité renforcée après trois attaques, dont une liée à l'islamisme radical, ayant fait un mort et 25 blessés.

Le président iranien Hassan Rohani a souhaité un joyeux Noël au pape et aux autres dirigeants du monde, appelant à une coopération pour "répandre la paix, la sécurité et le bien-être sur le monde". A Cuba, les célébrations de Noël, longtemps interdites par le régime, se dérouleront dans une atmosphère égayée par un cadeau anticipé: le rapprochement avec les Etats-Unis.

En revanche, il n'y aura pas de rassemblements publics festifs en Sierra Leone à cause de l'épidémie d'Ebola. "Les chrétiens qui se rendront à l'église pour la messe de Noël (...) devront rentrer chez eux dès la fin de l'office et poursuivre les célébrations en famille", a ordonné le président Ernest Bai Koroma.

Redoutant des attaques du groupe islamiste Boko Haram pendant les fêtes de Noël, deux Etats du nord-est du Nigeria ont par ailleurs imposé de sévères restrictions à la circulation des véhicules jusqu'à dimanche matin.

Jé. M. avec AFP