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Migrants clandestins: les cargos, "business" mortifère des passeurs

Un cliché pris par des gardes-côtes montre le cargo Ezadeen, qui dérivait avec près de 450 migrants clandestins à bord.

Un cliché pris par des gardes-côtes montre le cargo Ezadeen, qui dérivait avec près de 450 migrants clandestins à bord. - Icelandic Coast Guard - AFP

De plus en plus de passeurs affrètent des cargos pour transporter un maximum de migrants, qu'ils abandonnent ensuite en pleine traversée, comptant sur les autorités européennes pour les sauver.

Ces derniers jours, la marine italienne a récupéré deux cargos à la dérive sur leurs eaux, peu avant qu'ils ne se fracassent sur les rochers du littoral. A leur bord se trouvaient des centaines de migrants frigorifiés, hommes, femmes et enfants qui fuyaient notamment le conflit en Syrie. Ils avaient été abandonnés par les équipages du bateau et les passeurs, à l'origine de ces voyages mortifères. 

Un périple vers l'Europe qui coûterait aux migrants près de 2.000 dollars (1.700 euros), selon l'Organisation international des migrations, et jusqu'à 7.000 dollars (5.800 euros) selon les témoignages de rescapés. Un business très lucratif pour les trafiquants qui exploitent ce type de cargos. Des bateaux toujours plus gros, pour réaliser des économies d'échelle sur des vies humaines.

Des migrants issus de classe moyenne

"Pour affréter le bateau et transporter autant de personnes, cela suppose derrière une organisation très grande et très structurée, avec probablement beaucoup de complicités parmi les douaniers, les personnels du port et les policiers", décrypte sur BFMTV Catherine Wihtol de Wenden, spécialiste des migrations internationales.

Les migrants qui traversent ainsi la Méditerranée et se font exploiter par les passeurs sont souvent issus des classes moyennes, selon la spécialiste. "Les plus pauvres restent chez eux ou vont dans le pays d'à côté. Ceux qui traversent sont ceux qui ont réussi à accumuler suffisamment d'argent pour envisager un autre mode de vie que les situations de crise ou de guerre dans lesquelles ils sont", explique-t-elle.

En Syrie, un pays déchiré par la guerre civile, des villes entières sont actuellement évacuées par des passeurs. Ils encaissent de fortes sommes d'argent, embarquent avec les migrants, puis abandonnent le navire en pleine traversée, forçant ainsi les Etats européens à prendre en charge les clandestins, quand ceux-ci sont repérés à temps par les autorités. Malheureusement, ces traversées, qui se déroulent dans des conditions intenables, sans eau ni nourriture, se finissent parfois dans un bain de sang: l'an dernier, quelque 3.000 d'entre eux ont péri.

A. G. avec M. Chalais